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Jodla 13/12/11
Circulez, y'a rien à voir : Kourou au pays des soviets

Le déplacement d'un marché, c'est bien connu, ça ne concerne que les marchands et surtout pas la population. Un marché sans usagers, c'est nouveau, mais ça peut exister au pays des soviets (voir jodla du 10/12). La réunion organisée aujourd'hui à la mairie de Kourou pour décider de l'avenir du marché Hmong avait donc été interdite à toute personne autre que les commerçants du marché. Une réunion technique, parait-il. Les usagers ont donc été priés de rester dehors, y compris le Collectif des Habitants de Kourou, ainsi que les journalistes qui avaient fait le déplacement (Emmanuel Toko, Marion Briswalter de Guyaweb*, et Orianne Cormier de France-Guyane).

Une petite poignée de personnes, mais témoins gênants sans aucun doute. Sista s'est pour sa part offert le luxe de s'introduire silencieusement dans la salle malgré les glapissements quémonesques, et de se faire expulser manu militari par la police municipale présente en nombre, sur ordre du sénateur-maire appelé à la rescousse. Epique, à coup sûr.

Toujours est-il que les commerçants du marché ont été très nombreux à avoir répondu à l'invitation (après avoir fait circuler le matin même une pétition pour demander le maintien du marché Hmong). Un festival de mains rugueuses et de visages burinés de toutes les couleurs comme on en voit rarement dans les couloirs de la mairie de Kourou. A leur sortie, ils étaient plutôt satisfaits, mais pas très rassurés. On venait de leur promettre qu'ils pourraient retourner place de la Condamine après le 31 décembre et même, cerise sur le gâteau, que la place allait être refaite pendant ce temps.

Rien d'écrit bien sûr, et le seul document que les commerçants du marché avaient entre les mains à la sortie de la réunion s'intitulait : « Arrêté ordonnant la fermeture du marché de la place de la Condamine à partir du 15 décembre 2011 » (pdf).

D'accord ou pas, la population de Kourou devra faire son prochain marché au bourg de Kourou.
C'est beau comme la démocratie !

* Dans l'article de Guyaweb du 14 décembre, le maire de Kourou avoue ni plus ni moins l'arbitraire, en annonçant que l'emplacement sera fonction « des prix de vente, de la rentabilité ». Depuis quand un élu - qui cumule un nombre incalculable de fonctions et d'indemnités payées par le contribuable - peut-il se permettre de se mêler des marges que peut dégager un agriculteur ou un marchand de légumes ? Dans le même temps, le maire avoue implicitement que certains ne seraient pas en règle. La faute à qui ? A chaque marché, un agent de la mairie vient relever les compteurs. Il ne contrôle rien ? Quant au règlement du marché, de la Condamine ou du vieux bourg, qui l'a déjà eu entre les mains ?
La politique à Kourou dans toute sa splendeur !