Nourris et même gavés de promesses de réformes administratives, pour beaucoup aussi nébuleuses que le traité de Maastricht, et censées faire office de projet politique, il va nous falloir, au lendemain de l'arrivée de Vaval, mettre dans l'urne un bulletin inutile, mais décidément nécessaire. D'ailleurs, même Vaval se fait le symbole de ce qui nous arrive : faute d'avoir réussi à s'entendre, pour la première fois en Guyane il y aura deux Vaval, un à Cayenne le 9 et un à Kourou le 8.
Chacun tire la couverture de son côté - de la pseudo-gauche à la pseudo-droite en passant par la vraie droite dite de gauche - pour son propre prestige, occupé à faire « son » carnaval. Et tant pis si ça n'amuse pas « le peuple » !
Est-il même nécessaire de lui demander son avis, à ce peuple malmené ? Oui bien sûr, puisqu'il s'agit d'en tirer sa légitimité, même si elle est gravement entachée par le clientélisme échevelé sur lequel nos politiques sont confortablement assis depuis des lustres. Jusqu'à fausser la donne de la démocratie, verrouillée par les pratiques douteuses. Et on s'applique jour après jour - abondamment relayés par des médias complaisants ou complices - à diviser les électeurs en « communautés », autrement plus maniables que des citoyens informés et conscients, et dont les intérêts propres n'ont pas grand chose à voir avec leur appartenance à une communauté.
C'est si vrai que sans même se poser de questions existentielles qui pourraient mettre à mal l'analyse, on arrive à nous proposer une définition de « l'identité guyanaise » brutale et insensée, dans la négation de ses propres racines. En préambule au document dit « fondement de projet de société », telle une soupe populaire servie à des clochards. C'est bien bon pour les Auvergnats ! D'emblée, il nous est dit qui est Guyanais et qui ne l'est pas, et beaucoup ne s'y reconnaîtront pas. Comme si cette terre amérindienne d'Amazonie n'était pas devenue à elle seule une sorte de témoin de la mondialisation à visage humain, enrichie au fil du temps par des populations venues d'Europe et d'Afrique et de TOUS les continents de cette planète, n'en déplaise aux ségrégationnistes de tout poil qui ont oublié de regarder ce qui se passe réellement autour d'eux.
« Kon kom komunoté » titre cette semaine André Paradis (demain dans La Semaine Guyanaise), avec qui nous partageons sans réserve la conclusion de sa chronique :
« Je sais bien que les médias encouragent le communautarisme parce que ça les arrange, c’est du film et de la bande sonore facile quand on n’a pas d’imagination. Et puis ça facilite
l’identification définitive, hargneuse et armée. Et ça crée des liens les samedis soirs pleins de bière. Et puis encore, il faut respecter les traditions, car les traditions c’est super, ça remplace l’éducation. Alors, je souhaite une mauvaise année à tous ceux qui n’ont pas d’éducation. »
Blada
A propos de nos compatriotes de l'hexagone, trimballés eux aussi dans des débats identitaires absurdes, on pouvait lire récemment dans Le Monde, sous la plume d'Emmanuel Todd, un propos à calquer sur la Guyane : « La société est très perdue mais je ne pense pas que les gens aient de grands doutes sur leur appartenance à la France. Je suis plutôt optimiste : quand on va vraiment au fond des choses et dans la durée, le tempérament égalitaire des Français fait qu'ils n'en ont rien à foutre des questions de couleur et d'origine ethnique ou religieuse ! »
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