Botaniste chevronnée à l’IRD, elle avait fait de la Guyane sa terre d’accueil depuis plus de 35 ans. Personnalité d'exception, estimée par des scientifiques du monde entier pour son immense contribution à la connaissance de la flore guyanaise, elle est partie le 31 janvier dans sa 72e année à l'hôpital de Cayenne, des suites d'un AVC.
Elle a laissé son nom à une nouvelle espèce de maracouja : Passiflora fanchonae.
Ses amis et collègues lui rendent hommage (veillée et obsèques).
Portrait de Maire-Françoise Prévost,
par Daniel Sabatier,
extrait de Amap-Infos
(Lettre d'informations de l'UMR Amap 2006 - pdf) :
Marie-Françoise Prévost (alias «Fanchon») a commencé sa carrière de botaniste à l’Orstom (actuel IRD) comme élève chercheur au début des années 60.
Rapidement affectée au centre de recherche d’Adiopodoumé en Côte d’Ivoire, où elle travaillera dix ans, elle met en œuvre les enseignements de ses maîtres dans le contexte porteur de l’architecture des plantes que Francis Hallé fait naître en ces lieux.
Elle apporte à cette démarche nouvelle de solides appuis, définit la notion d’article (aussi appelé « module » en architecture végétale), explore la ramification sympodiale et décrit de drôles de manières de construire un arbre : le « modèle architectural de Prévost » qu’Hallé et Oldeman lui dédient.
Après un court séjour au Laboratoire de Botanique Tropicale (Institut de Botanique de Montpellier), c’est la découverte d’un « nouveau monde » végétal et humain, bien moins exploré que celui où elle fit ses premières armes : la Guyane, et en perspective l’Amazonie. C’est d’abord la relation étroite, nourricière autant que spirituelle, que les hommes entretiennent avec le végétal qui la motive. Sur ce chemin, elle accompagne les ethno-anthropologues Pierre et Françoise Grenand. Elle retrouve avec les « noirs marrons » une partie de l’Afrique, se passionne pour l’usage des plantes chez les amérindiens, s’enthousiasme des jardins créoles.
Dans cette perspective, elle appuie quantité de DEA et Thèses et collabore à de nombreux travaux qui, des plantes alimentaires ou tinctoriales à celles dont les principes soignent ou nourrissent la spiritualité, en passant par celles qui créent le cadre de vie (ornementales), gravent la mémoire d’un monde en mutation. Dans cet esprit, elle collabore à l’ouvrage « Pharmacopées Traditionnelles en Guyane » dont l’iconographie témoigne de son talent pour saisir et montrer les plantes.
Sa deuxième grande motivation est de comprendre les plantes dans leur milieu « naturel » ou anthropisé : dynamique et compétition des héliophiles ; banque de graines du sol ; graines et dissémination … Dans cet esprit, dès la fin des années 80, elle réalise avec Daniel Sabatier les premiers inventaires botaniques quantitatifs d’arbres forestiers de Guyane qui initient une longue et fructueuse collaboration sur l’étude de l’organisation des peuplements forestiers, récemment couronnée par la participation à une synthèse amazonienne parue dans la revue Nature.
Comme en témoignent les 8 espèces végétales qui lui sont dédiées et portent son nom sa carrière s’est construite autour d’un esprit vif et d’un sens aigu de l’observation, qu’elle a toujours mis au service de la connaissance du monde végétal et d’un partage généreux auprès de très nombreux botanistes qu’elle a très humblement contribué à former. Aujourd’hui en « retraite » et bien que le terme même l’horrifie, elle poursuit bénévolement ses travaux en Guyane auprès de l’herbier et de ses collègues d’Amap et continue ainsi à collaborer à la connaissance de la végétation guyanaise avec tout le talent qui la caractérise et lui est unanimement reconnu.
Daniel Sabatier
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