Jodla 02/12/04
Des changements à l'hôpital de Kourou
L'hôpital de Kourou a une histoire bien particulière liée aux activités spatiales de la ville. Il a été créé par le CNES en 1966 pour soigner ses salariés et leurs familles. A l'époque, un médecin-chef avait le rang de chef de département. Les choses ont bien changé puisque le CMCK accueille désormais toute la population de Kourou et bien davantage, les Cayennais étant nombreux à le préférer à leur hôpital souvent en proie aux pires difficultés. Après la création l'AMCK en 1983 - une association où le CNES était largement majoritaire avec 36 voix sur 45 - la gestion de l'hôpital de Kourou est confiée à la Croix Rouge Française qui devient l'employeur et assure l'organisation et le fonctionnement, l'AMCK continuant à en assurer la direction financière, à assumer les charges d'investissement et à reverser les dotations à la Croix Rouge (budget de fonctionnement).
La signature de la convention cadre intervenue le 2 décembre met définitivement fin à l'AMCK, et l'hôpital de Kourou passe intégralement sous la coupe de la Croix Rouge Française. Le CNES, qui se désengage de ses attributions, continue cependant à assumer les charges d'investissement dans le cadre d'un accord de partenariat (convention financière et concours technique) portant sa contribution de 320 000 € à 520 000 €.
La mairie de Kourou, qui était jusqu'alors membre très minoritaire de l'AMCK, passe également une convention avec la Croix Rouge Française (parrainage politique et financement d'actions spécifiques).
Mais ce 2 décembre n'était pas que signatures, discours et poignées de main, car du côté du personnel soignant, on s'inquiète, et on sait par expérience qu'il vaut mieux prévenir que guérir.
C'est pourquoi les syndicats UTG - CGT - CFE - CGC - FO se sont ensemble mobilisés pour défendre les avantages acquis qu'ils pensent en partie menacés par la dilution de leur entité au sein de l'organisation de la Croix Rouge, et ils ont débrayé durant deux heures, devant les urgences où les officiels s'étaient rassemblés eux aussi pour visiter les nouveaux locaux du service des urgences. Gilbert Abergel (à gauche) - le directeur des établissements de la Croix Rouge qui a fait le déplacement pour signer la convention - assure de son côté qu'il n'y a «aucune incidence sur le personnel».
Mais les inquiétudes du personnel sont pourtant multiples : pour tel chef de service, même si les salaires ne changeront pas dans l'immédiat, il n'y a aucune assurance sur l'évolution de carrière, et on est en droit de se demander si échelons, paliers et anciennetés seront bien calculés selon la grille prévue initialement et le contrat qui bien avant ces changements. Pour tel autre soignant, la Croix Rouge (plus de 16 000 employés) est «une vieille dame pleine de fric mais qui ne lâche rien, une grosse machine». Pour le représentant de l'intersyndicale, il pourrait y avoir dès maintenant des incidences sur les avantages acquis hors convention, les primes d'assiduité, la reprise de l'ancienneté, la subrogation en cas d'arrêt maladie, la mutuelle, le congé parental, etc... Le ton est ferme, sage et posé. On est encore bien loin des revendications tapageuses, mais l'avertissement est donné pour qu'on ne s'achemine pas vers des conflits interminables comme celui des banques.
Pour le docteur Fournier (ci-contre), qui a dû voir passer sous son bistouri la moitié des ventres de Kourou, le diagnostic est plutôt rassurant : « il s'agit surtout d'un déficit d'information.»