Chiffres : Portrait d’une Guyane en pleine mutation
par Ricardo Rippert
Chef du service « études diffusion » à la direction régionale de l’INSEE basée en guadeloupe, Vincent Hecquet dresse un panorama de la Guyane. Intitulé ‘‘Trajectoire et enjeux économiques et sociaux’’, ce dossier détaillé nous livre le portrait d’une région atypique.
En 2007, la Guyane compte 210.000 habitants dont 29% d’étrangers (recensés) selon le rapport de Vincent Hecquet, de l’Institut national des Statistiques pour les Etudes Economiques (Insee). Une population qui a été multiplié par 8 depuis 1950. 210.000 ou 250.000 habitants ? En une phrase, tout est dit. Un questionnement qui sera quasiment le point central de ce débat qui a réunit environ une cinquantaine de personnes (chefs d’entreprises, techniciens d’administrations, élus, professeurs et étudiants) dans un hôtel de la place, sur l’initiative de la Chambre de Commerce et d’industrie de la Guyane.
‘’L’Insee identifie t-elle avec des outils pertinents la population locale ou pas ?’’ s’interroge un individu. ‘’Sommes nous cernés (dans les agglomérations comme en forêt) par une population illégale acteurs d’une économie parallèle ?’’ La présence du directeur de l’Insee de la Guyane, Monsieur Courbain n’a pas contribué à éclaircir ces interrogations comme on aurait pu s’y attendre.
Une marge d’erreur bien plus grande selon certains. Quoiqu’il en soit, s’il y a défaut dans le mode de calcul, alors une grande partie des chiffres ne sont en fait qu’en deçà de la réalité. Un constat qui ne fait aucun doute, cependant, ce sont 42% des salariés guyanais qui travaillent dans la fonction publique.
Le chômage à la peau dure
Selon un expert de l’Agence Française de Développement (AFD), l’économie guyanaise est sous perfusion, ‘’sous serre ‘’. Cela signifie que les mécanismes économiques ne tiennent que grâce à un flux constant d’aides nationaux, européens ou régionaux. Artificiellement en quelque sorte, puisque cette croissance, n’est en rien stimulée par un levier de création de richesse (création d’emplois à forte valeur ajoutée dans le secteur privée entraînant et démultipliant les pouvoirs d’achats et une hausse de la consommation).
Avec une population très jeune (42% de la population guyanaise a moins de 20 ans et 6% a plus de 60 ans), la Guyane présente aussi le plus fort taux de chômage (29%) sur les 3 DOM et trois fois plus élevé qu’en métropole. (8,8% en France Hexagonale). Par ailleurs, notons quelques indicateurs importants :
- depuis 2004, le chômage est exponentiel,
- de plus en plus de chômeurs (81%) s’installent sur une longue durée,
- 46% des sans diplômes sont au chômage contre 15% en métropole,
- 54% de la population active n’a aucun diplôme pour diverses raisons (provenance étrangère, parcours scolaire difficile…) contre seulement 16% en France métropolitaine
- 2/3 des jeunes n’ont pas le baccalauréat (général ou technique-professionnel)
- le taux de pauvreté est de 20%
Un constat qui peut surprendre, certes, mais qui démontre de façon claire que la Guyane présente un retard structurel considérable. En 2030, une projection économique montre que la population pourrait atteindre les 600.000 personnes tout en demeurant jeune. La Guyane ne vieillira pas et c’est sans doute la seule bonne nouvelle de ce rapport.
Ricardo RIPPERT
Quelques chiffres :
46% des ménages sont propriétaires
13% des logements sont insalubres
15.000 guyanais résident en France hexagonale
47% des chefs d’entreprise sont d’origine étrangère
9% sont des cadres antillais (Martinique/Guadeloupe)
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