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Jodla 11/03/09
Pas encore Antillais, mais on se prépare...

Il n'est pas si fréquent en Guyane qu'on interroge les sociologues sur les sujets de société. Aujourd'hui, France-Guyane se livre à cet exercice tout à fait intéressant et questionne Pierre-Yves Chicot, sociologue et maître de conférences en droit public à l'UAG, qui établit des comparaisons entre les sociétés antillaise et guyanaise : « En Guyane, le lien social n'est pas aussi délité qu'en Guadeloupe et Martinique : on se connaît, on se parle, on se fréquente. Il existe des lieux de socialisation très forts sur le plan économique : le marché ; sur le plan culturel : les festivités créatives du carnaval...».

Espérons que sur ce sujet, Pierre-Yves Chicot sera lu et compris : si l'on prend pour exemple une commune que nous connaissons bien, et qui dispose de deux marchés totalement obsolètes dont les installations n'ont pas vu la moindre amélioration depuis plus de vingt ans (mais où on ne se prive pas de venir faire ses campagnes électorales), on peut dire que sur ce point le lien économique se délite fortement, et se prépare à rejoindre le schéma antillais, avec un développement tourné vers la consommation de masse.
Et il faudrait que le carnaval se prolonge toute l'année pour rattraper sur le plan culturel les manques de lucidité économique...

En effet, alors que les marchés de Kourou sont de plus en plus misérables, lieux de non-droit où les provenances ne sont jamais indiquées, où les balances sont de pure fantaisie, où les contrôles de l'Etat sont définitivement absents, on avance de grands projets à deux pas de la médiathèque : un Carrefour ou un Super U, avec des restaurants, une galerie marchande ou même peut-être un Casino ? (Dans le même temps, le marché aux poissons peut fermer pendant plusieurs mois sans que quiconque s'en inquiète...) Ainsi les jeunes, au sortir d'une bibliothèque indigente, d'une cyberbase dédiée aux jeux électroniques (avec des parkings pour les voitures mais pas un seul endroit pour accrocher son vélo), n'auront que quelques pas à faire pour aller consolider toutes leurs frustrations dans ces nouveaux temples de la consommation. Sans doute le meilleur moyen d'assurer la paix sociale, dans une ville dite de gauche... qui vote Sarkozy.

A ce rythme là, nous n'allons pas tarder à rattraper le schéma antillais.