Bouleversée par l'immobilisme de notre société à la suite d'une tournante au collège Catayée de Cayenne, Agathe nous avait donné à lire un terrible épisode de sa vie (jodla du 30 janvier), 25 ans après, pour nous amener à prendre la mesure de l'horreur de cet acte et de ses dégâts à long terme. Si son témoignage a secoué plus de 2000 lecteurs qui en ont pris connaissance, Agathe n'en est pas sortie indemne elle non plus, même si sa démarche s'intègre dans un long processus de reconstruction.
Une lettre d'Agathe du 3 février 2009
j'espère que ca va faire réagir certaines personnes.
Samedi, une amie m'a dit avoir vu la vidéo, montrée par la fille d'une de ses amies. La gamine disait, "tu vois, elle est d'accord", et mon amie de me dire "oui c'est vrai, elle n'a pas l'air si contrainte que ça". J'étais choquée et encore plus anéantie que ça vienne d'une femme !!!
Je me suis résignée à lui raconter mon histoire. Elle était très silencieuse et a fini par me dire qu'il ne faut pas juger trop vite des images... Elle a bien raison. Les gens réagissent au premier degré, soit par manque d'intelligence, soit par peur d'affronter la vérité, sans doute trop choquante pour eux. Vérité qui oblige chacun à se remettre en question. Parce que ce problème, ce crime, concerne tout le monde.
Ce qu'il s'est passé est TROP courant en Guyane. Dans mon job, je fréquente beaucoup de jeunes garçons, pour eux, c'est quasiment "normal". Si elle couche à 13 ou 14 ans, c'est qu'elle en a envie, alors qu'ils soient 1, 2 ou 10, peu importe ! Selon eux, quand elle dit non, c'est juste pour se donner un genre. Mais en fait, selon eux, elle en a envie. Alors, ils foncent, qu'elle le veuille ou pas. Et puis c'est marrant de faire comme dans les films porno...
Je vous avoue que depuis une semaine, ça ne va pas trop bien. C'était, je l'espère, utile que je le fasse, mais ca me touche bien plus que je ne l'aurais imaginé. L'écrire, le voir écrit, ça prend encore une autre dimension.
Samedi, un homme m'a fait des avances. Il m'a fallu une force surhumaine pour les repousser. Non pas que j'en avais envie, bien au contraire, il me rebutait presque. Mais la peur est revenue. Tout s'affolait dans ma tête et je me suis à nouveau dit : "si je refuse, il va quand même le faire. J'ai été un vulgaire objet sexuel, je le reste..."
Merci encore d'avoir publié mon récit. Si vous voulez aussi publier ce que je viens d'écrire, ce n'est pas un problème. Les gens doivent réagir.
Agathe
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