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Jodla 14/12/04
Les choses qui fâchent

MenMoMag : Le numéro 20 de décembre vient de paraître.
Dimanche 12 décembre arrivait dans les kiosques le nouveau MenMoMag. La société guyanaise est ainsi faite qu'elle n'aime pas beaucoup qu'on lui parle des choses qui fâchent. Il en va du sida comme des détournements de fonds publics. On le cache, même à sa propre famille, au risque d'infecter la société entière. Et nos médias connaissent bien ce penchant à préférer des photos de miss à des dossiers sérieux sur le fonctionnement de leurs collectivités.
C'est donc après avoir titré sur "La prestigieuse soirée du Zéphyr" et sous un beau sourire, que l'on trouvera sur la couverture de MenMoMag la référence à un article très documenté de Frédéric Farine sur les comptes de la Communauté des Communes de l'Ouest : « Les comptes bidons de la CCOG de Léon ».

La mystérieuse disparition du directeur financier de la CCOG et un audit commandé par cette collectivité valaient bien qu'on s'attarde un peu sur le dossier.. Et c'est donc sur ce document, en théorie confidentiel - complété par une enquête de terrain - que se fondent les analyses du journaliste. On sait que lorsqu'un audit est demandé par la collectivité elle-même, l'ardoise aurait plutôt tendance à être plus légère que s'il s'agissait d'un contrôle de la Chambre Régionale des comptes. L'analyse révèle pourtant d'effrayants dérapages dans la gestion des fonds publics. Certes, nous le savons, les "affaires" ne sont ni de droite ni de gauche (on se souviendra de la gestion de la SMTC qui avait en son temps fait soulever quelques paupières, à la suite d'un rapport de la Chambre Régionale des Comptes), les "affaires" existent partout et pas seulement en Guyane, mais nous avons tant de défis à relever, tant de dysfonctionnements à régler, que les replis frileux de la sous-information ne sont plus supportables. Et il est du devoir de nos médias - et des médias financés par les deniers du contribuable en particulier - d'informer la société sur les maux qui sont les siens, sauf à manquer gravement à leur obligation de service public. Et pourtant... L'article de Frédéric Farine est disponible dans MenMoMag depuis vendredi 10, mais aujourd'hui mardi 14, RFO n'a toujours pas fait la moindre allusion à son contenu. Un silence bien lourd pour la société guyanaise qui doit pouvoir regarder la réalité en face pour mieux la contrôler. Car il est aussi de la responsabilité du citoyen de demander des comptes sur ce qu'on fait de l'argent public, censé revenir à la population et non à quelques privilégiés. Ce n'est qu'à ce prix que nous avancerons. Dissimuler la réalité, tout comme le font en Guyane les malades du sida - même à leurs partenaires - ne fera que propager la maladie qui gangrène la politique et qui dépossède les citoyens pour en faire des sujets.