La forme sans le fond, l'anecdote en guise d'information, en avant pour la peopolisation de l'information : Du jogging quasi quotidien de Sarko à la sortie de détention provisoire de membres de l'UTG, la soupe est servie, aussi bien en Guyane que de l'autre côté de l'océan, et le citoyen disparait sous le poids du consommateur. Consommez braves gens, mais surtout ne réfléchissez pas ! Quand Boutin prend ses notes sur un cahier d'écolier pour savoir comment fonctionne son ministère et que Bachelot trouve son bureau fermé et contemple avec ravissement qu'elle est dans la presse, côté Guyane on n'est pas en reste : France-Guyane des mercredi 16 et jeudi 17 mai consacrait presque une page entière « aux dix heures de garde à vue dans le cadre de l'incident qui a eu lieu fin mars à la centrale de Dégrad-des-Cannes », article monosource s'il en fut, où l'on cite tour à tour les commentaires des deux avocates de l'UTG, de plusieurs syndicalistes de l'UTG et même de son secrétaire général, des propos dans lesquels on retrouve des expressions violentes comme : collusion, criminaliser, mise à mort, faire des exemples... Et du directeur de l'EDF, on dira simplement qu'il s'estimait « "sequestré" avec le directeur adjoint sur qui certains salariés auraient commis des violences fin mars », seul rappel aux faits à l'origine de cette garde à vue. Côté justice et police, rien, pas un mot ! Pour ceux qui auraient envie de réfléchir encore un peu après ce plaidoyer, Kerwin Alcide nous sort le coup de grâce, son Johnny Hallyday à lui, sa Mireille Mathieu, son Dallas version Amour gloire et beauté, dans deux encadrés : L'un des syndicalistes n'a pas pu faire un bisou à sa fille malade avant son départ pour la France (il n'avait pas prévu cette urgence médicale quand il a "accepté" de répondre à la convocation de la gendarmerie... commente France-Guyane) et il devait aussi s'occuper d'un enfant en bas âge ; quant à Jean-Victor Castor, lui aussi « père dans la tourmente », sa femme était en voyage et il avait deux jeunes enfants à charge, et en plus il risque 15 000 euros d'amende !
Sortez les mouchoirs braves gens, voyez comme on maltraite de pauvres innocents ! Et surtout n'allez pas vous demander quelle est la situation de famille des membres de la justice et des forces de l'ordre qui se seraient sans doute bien passés de toute cette agitation, sans compter qu'ils auraient été autrement plus utiles dans d'autres registres.
Sur Radio Guyane, on n'a pas fait mieux puisqu'on nous a même gratifiés d'un direct en fin de journal (quand on sait à quel point les directs sont exceptionnels dans les journaux de Radio Guyane, l'affaire prend toute sa dimension...) pour nous faire vivre, dans l'instant même, l'événement tant attendu de la sortie de détention provisoire des syndicalistes de l'EDF, assorti des commentaires qui vont avec : « Tout va bien, Jean-Victor a le sourire.»
Nous aussi on a le sourire, mais on claque un peu des dents quand même...
Pour essayer de résister à l'intoxication déjà bien avancée, on peut consulter avec intérêt le site de l'excellente émission de la 5 diffusée à une heure ingrate et qui s'efforce de décrypter l'information servie quotidiennement à la louche : Arrêt sur images. A quand une émission de ce type en Guyane ? On en rêve...
Blada
21 mai 2007
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