« Il ne peut pas y avoir deux lois ! », s'offusquait Elisabeth Godon en présentant son dernier livre, « Les enfants du fleuve » le 13 mars à la librairie Encrage. Psychologue scolaire sur le fleuve depuis cinq ans, elle témoigne, à défaut de pouvoir faire cesser les injustices : « Les écoles existent, les enseignants existent, mais rien n'est aux normes. La loi ne peut pas être respectée : pas d'ophtalmo alors qu'on sait qu'un enfant sur trois a des problèmes de vue, pas de psychomotricien, pas d'assistante sociale, pas d'enquête sociale, pas de famille d'accueil, pas de structures. Alors comment faire ? »
Pourtant on y exhibe jusque sous les caméras de la télévision nationale sa fortune insolemment acquise sur la misère du peuple, sur fond de commerce illégal, de trafics en tous genres, de prostitution, d'extraction aurifère polluante et dévastatrice (« L'or clandestin » dans la Semaine Guyanaise). Et on se paie en or alors que tout cela est illégal mais toléré, comme est tolérée depuis trop longtemps l'injustice faite aux enfants du fleuve.
Sans rapport, dites-vous ? Pas si sûr !
Ici on s'indigne sur un haut débit qui n'est pas assez efficient, ici on voit sortir les rutilants 4x4 comme des champignons après la pluie, ici on distribue les billets d'avion comme des tickets de loterie, et on trouve même dans les bas de laine des lingots d'or racketté sur le fleuve. Mais là-bas, on réclame d'une petite voix jamais entendue le téléphone et l'eau potable à Camopi, et sur le Maroni le simple droit à la santé pour ses enfants.
Faut-il attendre quelque chose des opérations Harpie ? Nul ne peut encore le dire.
Ici on vire un chroniqueur le temps d'une campagne électorale comme vient de le faire RFO avec André Paradis, alors que c'est du jamais vu de l'autre côté de l'océan. Le fait du prince. La Guyane à deux vitesses là encore. On voit tant d'injustices, installées depuis si longtemps, qu'on finit par se demander si elles ne relèvent pas tout simplement de l'ordre naturel des choses. Mais il y a encore quelques petites voix qui s'élèvent ici et là pour dénoncer l'innommable. Ecoutons-les attentivement.
Elizabeth Godon, « Les enfants du fleuve », aux éditions L'Harmattan.
La Semaine Guyanaise du 22 au 28 mars, qui accueille, cette semaine encore, André Paradis.
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