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Jodla 10/02/10
Quand passe la grande parade du carnaval de la politique...

Au lendemain d'une si magnifique Parade du Littoral, le défilé carnavalesque de la politique* fait bien triste figure. D'emblée Radio Guyane attaquait dès lundi avec un petit reportage monosource dont elle a le secret, et donnait la parole à Franck Compper de l'association Krakémantò pour faire la promotion d'une pétition contre l'attribution du nom de Félix Eboué à notre aéroport, lui préférant celui d'un Amérindien dont on ne sait rien, ni même si il a existé, sauf qu'il avait peut-être un jour vendu une colline pour y construire un fort : Cépérou. Peine perdue, plus d'une semaine après son lancement et malgré le haut-parleur de RFO, la pétition n'a toujours pas atteint les 100 signatures (76 signatures avant le petit coup de pouce de blada...). Inutile de préciser sans doute qu'à aucun moment RFO n'a cru devoir rappeler les raisons, longuement explicitées sur blada, qui ont amené les décideurs à proposer, pour l'aéroport international qui est le nôtre, le nom d'un Guyanais célèbre, connu dans le monde entier et qui a eu les honneurs du Panthéon : « Vous avez dit Félix Eboué ! ».

Mardi, RFO Télé et Radio enfilaient leurs Gros Tèt pour nous révéler une information fracassante : la commune de Saint-Laurent du Maroni est surendettée jusqu'au cou... ce que nous savions déjà depuis la parution de la Semaine Guyanaise du 30 janvier, par un article de Frédéric Farine : « Mairie de Saint-Laurent, Révélations sur un rapport de la Chambre Régionale des comptes » (jodla du 30/01/10).

Toutes paillettes et fanfreluches déployées, notre Christiane nationale a enfourché son habit de Caroline pour assaillir le magazine amérindien Oka'mag, qui avait commis un crime de lèse-majesté (Oka du 08/02 : « Une histoire d'aéroport et de drapeau... Guyanais... ». Non contente d'avoir fait valoir son droit de réponse sur Oka'mag, elle récidive sur News Press, maniant le mépris dans la grande tradition colonialiste, n'hésitant pas à suggérer que les Amérindiens ne savent pas penser par eux-mêmes : « Nous connaissons les personnes qui vous soufflent ces messages de haine, ne reposant sur rien », écrit-elle, « Cela fait quelques mois qu'ils se déchaînent sur moi, à la faveur d'internet.»
Nul n'ignore, Caroline, que ceux qui « se déchaînent sur moi, à la faveur d'internet » ont surtout le tort d'exercer leur droit à la liberté de penser (et de rappeler quelques vérités - voir Oka'mag -, y compris un épisode qui avait fait grand bruit chez les protagonistes de l'identité guyanaise : l'attribution du nom amérindien de Omeba Tobo à un collège de Guyane) et de poser des questions qui dérangent, dont celle-ci : « comment expliquer l'absence en Guyane de la loi de garantie sur les comptoirs d'or ? »... Même costumée en Caroline, une réponse conviendrait.

Ex porte parole des Verts-Guyane, ex chef coutumier Arawak de Balaté, Brigitte Wyngaarde reste sur la ligne droite en refusant de participer à ce carnaval politique 2010 : « Je vous informe de ma démission au 31 janvier 2010 du parti des Verts-Guyane ; j’ai pris cette décision en raison d'un différend qui m'oppose depuis un an, moi ainsi que quelques militants, à la direction locale des Verts-Guyane, différend qui a créé une situation difficile et insurmontable. Je reste absolument attachée aux valeurs politiques et humaines des Verts.»

Les célébrations du Zombi baréyo Antoine Karam n'en finissent plus d'encercler les spectateurs lassés de trop d'années d'exhibitions, prêts à le dépouiller de son costume pour lui faire enfiler celui de Lan-Mô.

Aurait-il fait un pas de danse de trop vers Rodolphe Alexandre ? Toujours est-il que Jean-Paul Lepelletier, président de la CCIG, esquisse une nouvelle chorégraphie dans le défilé : « Le quotidien France-Guyane, dans son numéro du 5 février dernier, affirme que, dans la perspective des élections régionales, M. Jean-Paul le Pelletier est pressenti pour figurer sur une liste. Le Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Guyane précise que s'il a appelé les chefs d'entreprise, de quel que bord politique qu'ils soient, à s'engager dans la campagne électorale et si, dans le cadre de cette campagne, il projette d'inviter toutes les têtes de liste à débattre de leur programme avec les chefs d'entreprise, il n'envisage nullement de figurer sur une liste pour les prochaines régionales.
M. Jean-Paul le Pelletier souligne que les chefs d'entreprise qui choisiront effectivement de se lancer dans la bataille le feront en leur nom propre et non à celui de la CCIG.»

Sous les hourrahs et les sifflets de la foule, Rodolphe Alexandre pousse son char cayennais déjà lourd de réalisations : communiqué.

Un grand moment de carnaval se prépare pour le 18 février, mais comme le chef du troupeau de Bèf volò Bèf ne sait pas encore s'il fera un tour chez Nana, son programme reste dans le vague, selon la préfecture qui communique : « Le président de la République a prévu de se rendre en Guyane le 18 février prochain. Le programme de son déplacement ne sera connu avec précision que dans les prochains jours. Toutefois, si celui-ci devait inclure une prise de parole formelle, celle-ci aurait bien évidemment lieu dans un cadre républicain aussi large que possible c'est-à-dire devant tous les guyanais quelque soit, par ailleurs, leur sensibilité politique.»

Vivement la fin du carnaval et le 24 mars pour que nous puissions prendre un peu de repos !

Blada

* Pour un meilleur décryptage des personnages traditionnels carnavalesques, se référer entre autres à l'ouvrage de Isabelle Hidair : Anthropologie du carnaval cayennais, Publibook, 2005.
Et quelques infos sur le site de Images plus.

Pour voir le carnaval des rues, le vrai, Blada vous propose une vidéo de 18 minutes du 7 février, laborieusement élaborée dans le seul but de vous faire plaisir : La Parade du littoral 2010.