Faire grève dans un hôpital demande qu'on le fasse avant tout avec un maximum d'humanité. C'est loin d'être le cas à Cayenne où règne un état de siège scandaleux. Aux dires même du syndicat CDTG : « C'est une prise d'otage » (France-Guyane). L'hôpital de Cayenne est d'une façon chronique confronté à un grave manque de moyens, mais est-ce une raison pour faire une grève aussi malpropre ?
Revendication principale de la grève : qu'on embauche des femmes en fin de contrat à durée déterminée, sous prétexte qu'elles sont enceintes. Une revendication difficile à comprendre lorsqu'on sait que, dans la fonction publique hospitalière, les recrutements se font par concours, ouverts à tous. Alors que cherche-t-on en menant, avec autant de mépris de l'autre, une grève qui fait souffrir avant tout les plus démunis et dégrade encore plus le climat social. N'est-il donc pas possible de trouver des formes de protestations dignes, sans avoir recours à des procédés fascisants ?
Onzième jour de grève. Les grévistes de l'UTG, emmenés par une mégère vociférante, imposent leur dictature aux malades et au personnel non gréviste. Plus personne ne rentre en voiture dans l'enceinte de l'hôpital, sauf les grévistes. Sous les trombes d'eau, malades et employés doivent rejoindre à pied les 500 mètres qui séparent le mur d'enceinte des unités de soin. Les poubelles ne sont plus vidées, le linge n'est plus lavé, et tous les ravitaillements de l'hôpital doivent se faire à pied, entrainant toutes sortes de pénuries. Pourtant seulement 14 % du personnel est en grève.
A l'hôpital de Cayenne, les médecins sont au bord de la crise de nerf. «
On a peur de parler », dit l'un d'entre eux «
parce qu'il n'y a personne pour nous défendre, les choses ne sont pas si claires ». Et parmi le personnel non-gréviste, on sait qu'il vaut mieux se taire, parce que sinon «
ils vont vous le faire payer ». Des méthodes terroristes qui semblent porter leurs fruits puisque, après avoir été reçue par le préfet, Patricia Saïd (UTG) expliquait la bouche en coeur qu'elle avait eu le sentiment d'avoir été comprise.
Toujours est-il que l'hôpital est maintenant dans un tel état de dénuement et de détresse que la Croix Rouge a dû faire appel à la population pour obtenir des dons destinés à approvisionner un système de soin en perdition.
Au onzième jour de grève, le Conseil Régional, muet jusqu'ici, vient de s'exprimer : «
Les élus que nous sommes ne peuvent rester insensibles devant cette situation ». (
communiqué complet)
Il était temps !
Blada, 26 janvier 2006.
Réagir à cet article
Note : Côté Région, le communiqué est tiède mais les prises de position verbales sont violentes : Le 27 janvier 2006, France-Guyane rapportait les propos du président de Région qui se ralliait en termes guerriers aux grévistes de l'UTG : « Comme dans une coalition, vous venez de recevoir de nouveaux soldats pour vous aider ».