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Jodla 18/03/10
Dans la Semaine Guyanaise : le dernier round des Régionales

Ce dernier numéro de la Semaine Guyanaise avant le vote du deuxième tour des Régionales ne pouvait que consacrer l'essentiel de ses pages aux deux candidats en présence, interrogés par le dérangeant Frédéric Farine. Et si Rodolphe Alexandre s'est tout simplement défilé, ne croyant pas devoir répondre aux questions pressantes du journaliste sur des salaires indûment perçus - et qu'il affirme avoir remboursés sans en apporter la moindre preuve (chiffrés selon Farine à 712 000 francs), Christiane Taubira cette fois se prête volontiers à l'interview, persuadée qu'elle est de n'avoir rien à perdre : « Mais oui, confie-t-elle à FF, tous les gens que vous avez mis en première page, proportionnellement, ce sont eux qui ont fait les meilleurs scores. Donc vous ne faites pas l'opinion publique, au contraire. »

Mais c'est un tout petit Docteur Jekyll et un gros Mister Hyde que la dame nous donne à voir, et lorsque sont abordées les problématiques les plus douloureuses, comme celles de l'orpaillage, et plus précisément celle de l'absence de loi de garantie en Guyane "oubliée" dans son rapport sur l'or*, c'est un monstre froid qui répond :

« Cela ne m’avait pas été signalé. J’avais pourtant une conseillère du Conseil d’État, mais ça, à aucun moment, on n’est tombé dessus. (...) Alors, oui ce texte m'a échappé et je n'ai pas honte de ça. »

Voilà comment se trouve liquidée, sans autre forme de procès, « la principale raison des extraordinaires débordements qui se sont produits en Guyane et que l’on ne rencontre même pas dans des pays pauvres aux administrations squelettiques** ».

Mais le pire est encore à venir : A Frédéric Farine qui lui demande l'objet de sa visite à Maripasoula en 2009 à la coopérative Graine d'or (coopérative initiée par Jean Béna, mais qui pudiquement n'est pas nommé dans l'entretien), c'est avec une débauche de « je*** » que répond notre Christiane, se décrivant comme une héroïne face aux orpailleurs en colère, et allant jusqu'à évoquer l'orpaillage sur la Waki sans jamais avoir un seul mot de compassion, ni même un seul mot tout court, pour les populations martyrisées et empoisonnées depuis des années et des années, oubliant même - et c'est un comble ! - de condamner l'action coupable d'un préfet, Dominique Vian, qui a permis aux orpailleurs de s'installer durablement en pays amérindien****.

Ecologistes et défenseurs des droits de l'homme apprécieront.

Et comment ne pas s'interroger sur le goût détestable du chapeau de Mister Hyde que certains ont dû manger lors des deux jours de tractations pour finaliser la liste de deuxième tour de Christiane Taubira, lorsque l'on apprend que ces tractations ont été menées « sous la houlette de Jean-Etienne Antoinette (Walwari), Jean-Victor Castor (MDES) ou Armand Achille responsable d'un syndicat d'orpailleurs***** ».

Blada

* Rapport de 131 pages, L'or en Guyane, commandé par Lionel Jospin à Christiane Taubira en 2000, et qui a fait référence pendant de nombreuses années... avant que cette carence ne soit mise à jour. Pourtant, Christiane Taubira dit encore aujourd'hui de son rapport : « C'est un rapport de grande qualité, on n'a rien inventé depuis. »

** Extrait de La Semaine Guyanaise n° 1352 du 18 novembre 2009 : « L’affaire des comptoirs d’or : entretien exclusif avec le PDG de la SAAMP », par Frédéric Farine.

*** « Je » : Nous en avons compté 192 dans l'entretien (comptage rapide, il peut y avoir quelques oublis...).

**** Sans aucun soutien politique, les Wayana sont allés ces jours-ci déposer une plainte auprès du Haut-commissariat pour les Droits Humains des Nations Unies (jodla du 16/03/10).

***** Cf. Frédéric Farine : Rodolphe Alexandre, largement en tête, déconfiture pour le PSG et les FDG, dans La Semaine Guyane 1369 du 17 mars 2010, dont il est question ici.

Sur les conséquences de l'orpaillage sur les populations : A écouter en ligne, Jean-Pierre Havard (Solidarité Guyane), invité de l'émission de RFI, « C'est pas du vent » du 27 octobre 2009.

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