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Jodla 12/08/11
Rochambeau/Félix Eboué : cause toujours...

« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, Polissez-le sans cesse, et le repolissez, Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. » Qui dit mieux que cette devise de Boileau les multiples manoeuvres autour de l'appellation de notre aéroport ? Après que, pour les besoins de la polémique, Rochambeau soit devenu un esclavagiste notoire, est venu le temps du grand Félix Eboué puis de l'improbable Sépélu. Désormais, la Région officialise le changement du nom de l'aéroport de la Guyane, mais nous dit bien (infos citoyennes) qu'elle ne tiendra pas compte du sondage qu'elle a elle-même mis en place sur son site si par malheur les internautes décidaient de garder le nom de Rochambeau. C'est beau comme la démocratie ! Mais à quoi sert ce sondage, si ce n'est à décourager tout en douceur les partisans de Sépélu ?

Juin 2010 : le conseil municipal de Cayenne a opté pour l'aéroport Félix Eboué.
Jodla du 08/04/2010 : Félix Eboué ou Cépérou : deux noms pour un aéroport qui en a déjà un.
Janvier 2010 : chronique sur blada : Vous avez dit Félix Eboué, par Yvan Chérica.

L'immense Félix Eboué, que l'on tente ici d'honorer, mérite à plus d'un titre notre attention. Tout récemment, France-Inter lui a consacré une émission passionnante « Portrait de Félix Eboué, avec Barcha Bauer* » (à réécouter en ligne). On y entend un témoignage sonore très émouvant de Félix Eboué rendant hommage au général De Gaulle.

Mais l'histoire est ici, comme souvent, le reflet d'une douleur qui n'en finit plus : Félix Eboué, qui est mort en mai 1944, donc avant la libération de Paris (août 44), aura évité l'affront suprême, toujours passé sous silence, révélé en 2009 par la BBC, selon le site AfricaMaat : « Le Général de Gaulle souhaitait que la Libération de Paris en août 1944 soit le fait de soldats français. Les alliés accèdent à sa demande en lui concoctant une Deuxième Division Blindée 100% blanche, alors qu’à l’époque deux tiers des troupes françaises sont composées de soldats originaires des colonies, notamment d’Afrique. »

Comme René Ladouceur, dans sa chronique parue sur blada en juin 2009 (L'Autre Félix Eboué), nous dirons : « Méfions-nous des manuels, des statues, des lycées et des boulevards. Les grands hommes s’y affadissent. Ainsi de Félix Eboué. »

* Barcha Bauer est, entre autres, l'auteur d'un film de 52 minutes : Félix Eboué, le visionnaire, en ligne sur Dailymotion.