Prévenons tout de suite le spectateur : ici nous sommes à des années lumière de Chon et Choun qui remplissent les salles cayennaises. Grégory Alexander est de cette nouvelle génération de Guyanais qui explore les recoins des problématiques humaines et qui donne à voir et à aimer ; et derrière le spectacle qu'il propose, qu'on ne s'y trompe pas, il y a long et profond apprentissage de l'art dramatique. Si « La Peur du vide » - cette œuvre théâtrale récemment primée et mise en scène par l’auteur - est une tragédie, elle est aussi mille et une autre choses et avant tout le point de départ d’un époustouflant talent qui se cherche encore.
Dans cette modeste salle municipale de Macouria, il y a des moments où on se serait cru au TNP, à Chaillot même, ou alors en pleine forêt sous des arbres plusieurs fois centenaires. C’est beau comme un chœur antique, épuré, esthétique à souhait, et selon la sensibilité du spectateur, absout d'avance par un son un peu confus qui ne permet pas toujours de bien décrypter le texte, chacun pourra y voir une histoire de dingues dans un hôpital psychiatrique (version officielle), ou une parodie de notre société, ou plus sûrement l’épopée d’esclaves échappés des plantations, détruits par la captivité, et qui tentent de retrouver leur humanité à travers une vie sociale ponctuée de chants et de danses, et qui se complique à l’infini ; d’autres y verront pourquoi pas un remake des Temps modernes de Chaplin, servi par un arsenal de percussions savoureuses, ou encore une introspection à la manière de Peter Handke. De la motivation évidente des quinze jeunes acteurs sur scène filtre un enthousiasme communicatif qui redonne du sens aux interrogations existentielles qu’on croirait oubliées.
A Macouria hier soir, de jeunes garçons estomaqués par la performance ont même vu dans la mise en scène de Grégory un haka et le coup de boule de Zidane !
Il est strictement interdit de rater ce spectacle qui passe à Kourou samedi 1er décembre, sous peine de se priver d’un événement culturel hors du commun, même si le lieu, mal adapté, risque de desservir le jeu des acteurs. Emmenez les jeunes sans (trop de) préjugés, ils devraient adorer ! Ce nouveau théâtre populaire vaut tous les jeux vidéo du monde. Encouragez ceux qui le défendent !
Blada, 30 novembre 2007.
Les prochaines représentations de La Peur du vide.
Photos du spectacle sur le site de la Compagnie Théâtrale Guyanaise.
Pour mieux préparer sa mise en scène, Grégory Alexander, à travers sa Troupe du Méridien, a dans un premier temps fait venir deux clowns de la Compagnie du Petit Labo, avec lesquels ils ont fait à Cayenne des stages avec les jeunes des quartiers et des spectacles au chapeau. Pour les représentations de « La Peur du vide », ont été retenus les jeunes stagiaires les plus motivés ou les plus talentueux, ainsi que les deux clowns de la Compagnie du Petit Labo.
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