Dans la perspective de la Saint-Valentin, une fête grande consommatrice d'or, le WWF tente depuis plusieurs jours de "conscientiser" les Français sur l'origine de l'or qui vous a peut-être été offert. D'où vient ce beau bijou ? Comment a-t-il été extrait ? Comment est-il arrivé jusqu'à votre bijoutier ? Posez la question, et posez-vous la question ! C'est ce que recommande le WWF (relayé par son antenne en Guyane), qui a organisé un happening place de la bourse à Paris et lancé une pétition, assortie d'une vidéo, dont personne ou presque en Guyane ne semble avoir entendu parler : Non à l'or illégal. Seulement 2062 signatures à l'heure où nous écrivons ces lignes. C'est bien peu pour un territoire comme la France. Pourtant, le relais dans les médias de l'hexagone est important. Citons-en quelques-uns : Psychologies.com, Durable.info, Consogonzo, Enviro2b.com, Metro France, Développement durable, et Libération, qui rappelle à l'occasion la lettre de Kindy Opoya dénonçant l'empoisonnement et l'enfer que font subir les orpailleurs aux Amérindiens.
Belle initiative que celle du WWF, mais qui arrive après un constat d'échec retentissant auprès des politiques qui ont déserté le combat contre ce fléau dévastateur du territoire de la Guyane. Et pendant ce temps, l'Etat négocie des gros contrats d'armement avec le Brésil, rendant les accords de coopération quasiment impossibles à mettre en oeuvre. L'hypocrisie est ainsi durablement installée à tous les niveaux...
Récemment, comme le rappelle Libération, le WWF s'est fait l'écho d'une incroyable exception guyanaise : la Guyane est le seul territoire français où la loi de garantie, qui oblige à tenir un livre de police dans les comptoirs d'or, n'est pas appliquée. Qui que vous soyez, vous pouvez y vendre votre or, même obtenu dans les pires conditions d'esclavage et de pollution. Et tout le monde détourne le regard de cette monstruosité qui a engendré d'incalculables désordres, parce que les gros sous et la politique ont toujours fait trop bon ménage, et certains discours deviendraient intenables si on mettait le doigt dans l'engrenage trop bien huilé du cynisme et du tripatouillage des consciences qui conduit la Guyane à sa perte.
Et le désordre avance, inexorablement. L'un des derniers combattants de l'impossible, Maïouri Nature Guyane, tente encore de dénoncer des invraisemblances coupables, dans l'absolu silence des médias guyanais : la position douteuse du BRGM qui siège en permanence à la commission des mines, mais dont le statut ambigü résiste mal à l'examen approfondi auquel s'est livré Maïouri Nature (communiqué) et entâche de doute les trois permis de recherche sur 100 000 hectares attribués en Guyane à la géante minière Newmont.
Dans la partie moins visible du sabotage en règle de la Guyane, l'attribution d'une autorisation de recherche minière (ARM) accordée sur la crique Péril, au nom prophétique, sur le fleuve Sinnamary, n'a jusqu'ici pas ému grand monde. « Toute cette zone est un véritable paradis », écrit le guide Patrick Fresquet dans un appel au secours au préfet de Guyane, dans un combat quasi désespéré pour garder ce qu'il reste encore du patrimoine incomparable de la Guyane, soutenu dans son action auprès du préfet par Maïouri Nature, par la Ligue de canoë kayak et pirogue, et par la Compagnie des Guides de Guyane qui donne aussi l'alerte sur l'incohérence des décisions prises par rapport au SDOM (Schéma d'orientation minière). Dans le plus grand silence médiatique, évidemment.
Alors, il est beau votre bijou ? Sent-il la sueur, le sang et les larmes ?
La prochaine fois, dites-lui que vous préférez les fleurs.
passer une petite annonce
passer une annonce de covoiturage
passer une annonce d’emploi
associations, postez vos actualités
participez au courrier des lecteurs
Lancements 2022
Vol 259 Ariane 5