On peut parcourir les chemins de forêt en talons aiguille (sic) et faire de la politique avec des gros sabots. C’est la démonstration que vient de nous faire Nelly Olin, ministre de l’écologie et du développement durable. Venue pour mettre en place un parc national sans avoir tenu compte des avis des populations concernées, elle avance d'un pas pesant. Les conclusions des commissaires enquêteurs, quasiment confidentielles, n’ont même pas été mises en ligne, malgré le fait que
le parc avait un site internet tout désigné pour les recevoir. C’est qu’elles comportaient bon nombre d’observations qui n’allaient pas dans le sens des gros sabots, il était donc judicieux de ne pas les mettre à la portée du plus grand nombre.
Arrivée en Guyane pour mettre en place le conseil d’administration du parc : chou blanc, personne n’est prêt, et pour cause. Le collectif de soutien aux Amérindiens du Haut-Maroni sera traité de la même façon que les élus et la population. Non seulement la dame aux talons aiguille et politicienne aux gros sabots n’a pas jugé utile d’aller à la rencontre du collectif, mais elle n’a pas non plus honoré l’entretien qu’elle avait fini par leur accorder, hier. Après avoir attendu près de deux heures, le collectif a été reçu par un sous-fifre qui leur a crachouillé des paroles convenues.
La boue commence à coller aux sabots lorsqu’on apprend que la dame aux talons aiguille tentait de rencontrer en tête à tête le Grand Man Amaïpoti Twenke et de l’emmener avec elle à Elahé dans son hélico, alors que le Grand Man, justement, était dans la délégation du collectif de soutien aux Amérindiens du Haut-Maroni qui tentait vainement de la rencontrer...
D’autres plus malveillants que nous auraient taxé cette attitude de colonialiste, mais il aurait fallu ne pas savoir que le peuple, quel qu’il soit, est bien souvent traité de la sorte par tous ceux qui ont eu l’occasion d’écraser leurs fesses dans les fauteuils moelleux du pouvoir.
La dame aux talons aiguille et politicienne aux gros sabots est donc partie pour Elahé, officiellement pour rencontrer les chefs coutumiers - qu’elle n’a pas voulu recevoir à Cayenne - et le Grand Man est reparti chez lui, à Twenke. Entre-temps, elle a annoncé, comme un « message d’espoir », qu’on pouvait très bien relancer une enquête publique plus simple qui ne porterait que sur le territoire concerné. Ce qui signifie en termes clairs que cette enquête porterait sur la zone de Maripasoula, avec tous les orpailleurs concernés et le lobby qui va avec. Mais on a un peu oublié de nous le rappeler.
A l’occasion de sa rencontre avec les associations environnementales, la dame aux talons aiguille s’est appliquée à minimiser les impacts de l’orpaillage dont on ne pouvait lui montrer que la face visible : la forêt détruite et les fleuves souillés. Mais la partie immergée de l’iceberg de la clandestinité et de la dégradation de notre société à travers la corruption se mesure sans doute mieux par l’observation de ce simple graphique extrait du site de l’
IEDOM. La Guyane exporte depuis des années et des années d'énormes quantités d’or qu’elle n’a jamais officiellement produites. Quand ouvrira-t-on les yeux ?