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Le mercredi 25/05/16 - Cayenne
Café philo

Café philo
Transparence et secret
de 18h30 à 20h30
au Bar des Palmistes
animé par Boris Debot
professeur de philosophie
au lycée Félix Éboué

Dans les relations qu’entretiennent les hommes entre eux, la transparence est pensée comme une vertu, elle est synonyme de sincérité. Elle s’oppose à la dissimulation (cachotteries, mensonge par omission, secret), et à la simulation (tromperie, mensonge, faux-semblant, masque, déguisement). Si la vertu de transparence est
attendue entre amis (« pas de secret entre nous »), elle est aussi le devoir qui s’impose à tout homme de manifester à quiconque ce qu’il tient lui-même pour vrai. Pourtant, dans nos relations sociales quotidiennes, chacun ne s’occupe-t-il pas plus de ce qu’il paraît être aux yeux des des autres, plutôt que de ce qu’il est réellement ? Or, à force de tisser un voile opaque et trompeur entre lui et les autres, l’homme civilisé ne s’est-il pas déshabitué à être transparent à lui-même ? Quelle place alors pour l’authenticité ? La transparence, métaphore de la vérité, ne s’oppose-t-elle pas à l’apparence comme on oppose l’être au paraître ?

Nous attribuons à un discours la vertu de transparence lorsqu’il fait clairement comprendre ce qu’il dit, sans équivoque ni ambiguïté, et nous parlons de la transparence d’une personne lorsqu’elle ne dissimule pas ses sentiments ou ses pensées derrière de fausses apparences. Mais la transparence comme principe de véracité dans les relations humaines est-elle réellement possible ? Et souhaitable ? Si tout le monde réprouve le mensonge et la cachoterie, chacun ne réclame-t-il pas simultanément d’autrui le respect de son intimité et des secrets de son fort intérieur ? Nous attendons d’un dirigeant politique qu’il fasse preuve de transparence, pourtant nous savons bien que la pratique du secret d’État en politique, pour les affaires militaires notamment, est inévitable et nécessaire. Et nous sommes tous d’accord pour dire qu’au sujet de son intimité et de sa vie privée, tout citoyen a droit au secret, c’est-à-dire à ne pas être transparent aux autres ni aux différents appareils de l’administration publique, afin de ne pas tomber dans une forme de totalitarisme. La liberté démocratique ne requiert-elle donc pas autant le droit à l’opacité que le devoir de transparence ?