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Jodla 10/02/12
Gros temps mais sérénité pour les rameurs

Bouvet-Guyane à J+12 :
Ce matin nous avons entendu de la sérénité chez les rameurs joints au téléphone. Certes la mer est encore trop agitée à leur goût, certes des problèmes techniques viennent perturber leur quiétude, certes ils aimeraient que le ciel s'éclaircisse un jour vraiment ne serait-ce que pour charger à bloc ces batteries en manque... N'empêche qu'ils avaient tous bon moral et semblaient gérer à la fois leur vie à bord et leur route. Pour preuve de leur sérénité, certains n'ont pas répondu à l'appel comme s'ils rentraient en communion avec les éléments et qu'il ne fallait pas les déranger dans leur intimité. La solitude sur l'eau aurait du bon !

Non localisé à 7 H TU, Pascal Vaudé réapparaît au classement de 11 h TU avec... une belle avance sur son dauphin guyanais. Le skipper de Marine Loisirs progressait à 2.8 nds au cap 266°. Il était 19 milles devant Henri-Georges Hidair et pointait à 1549 milles du but. « Après une première expérience en 2009, j'y retourne pour retrouver la solitude du large, le plaisir de l'effort, les craintes de la haute mer et le bonheur de me replonger dans cette aventure extraordinaire », se résumait ce chef d'entreprise de 42 ans et père de trois enfants avant le départ de la course. Il n'a pas précisé qu'il y allait pour faire un résultat. Pourtant il est le plus rapide sur l'eau et augmente  son avance. C'est encore lui qui fait la meilleure progression en ce 12ème jour de navigation : 60 milles en rapprochement. 5 de mieux que les plus rapides dans son sillage. Derrière, l'ordre du classement ne change pas. Hormis Christophe Dupuy qui a gagné une place et se retrouve quasiment à égalité avec Pierre Verdu, 4ème. Sauf que Christophe est au nord de la flotte et Pierre le plus au sud. C'est le premier à descendre en dessous  des 10 degrés nord.

Y a de la joie ! Saïd Ben Amar qui vient rarement à la vacation nous a joints ce matin. Il va bien. Il a récupéré de son chavirage du week-end passé. Privé d'Iridium, il ne communique que par SMS avec un autre appareil. Mais à part cette discrétion forcée, il fait son petit bonhomme de chemin sans se prendre la tête. Marc Chailan parlait lui aussi avec un ton paisible. Il trouve que la mer est ch... à ramer d'autant qu'il n'a jamais expérimenté la haute mer sinon en kayak. Il fait avec ses problèmes de batteries en consommant un minimum, s'applique à bien régler son canot et rame environ 8 heures par jour. Pierre Verdu s'amuse du mouvement des poissons volants : « ils volent en escadrille et parfois passent à me frôler ». Heureusement pour lui, il ne rame pas la nuit car les avions de chasse n'éclairent pas devant eux et percutent ce qui dépasse. Pierre aimerait lui allumer ses feux sous-marins pour améliorer l'ordinaire, mais il ménage ses batteries. « Et de toute façon, il y a trop d'algues en surface pour pêcher du poisson », rigole ce bon vivant.  Pierre fatigue non pas par excès de ramer mais parce qu'il est constamment aux aguets dans cette mer chaotique et ça lui pompe son énergie. Par prudence, il se met souvent dans le sens de la vague. C'est plus cool, mais ça fait drôlement descendre dans le sud. « Attention danger », dirait Michel Horeau, le grand timonier de la course. Pierre Mastalski aurait aimé comme d'autres pouvoir mieux se préparer à l'usage des avirons quand la mer est fâchée, mais c'est compliqué : il faut du temps, des autorisations, un bateau accompagnateur... « Un jour de vent, j'ai navigué en tout et pour tout une heure en Méditerranée », se souvient Pierre, apprenti du large comme la quasi-totalité de ses pairs bizuths de la Bouvet Guyane. Il fait contre mauvaise fortune bon cœur. Il était même franchement heureux ce matin. Et nous priait de faire un gros baiser à ses deux enfants Valentin et Inès et un grand bonjour à Muriel, prof de CE2 en Guyane où tous les écoliers suivent heure par heure leur Transat. .. Comme les gamins vendéens le font de leur Vendée Globe. Pierre a le verbe facile, mais il est raisonnable et poli. Avant de raccrocher, il s'est excusé : « Mon petit déjeuner refroidit et... il faut que j'aille ramer ». Nous contactons les marins à l'heure de l'embauche.

De la difficulté de ramer quand la mer est agitée. Jean-Luc Torre, concurrent de la Bouvet Guyane 2009, nous dit pourquoi c'est difficile de pousser sur les avirons dans ces conditions. « Il y a trois raisons majeures à cela : 1/Les rameurs font cap à l'W/SW. Les alizés soufflent en permanence du NE et lèvent une houle souvent décalée.  Le rameur qui a le dos tourné évolue dans une vague de gauche plus haute  que celle de droite.  De ce fait on ramène la pelle à plat à gauche et plutôt au carré à droite. Donc il faut dissocier le mouvement des deux mains. 2/Les pelles doivent être théoriquement à l'horizontale et  symétriques mais quand tu prends une vague de travers tu te retrouves dans une position asymétrique car la pelle de gauche doit monter haut en crête de vague et la pelle droite demeure en bas. Il faut donc avoir d'un côté une main en haut et l'autre en bas en fonction du relief de la vague. Mouvement asymétrique déséquilibré. Plus question d'avancer comme sur la surface lisse d'une rivière, les deux bras devant et les deux mains à la même hauteur dans un mouvement précis. Là, c'est  une vague haute à gauche, basse à droite avec des pelles qui ne sont pas dans le même axe. 3/Quand la mer est croisée, le bateau est chahuté, il roule. Il faut donc composer entre les deux mouvements, celui du bateau et celui de la mer, qui ne sont pas à l'unisson notamment quand les vagues sont pyramidales. Ca complique encore la nécessaire désynchronisation des deux mains ». A ceci s'ajoute le fait que si la vague est réellement très élevée à gauche, la pelle ne peut pas monter aussi haut que celle-ci au risque d'avoir la partie basse de la rame taper sur le plat-bord. Et... de prendre la poignée dans le tibia. En résumé, ramer sur le parcours de la Bouvet Guyane implique donc de regarder tout le temps à gauche (bonjour les torticolis) et de « piocher » dedans (rentrer la pelle dans l'eau) au bon moment, c'est-à-dire dans le dos de la vague. « Trop tard tu rames dans le vide et trop tôt tu prends un coup violent dans le bras. Et quand la mer est formée, ramer la nuit peut rapidement devenir dangereux », ajoute Jean-Luc. C'est pourquoi les rameurs de la Bouvet Guyane prient pour une accalmie et un ciel dégagé afin de s'essayer à l'exercice nocturne sous les feux de la lune.

CLASSEMENT DU JOUR : A 14H00 TU

1. Pascal Vaudé
2. Henri-Georges Hidair 
3. Francis Cerda

 

 

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