Un procès, ça peut faire beaucoup de mousse pendant très longtemps, comme celui de Jacques Chirac qui n'aura peut-être jamais lieu (Le Monde, Canal+), ou aucun bruit comme ce verdict du 16 février dernier publié sur le site de ces Chercheurs sans frontières qui revendiquent une vraie place pour la recherche. Plus médiatisé, le verdict de la cour de cassation du 2 février (Arrêt sur images) blanchissait le journaliste Denis Robert poursuivi pour diffamation par Clearstream, la cour ayant estimé que « l'intérêt général du sujet traité et le sérieux constaté de l'enquête, conduite par un journaliste d'investigation, autorisaient les propos et les imputations litigieux ». Après de longues années de harcèlements procéduriers pour avoir osé faire... son métier (Le Nouvel Obs, Les Inrocks), Denis Robert a vu dans ce verdict une « victoire du journalisme », « une décision qui va faire jurisprudence, car la Cour a reconnu que j'ai mené de bonne foi mon enquête qui couvre un sujet d'intérêt général dans le milieu opaque de la finance » (Actua Litté). Et dans Le Monde du 2 mars, il affirme en conclusion : « J'aimerais que des journalistes et des politiques s'emparent de ces sujets. Après dix ans de pression et de censure, la Cour de cassation ouvre un nouveau temps. Celui de l'action.»
Liberté d'expression contre diffamation
Dans une excellente émission de France-Inter dimanche 6 mars, « Fictions-réalités, et la cyberguerre », à réécouter en ligne (avec le player de Real), Denis Robert rappelait que « tout était démontré dans son enquête », et il évoquait le « déplacement des enjeux », le « rapport à la vérité », des « problèmes de diffamation qui n'existent plus », et... « l'environnement judiciaire qui ne permet pas de dire la vérité ».
Toutes proportions gardées, nous avons en Guyane un mini-scénario qui présente des éléments étrangement similaires : Lorsque Frédéric Farine ose informer les lecteurs de La Semaine Guyanaise de graves errements dans l'utilisation des deniers publics, distribués et utilisés selon des critères qui échappent à l'entendement et qui pénalisent lourdement la collectivité, ce n'est pas à Joëlle Prévot-Madère que l'on demande des comptes, ni aux gestionnaires de la défunte Sofideg de sinistre mémoire, ni au Conseil Général qui a remboursé sans sourciller, mais c'est à celui qui a rendu publiques ces informations utiles et nécessaires à l'exercice de la démocratie. A ce dernier seulement on demande de rendre des comptes, jusqu'à l'attaquer en diffamation. Le déplacement des enjeux dont parle Denis Robert est ici patent, et France-Guyane a plongé à deux mains dedans, en omettant de citer, dans un article du 15 janvier consacré au procès pour diffamation intenté par Joëlle Prévot-Madère à La Semaine Guyanaise, les éléments accablants du dossier d'enquête de Frédéric Farine, les nombreuses preuves qui étayent ce dossier, les sommes en jeu, l'argent du contribuable dilapidé, l'oligarchie arrogante proche du népotisme, et l'intérêt évident pour le débat démocratique de mettre fin à la mascarade.
Procès en diffamation Joëlle Prévot-Madère / La Semaine Guyanaise : délibéré le 10 mars.
A lire aussi :
27/11/10 : Sofideg : La Semaine Guyanaise sort un cadavre du placard
11/03/10 : Du bouillon d'awara de la politique dans La Semaine Guyanaise
02/10/10 : Tir groupé sur La Semaine Guyanaise
08/12/09 : Communication, politique et grosses ficelles
23/10/09 : Agiter le peuple avant de s'en servir
10/12/08 : Sortie de crise à Bollywood
passer une petite annonce
passer une annonce de covoiturage
passer une annonce d’emploi
associations, postez vos actualités
participez au courrier des lecteurs
Lancements 2022
Vol 259 Ariane 5