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Jodla 01/04/10
Le plan de reconstruction d'Haïti en question
dans La Semaine Guyanaise

Le dossier spécial sur Haïti, préparé cette semaine par Jérôme Vallette et pudiquement intitulé « Haïti face à son avenir », prend tout à coup une belle dimension subversive avec l'apport de la presse haïtienne, invitée à y participer. Les cinq articles du Nouvelliste, d'Alter Presse et du Matin publiés dans ce dossier semblent tous nous dire sur différents registres que le peuple haïtien risque encore une fois d'être le grand perdant de l'histoire à la conférence mondiale des bailleurs de fonds d'Haïti qui doit statuer sur le plan de reconstruction. « Certains secteurs clés de la vie nationale, notamment l’université, les organisations syndicales, la classe politique, l’église et autres, ont tout simplement été, jusque-là, ignorés dans le débat », écrit Le Matin.
Et Jérôme Vallette commente : « Pourtant, les Haïtiens ont su mettre en avant les causes récurrentes du mal : corruption, absence de contrôle des politiques, imprévision aux risques naturels, ingérence de l’Occident et, aussi, inadaptation des politiques publiques face aux choix de la population : Celui d’un développement propre à sa culture.»

Quand CNN montre des images des Haïtiens pataugeant dans la boue, l'inlassable combattant Gary Victor, écrivain et chroniqueur du Nouvelliste, crie sa rage : « J’aurais trouvé plus logique que cette presse se pose des questions sur les centaines de millions de dollars* collectés chez le peuple américain pour venir en aide au peuple haïtien. Quel est le pourcentage de ces sommes qui revient effectivement aux victimes ? Quel est le pourcentage de ces sommes qui passe en frais administratifs, en billets d’avion, en primes d’assurance, en chambres d’hôtel, nourriture, location de véhicules, essence, paiement de salaires ou de per diem, etc. ? Bref ! » Et plus loin, parlant de son pays, Gary Victor ajoute : « Le problème, c’est que cet État n’est pas fait pour donner du service aux citoyens qu’il méprise profondément. Sa raison première est toute autre et tout ce qu’il fait en dépend. Dans la difficulté et la rareté, elle fait son beurre et satisfait la psyché de ceux aux commandes de cette aberration.» Mais une fois la colère retombée, Gary Victor finit par conclure : « Nous y sommes si habitués que cela devient pour nous plus que normal.»

Puisque l'occasion nous est donnée, rappelons qu'un appel a été lancé en faveur de la presse libre et indépendante d'Haïti pour aider ceux « qui, malgré l’absence de moyens, continuent de se poser en aiguillons d’un système à genoux** » :
Le Club de la presse de Guyane demande des dons soit en matériel (ordinateurs, téléphones, fax, imprimantes, scanners, etc...), soit par virement sur le compte postal « Club Presse Guyane Opération Haïti Séisme - compte 108900Z ». Un comité de suivi doit être mis en place pour assurer la transparence et la pérennité de cette action :
Contacts pour cette opération :
Emmanuel Toko (06 94 41 84 59) Mail : e.toko@wanadoo.fr
Johane Alvarez (06 94 22 59 24) Mail : jaez27@wanadoo.fr

* Le Monde du 1er avril 2010 : Les pays donateurs promettent près de 10 milliards de dollars, et Culture Femme : Haïti : succès pour la conférence internationale des donateurs, et vidéo sur France 24. Voir aussi (et surtout) sur Irin news : Haïti: Un plan pour la reconstruction.
** Jérôme Vallette : « Dossier spécial Haïti »