Exploitation de la Salade Coumarou (Mourera fluviatilis) sur le saut Takari Tanté (fleuve Sinnamary).
L'enquête publique concernant la cueillette de près de 2 tonnes de salade Coumarou, sur le saut Takari Tanté (fleuve Sinnamary) s'est terminée le jeudi 13 septembre 2007. La salade coumarou est cette belle plante violacée qui pousse dans les sauts des criques et qui joue un rôle important au regard de la faune piscicole et des invertébrés aquatiques.
C'est un laboratoire international de cosmétique nommé Cognis qui veut exploiter la salade coumarou. Cette exploitation est réglementée et relève de l'article l 432-3 du code de l'environnement relatif à la faune piscicole et de son habitat.
La société Cognis avait effectué en 2004 sur le fleuve Approuague une exploitation de plusieurs tonnes qui avait été interrompue sous la pression des riverains (France-Guyane 24/9/2004). Les sauts en Guyane sont des sites à haute valeur écologique et touristique et sont déjà très fragilisés par l'orpaillage clandestin. Cette exploitation d'une espèce végétale que l'on pourrait qualifier de Patrimoniale ne relève en rien du développement durable mais plutôt de bio-piraterie.
Au vu de l'activité touristique de ce saut : la salade coumarou, que l'on peut qualifier de « mangrove du fleuve », joue un rôle considérable dans la reproduction de la faune piscicole, et aucune étude n'a été faite sur les espèces de poissons inféodées à Mourera fluviatilis, pas plus que sur les autres habitants du saut que sont les mollusques, crustacés et autres larves d'insectes emportées par le courant au moment de la coupe.
Une activité de pêche sportive respectueuse de la ressource se déroule sur ce site. Plusieurs opérateurs, ayant des concessions délivrées par l'Etat, dépendent de ce fabuleux site encore préservé et « défini » par l'ONF et par la DDE « zone touristique ».. Le fait de modifier une variable (la cueillette de Mourera Fluviatilis) peut avoir des conséquences incalculables à long terme.
Au vu de l'attrait touristique : reconnu par les usagers du fleuve (opérateurs touristiques, guides, clubs et fédération de canoë-kayak, piroguiers,…) on peut s'étonner qu'une telle cueillette puisse être envisagée. Ainsi, les zones accessibles pour la récolte sont les mêmes que celles accessibles par les touristes qui y pêchent, s'y baignent et prennent des photos… !
Au vu de l'aspect économique : absence de transparence dans le dossier d'enquête publique 2007 : Il n'est nulle part fait mention de la société Mère, destinataire de la récolte (Laboratoire Cognis) ni du bilan financier de la Société, qui localement, désire récolter près de deux tonnes de cette plante rare (coût de revient, prix d'achat, retombées économique pour la Guyane et la commune de St-Elie,…).
Au vu de l'environnement : déjà soumis à l'impact du barrage de Petit-Saut : Saut Takari Tanté est le dernier saut qui n'est pas recouvert par les eaux du barrage et qui posséde une colonie
significative de Salade coumarou. Combien de gîtes à salade coumarou ont déjà été détruit par le barrage EDF ?
Au vu du mode de reproduction de cette plante : l'essaimage par pollinisation ne dépend que de deux sauts, pauvres en salade coumarou, très en amont de Takari Tanté (Saut Dalle, Deux Roro).
Au vu du mode de calcul du taux de récolte : dans le dossier des pétitionnaires, on parle de prélever tantôt 5%, 15% ou 30% de la salade coumarou présente sur le saut. Une estimation fiable de la quantité existante sur le saut a-t'elle été rigoureusement chiffrée ?
En tout état de cause, les gens qui fréquentent régulièrement le saut considèrent de visu que les 1,8 tonnes sollicitées par les pétitionnaires Bergère/Fricker représentent une part bien plus
importante que le quota déclaré admissible.
Au vu des incertitudes scientifiques actuelles : l'étude Grid ne lève pas le voile sur les conséquences à long terme de l'exploitation d'une espèce fragile dans un milieu dont l'équilibre est lui-même fragile. (cf Piranhas énivrés. Editions Ird/Muséum).
Au vu de la complexité des populations de salade coumarou, de la méconnaissance de sa croissance, de sa phénologie, de la pérennité de l'espèce et à la lecture du dossier d'enquête publique déposé en Mairie, ou d'importants « préambules (1) » de l'enquête réalisée par
le Grid en 2001 et 2004 ont été retirés….
…"Maiouri Nature" exige un complément d'étude scientifique et sérieuse avant toute exploitation de la salade Coumarou.
Le bureau de Maiouri Nature
(1) En effet, le dossier de présentation remis par les pétitionnaires se base sur les deux études d'impacts précitées. Or, les remarques préliminaires évidemment soustraites sont importantes dans la compréhension des limites scientifiques de l'étude. On constate ainsi que le bureau d'études, aussi sérieux soit-il, n'a pas eu les moyens de ses ambitions :
Il signale l'époque trop tardive du commencement des prélèvements, il regrette des moyens financiers et matériels insuffisants et déplore des conditions de travail difficiles (station d'expérim entation dans un saut, intensité du courant, profondeur des veines de saut, sécurité
du personnel,…) et surtout remet en cause le protocole utilisé (p 10 & 11 du rapport Grid 2004). D'ailleurs, les auteurs concluent par : « Nous sommes actuellement dans l'impossibilité de mettre en évidence des tendances « fiables », que seule une étude plus conséquente, à
moyen et long terme, de 5 à 10 ans, permettrait d'obtenir. »
Maiouri Nature Guyane
21 Av. St. Dominique
97354 Rémire-Montjoly
maiouri.nature@gmail.com
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