« Je me suis surpris à aller chercher les épreuves de son livre à Paris avec exaltation », confie Frédéric Farine dans une longue introduction aux bonnes feuilles de « Oro & co », de Cizia Zykë, publiées par la Semaine Guyanaise. A croire que les efforts de l'auteur pour tenter de ressembler à un aventurier-baroudeur n'ont pas été vains, et que la testostérone étalée à la plume peut encore se vendre. C'est vrai que la Guyane offre un terrain de choix qui ne pouvait manquer d'attirer un Cizia Zykë et son discours binaire, avec des situations qui s'apparentent à un mauvais western où le shérif ne fait jamais la loi. Et le trait est forcé jusqu'à la caricature pour le seul plaisir de décrire un univers impitoyable au centre duquel un gros dur regarde le petit peuple d'un air condescendant. Ces quelques pages d'un livre à paraitre aux éditions Fleuve noir peuvent parfois être drôles, ou même à la rigueur être interprétées comme un énième témoignage sur un pays de non-droit, mais c'est loin de suffire pour nous faire oublier qu'il existe de vrais aventuriers du verbe, à des années-lumière de cette petite prose enflée et finalement très conventionnelle.
(Voir aussi jodla des 23/01/09 et 30/01/09.)
Juste avant la pub pleine page des élus pour nous convaincre des bienfaits de l'évolution institutionnelle se trouve l'édito d'Alain Chaumet, qu'il serait dommage de manquer : un « Avertissement à tous les Guyanais...», qui commence par une question « Et si on se faisait confiance ? ». Dans ce pays tourmenté qui ne parvient à aucune cohésion d'aucune sorte, et où même un Alain Chaumet ne semble pas trouver sa place, les questions sont obsédantes et sans fin : « Une micro société constituée, avant tout, d’individus isolés dans leur identité, dépourvue d’un certain nombre de passerelles sociétales en dehors de la famille ou des associations. La multiethnicité guyanaise a, par ailleurs, fini par ajouter une couche supplémentaire à l’isolement des uns par rapport aux autres. Au bout du compte, chaque tête qui émerge est considérée intuitivement comme une gêne ou un risque plutôt que d’être perçue comme un signe d’encouragement. J’ai vécu moi-même nombre de situation de cette sorte, et c’est pourquoi, je puis en témoigner.»
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