« Le meurtre de trop », titre le site de Domactu pour annoncer que les stations services seront fermées aujourd'hui en Guyane (vendredi, selon France-Guyane qui revient longuement sur la personnalité de la victime et du présumé coupable) pour protester contre le meurtre odieux d'une pompiste à Cayenne. Au-delà de la consternation que peut susciter un tel drame, il va falloir accepter de se demander pourquoi, dans ce département qui a sans doute la population la plus jeune de France, la jeunesse pose tant de problèmes. Mais que fait-on pour elle ? Que fait-on pour les jeunes en échec scolaire* ? A Kourou par exemple - mais c'est vrai partout ailleurs - où la délinquance des jeunes ne cesse de grimper, s'est-on demandé ce que deviennent les milliers de collégiens qui quittent chaque année le système scolaire, alors que le lycée de Kourou comporte moins de 1000 élèves ? Sait-on même combien ils sont ? Qui sait répondre à cette question ? Pas même la mission locale que nous avions interrogée il y a quelques mois. On semble se contenter de montrer à ces jeunes en errance l'exemple d'une société d'adultes qui ne pense qu'à consommer (les récents barrages en apportent une illustration), et qui ne lève même pas le petit doigt pour demander des moyens pour la priorité des priorités en Guyane : l'éducation. Quitte à inventer pour ces jeunes de nouvelles formes et de nouvelles structures plus ciblées. On sait pourtant bien que la population ignorante est la plus facile à asservir et à manipuler. Serait-ce par cynisme qu'on accepte aussi facilement l'échec des jeunes, sans rien tenter pour les "récupérer" ? Pour toute réponse, on se réfugie derrière des dispositifs qui masquent mal une courte vue, l'absence d'idées, de propositions, et même de projet de société. Et ce n'est certes pas la répression qui réglera le problème, car il est de notoriété publique que, si active soit-elle, son efficacité reste encore à prouver.
Il y a sept ans de cela, des femmes de Kourou s'étaient regroupées pour sensibiliser la population, les pouvoirs publics et les élus à l'impérieuse nécessité de la prévention, tentant de convaincre jour après jour qu'avant la répression que demandait la population devait venir l'éducation dès le plus jeune âge, seule prévention possible. Après bien des luttes, elles ont dû déclarer forfait, sans écoute et sans résultat, sauf celui d'avoir fait redémarrer un conseil de prévention de la délinquance sans initiative, qui se contente de constater. Elles avaient surtout réussi à se faire diaboliser...
Communiqué de la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Guyane.
Communiqué des Forces Démocratiques de Guyane, Gil Horth.
Quelques liens sur le sujet :
- Comment lutter contre la violence et la délinquance des jeunes ? (2000, Grenoble)
- Les droits des enfants vus par un juge des enfants : Répondre à la délinquance des jeunes.
- Sébastien Roché : La délinquance des jeunes, Les incivilités, défis à l’ordre social, et autres articles.
* On sait cependant qu'en Guyane la violence dans les établissements est bien moindre qu'en métropole, officiellement.
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