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Jodla 05/04/11
Une version guyanaise (?) d'un débat douteux

Derrière les affrontements qui ont eu lieu ces dernières semaines autour des autorités coutumières de Kourou et d'Awala Yalimapo, faut-il voir autre chose que ce que nous montrent les arguments des uns et des autres ? La question mérite d'être posée, et nous l'avons déjà abordée sur la pointe des pieds (jodla du 28/03). Rappelons que toute cette agitation a commencé après les accords pris entre la Région et Jean-Aubéric Charles, chef coutumier Kali'na de Kourou, et Michel Thérèse, chef coutumier Kali'na d'Awala-Yalimapo, pour les manifestations au jardin d'acclimatation dans le cadre de l'année des outre-mers (blog de FXG).

L'offensive contre ces deux chefs coutumiers a été principalement menée par l'ONAG, présidée par Florencine Edouard qui a reçu le soutien de Christiane Taubira, notamment sur le sujet des suicides en pays amérindien. A Kourou, l'affrontement s'est soldé par l'élection d'un nouveau chef coutumier, Roger François, adjoint au maire Jean-Etienne Antoinette. A Awala, une pétition circule encore (Okamag).

Une invitation faite à tous les chefs coutumiers de Guyane pour le 7 avril par Rodolphe Alexandre semble vouloir confirmer que les autorités coutumières sont cette fois officiellement instrumentalisées*. Pour une fois qu'ils avaient réussi à susciter l'intérêt des médias à travers des conflits à répétition, les chefs coutumiers vont devoir mantenant se livrer à un exercice bien difficile, compte tenu de la fragilité - ou de l'absurdité - de leur statut (ils sont reconnus par l'Etat sans qu'on sache sur quels critères, et indemnisés par le Conseil général), et d'autant que nombre d'entre eux ne représentent plus qu'eux-mêmes et leur famille.

L'invitation lancée par la Région se veut être « avant tout un espace de rencontre et d’échanges », et « une présentation du fonctionnement de l’institution régionale ». Plus étonnant, cette réunion entend aussi renseigner les chefs coutumiers « sur la manière dont l’exécutif régional conçoit l’articulation entre les traditions ancestrales et la législation nationale, notamment dans la perspective de la mise en place de la Collectivité unique.»
Un discours qui rappelle furieusement un certain débat tapageur sur la laïcité, aujourd'hui, de l'autre côté de l'océan (Le Monde, Rue89).

* Autrefois, les gouverneurs invitaient régulièrement les capitaines à Cayenne, une "tradition" qui a continué jusqu'au préfet Vignon.