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Saint-Laurent

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Le mercredi 04/11/15 - Saint-Laurent
Présentation du livre sur Eugénie Tell-Eboué

Présentation du livre

"Eugénie Tell-Eboué. Histoire d'une passion"

de Jean-Claude DEGRAS, écrivain

à 18h30

Terrasse de la case d'entrée droite, Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine.

Elisabeth Charlotte Eugénie Andrée Tell naît à Cayenne le 23 novembre 1891.

Fille du premier directeur noir de l’Administration pénitentiaire de Guyane,
Hippolyte Tell, elle poursuit ses études secondaires au lycée de jeunes ﬁlles de
Montauban.
Une fois ses études supérieures achevées, elle   revient s’installer dans son
département de naissance où elle occupera pendant de nombreuses années le poste d’institutrice ici à Saint- Laurent du Maroni.

DE L’OMBRE A LA LUMIERE - L’ENGAGEMENT AU COTE DE SON MARI
En 1922, elle épouse Felix Eboué, alors administrateur colonial en Afrique. Elle le seconde durant toute sa carrière coloniale. D’abord en Martinique en 1934. Puis en Guadeloupe, terre d’origine du père d’Eugénie, où nommé par le Gouvernement du Front Populaire, il devient le premier noir préfet en 1937.
Elle saura le sensibiliser aux problèmes des Guadeloupéens et il sera apprécié pour ses talents de conciliateur lors des conﬂits sociaux et pour encourager l’accès aux mêmes droits que les métropolitains. Elle le suit enﬁn en Afrique, notamment au Tchad dont il devient le gouverneur en 1938.

UNE RESISTANTE DE LA PREMIERE HEURE.
En 1940, après l’Armistice signé par Pétain, Felix Eboué prend rapidement le parti du général de Gaulle, le Tchad devenant la première colonie à se rallier à la France Libre.
Il est nommé gouverneur de l’Afrique Equatoriale Française par le Général de Gaulle.
Eugénie s’engage dans les Forces Françaises Libres Féminines comme inﬁrmière à l’hôpital de Brazzaville.
Elle intègre ainsi le cercle restreint des premiers compagnons du Général. Elle se voit décerner en 1944 la Croix de Guerre et la Médaille de la Résistance.

DE LA LUMIERE A L’OMBRE
A la mort de son mari, elle se retrouve donc l’héritière du lourd patrimoine politique de celui-ci. Deux éléments vont la précipiter sur le devant de la scène à la ﬁn de la guerre :
• Le Gouvernement Provisoire du Général de Gaulle accorde le droit de vote aux femmes en 1944.
• La guerre a modiﬁé les rapports entre la France et son empire. L’impôt du sang versé par les troupes coloniales, par nombre d’Antillais et de Guyanais ne permet plus au gouvernement de taire les revendications de plus d’égalité des habitants des colonies.
La France est politiquement à reconstruire. Il faut donc élire les députés qui participeront à l’élaboration de la prochaine constitution. Pour porter haut les aspirations à l’égalité du peuple guadeloupéen, le choix du député s’avère crucial. Il faut une personnalité neuve, symbolique et irréprochable.
Quel meilleur étendard sous lequel se rallier que le nom du grand héros de la Libération ?
Qui mieux que la personne qui l’a toujours secondé dans sa tâche pour faire triompher ses idéaux de justice et d’égalité ?
Quel meilleur symbole qu’une femme, qui a été des premiers combats pour libérer la France ?

LA PREMIERE FEMME DEPUTEE DE GUADELOUPE
C’est donc tout naturellement qu’elle est investie par la SFIO dont elle a rejoint les rangs en 1944. Elle est triomphalement élue en 1945, et devient la première femme députée de Guadeloupe. Elle aura donc l’intime honneur de faire partie de ceux qui élaboreront la nouvelle Constitution.La Constitution, mal soutenue par les partis politiques, est rejetée en masse par les Français. Les électeurs sont de nouveau convoqués aux urnes pour élire une nouvelle Assemblée Constituante. Les Guadeloupéens lui font de nouveau conﬁance et elle est réélue en juin 1946. Une fois la nouvelle Constitution adoptée enﬁn par les Français, de nouvelles législatives sont organisées en novembre 1946. C’est un échec, elle perd son siège de député.

LA PREMIERE FEMME SENATRICE DE GUADELOUPE
Mais elle rebondit peu après en faisant son entrée au Conseil de la République (Sénat) et devient la première femme sénatrice de Guadeloupe. Et c’est là qu’elle défendra avec talent l’intérêt de tous les peuples colonisés de l’Empire français.
Ainsi, elle s’élèvera contre la levée de l’immunité parlementaire des élus malgaches coupables de s’être ralliés au peuple lors des insurrections de 1947.
Elle jouera la politique de l’apaisement lors des débats sur la loi d’amnistie pour les collaborateurs de Vichy, régime qui avait pourtant condamné à mort son mari.
Elle s’associera au transfert des cendres de Victor Schœlcher au Panthéon.
Elle rejoint le nouveau parti de son vieil ami le Général De Gaulle, le RPF, dont elle devient un des principaux rouages en conduisant victorieusement la liste en 1947.
Elle poursuivra son combat pour l’amélioration de la vie en Outre-Mer en intervenant avec beaucoup d’à-propos et de détermination au Sénat notamment pour l’extension de la Sécurité Sociale dans les DOM, l’égalité de traitement des fonctionnaires dans nos régions et aussi le régime ﬁscal des DOM.
Son intérêt et sa compétence sur ces sujets l’amèneront à être Vice-présidente de la Commission Outre-Mer de la Haute Assemblée.
En 1952, elle perd son siège de sénatrice de Guadeloupe.
Si l’enracinement politique aux Antilles Guyane n’a pas pris, les liens affectifs sont
encore forts et elle saura défendre encore âprement la cause des ultramarins en tant
que Vice- présidente de l’Assemblée de l’Union française.

CONSEILLERE MUNICIPALE D’ASNIERES
Elle est élue conseillère municipale d’Asnières en 1958, ville où les Eboué avaient acheté une maison depuis les années 30. Elle ne se départira jamais de sa ﬁbre socialiste et de ses élans gaulliens de rassemblement.
Elle meurt le 20 novembre 1972. Commandeur de la Légion d’honneur, ofﬁcier des palmes académiques, elle était également commandeur de l’Ordre du Tchad et de l’Ordre de la Côte d’Ivoire.

Eugénie Tell-Eboué est l’exemple d’une vie faite d’engagements, de ﬁdélité à des idéaux (le socialisme et le gaullisme), à des hommes (son mari et le général De Gaulle). Elle a su se relever malgré plusieurs échecs. Elle assumera sans hésiter l’héritage politique de son mari pour servir l’intérêt supérieur de ses concitoyens.
Femme de son temps, elle a compris que l’important était la cause à défendre, pas les feux de la rampe.
Elle a toujours œuvré, de l’ombre à la lumière, puis de la lumière à l’ombre, en défendant avec opiniâtreté et droiture les causes auxquelles elle croyait : la liberté et l’égalité entre les hommes.
Nous pourrions retenir ces quelques mots qu’elle prononcera au crépuscule de sa vie au Conseil Municipal d’Asnières qui résument bien cet idéal de rassemblement au-delà des divergences : « Mes chers Collègues, mes chers Amis, pour certains de nous le travail recommence, pour d’autres il commence. Nous l’accomplirons ensemble d’un même cœur, d’un même esprit, sachant que servir Asnières c’est servir la France et la République. […]
Nous nous retrouvons dans cette salle pour reprendre notre tâche d’administrateurs
[…]. Cette équipe d’hommes et de femmes issus des couches les plus diverses de la population, appartenant aux formations politiques traditionnelles ou bien, personnalités indépendantes, saura garder l’esprit d’union qui nous anime et, j’en suis sûre, le désir de se dévouer et de servir. La diversité de nos opinions sur tels détails ou tels moyens ne sera jamais une source de division quant aux buts que nous voulons atteindre. »
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