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Avec la visite de quatre ministres en deux jours, la Guyane, en théorie du moins, ne devrait pas se sentir abandonnée par la "mère-patrie". Pourtant s'il fallait nous envoyer tous les ministres concernés par les vastes problèmes que nous rencontrons, il est vraisemblable que le gouvernement au complet n'y suffirait pas. Jodla ils seront trois à rendre hommage à Jean-Richard Robinson, ce jeune policier de la BAC décédé dans l'exercice de ses fonctions : Léon, François... et Nicolas. (Léon devrait ensuite inaugurer le salon du tourisme au Progt.)
La cérémonie aura lieu dans la cour de la préfecture à 15h30. A 16h25, Nicolas Sarkozy devrait rencontrer les forces de l'ordre (police et gendarmerie), et prononcer une allocution. A 16h50, annonce la préfecture, "Monsieur le ministre ira à la rencontre de la population", sans qu'on sache précisément de quelle population il s'agit ni où se passera la rencontre. Départ le soir même.

Dans le journal La Croix qui parait jodla, Frédéric Farine (qui a eu les honneurs de la revue de presse de RFO ce matin) dresse un tableau impressionniste des multiples difficultés de la Guyane, sous le titre « Crimes en série, épidémie de dengue, folie de l'or, taux record d'accidents de la route : la Guyane a la fièvre - En Guyane le "non-droit" est sans frontières ».
Rappelant au passage les démolitions illégales et l'hélicoptère promis par Sarkozy pour la lutte contre l'orpaillage, Frédéric Farine y cite quelques chiffres incontournables : sur 679 détenus à la prison de Remire, 72 % sont étrangers, dont 2/3 en situation irrégulière... et beaucoup de crackmen. Ces mêmes étrangers, souvent montrés du doigt pour la délinquance, sont aussi les premiers exploités : on va même jusqu'à faire construire aux clandestins les logements de la police aux frontières (un employeur condamné à Saint-Georges). Dans un élan de sincérité, le maire de Cayenne déclarait récemment à l'occasion du congrès du PSG : « Arrêtons l’hypocrisie ! Qui sont les marchands de sommeil ? Les Guyanais ! Qui sont les clients des prostituées étrangères ? Les Guyanais ! Nous avons tous besoin d’une cuisinière et d’un jardinier haïtien que nous exploitons avant d’appeler les forces de l’ordre pour les expulser. »

Gageons que Jean-Claude Lafontaine, qui a rencontré récemment Nicolas Sarkozy à Paris, aura su faire passer le message.

Blada, avril 20006