La disparition du mensuel
MenMoMag et celle de
René Ladouceur - son rédacteur en chef, parti vers d’autres activités - se fait cruellement sentir, et les moyens d’expression pour une presse libre sont de plus en difficiles à trouver en Guyane.
Ainsi donc, on peut refuser au dernier moment un article qu’on a pourtant commandé. Mais dans ce cas, où le faire paraître ? Quelle est la presse écrite (
on exclut RFO) susceptible de recevoir en Guyane une enquête sans complaisance sur un sujet qui nous concerne ? Le public guyanais n’aura donc pas accès à l’article - pourtant fort instructif - de
Frédéric Farine intitulé «
Le pétrole guyanais irrite avant exploitation ». Blada vous en livre ici quelques éléments.
Selon Frédéric Farine, à la suite d’une étude d’impact réalisée à la vitesse de l’éclair, sans consultation des pêcheurs ni des écologistes, la société australienne Hardman s’apprêterait à prospecter au moyen de « sismiques », de Kourou aux frontières du Brésil, dans la plus totale opacité, et dans l’indifférence au moins apparente des politiques locaux.
Frédéric Farine s’est procuré la notice d’impact réalisée par Komex pour Hardman - qui prévoit entre autres «
l’exclusion des activités de pêche » durant la sismique – et la commente comme suit :
Extrait :
«
Ce document rappelle que, selon des études norvégiennes, « les batteries de canon peuvent perturber les poissons sur de grandes distances ».
Il préconise, par ailleurs, des tirs d’intensité progressive « permettant aux mammifères marins de s’éloigner ».
Certains passages de cette notice laissent perplexes. Ainsi, s’il y est avancé que « l’utilisation des ports guyanais par le vaisseau d’étude pourrait engendrer des impacts économiques positifs pour la Guyane »,
il est précisé plus loin que le vaisseau en question, le Polar Princess, « se ravitaillera en mazout au Surinam ».
Plus croustillant, la notice, qui signale avoir été réalisée « uniquement par évaluation de documentation en bureau »,
prétend que le « port de Cayenne offre un service de bateaux à vapeur ».
Or, ce port est fermé depuis trois décennies. Quant à ses bateaux à vapeur… »
Fin de citation.
Et s’il s’avérait que le gisement pétrolier était exploitable, la loi prévoit une redevance pour la France de 6% à 12 % selon la production. La Guyane, quant à elle, irait se rhabiller, le transfert à la Région du pouvoir de délivrer les titres miniers en mer - prévu par la loi d’orientation - n’étant pas encore opérationnel. Et ça semble ne déranger personne…
Blada, 25 octobre 2005
Voir aussi Communiqué des Verts Guyane sur le sujet