Le cas du gendarme Clin, aussi douloureux soit-il, va peut-être permettre d'exorciser un vieux démon.
Dans ces anciennes colonies esclavagistes où nous essayons ensemble, péniblement, de construire une autre société plus égalitaire, chacun sait bien tout au fond de son coeur que, même marginal, il y a autant de racisme anti-noir que de racisme anti-blanc. La différence entre les deux expressions d'une même horreur, c'est l'empreinte que nous a laissé notre passé, ou plus précisément celui de nos ancêtres.
Quand l'un s'exprime à découvert, parce qu'il trouve dans l'histoire des justifications d'un autre âge à son intolérance et qu'il utilise l'espace de non-droit qui lui est lâchement abandonné, le second le pratique aussi efficacement mais plus sournoisement, dans la culpabilité, parce qu'il le sait honteux et puni par la loi. On n'en finit pas d'éponger «
le sanglot de l'homme blanc » dont parle Pascal Bruckner. Ici comme ailleurs, on a laissé depuis trop longtemps s'installer, et même s'officialiser ces comportements, jusqu'à passer sous silence quelques horreurs pourtant inadmissibles.
Raphaël Clin est à n'en pas douter l'innocente victime expiatoire de tout cela, et de toutes ces perversions jamais dénoncées parce qu'elles servent les intérêts de quelques uns, et pas des meilleurs.
Blada, 26 février 2006
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