Il n’est pas besoin de rappeler ni de préciser la haute valeur symbolique que revêt cette date du 10 juin pour nous autres, habitants de Guyane.
Rétabli sous Bonaparte par la loi du 27 floréal an X (17 mai 1802), l’esclavage fut, en réalité, définitivement aboli par le décret relatif à l’abolition de l’esclavage dans les colonies du 27 avril 1848 (le décret provisoire du 4 mars 1848, créant la commission d’abolition de l’esclavage,
précisant alors que « nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves »).
Mais c’est la promulgation de ce décret en Guyane par le Gouverneur Pariset, ce 10 juin 1848, qui cristallisa chez nous - et cette fois de façon définitive - les luttes qui avaient été menées pour sa suppression, tant par les esclaves eux-mêmes que par des humanistes tels que Victor Schoelcher ; et qui marqua, dans le même temps, le début d’une ère nouvelle pour notre territoire, qui se trouva alors face à l’incommensurable défi de construction d’une société nouvelle, métisse, née de la nécessité pour des hommes et des femmes issus d’horizons extrêmement disparates de se rassembler pour s’inventer un destin commun.
L’abolition de l’esclavage de 1848 permit à la France de tourner une page peu glorieuse de son histoire, au cours de laquelle un nombre incalculable d’hommes et de femmes, Africains, mais aussi des Amérindiens, se sont vus, durant plus de deux siècles, nier leur condition d’êtres humains. Il nous faut cependant rester vigilant face à toutes les formes modernes d’exploitation de l’homme par l’homme qui perdurent. C’est ainsi que me reviennent en mémoire ces mots prononcés par Aimé Césaire lors d’une allocution à l’Assemblée Nationale : « le combat, le séculaire combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité, n’est jamais entièrement gagné, et c’est tous les jours qu’il vaut la peine d’être livré ».
A travers la Journée de la Liberté du 10 juin 2012, durant laquelle seront mises à l’honneur les luttes et les résistances qui, aujourd’hui plus que jamais, marquent nos pratiques culturelles, je souhaite que tous, parents comme enfants, s’approprient ce passé commun à nos trois grandes communautés (créole, bushinengué et amérindienne), non pas avec rancoeur ou amertume, mais plutôt avec un esprit d’ouverture et de partage.
Rodolphe Alexandre
(historien et président de la Région Guyane)
Extrait du "Mot du président de la Région Guyane", en introduction à la Journée de la liberté organisée par la Région.
passer une petite annonce
passer une annonce de covoiturage
passer une annonce d’emploi
associations, postez vos actualités
participez au courrier des lecteurs
Lancements 2022
Vol 259 Ariane 5