En décidant de se rassembler, le jour de l'arrivée de la ministre de l'écologie, devant ce lieu hautement symbolique qu'est la préfecture, les autorités coutumières, venues en nombre du Haut-Maroni, rejointes par des personnalités amérindiennes du littoral, n'avaient pas imaginé que la ministre de l'écologie ne prendrait pas la peine de venir les saluer et même qu'elle allait tout mettre en oeuvre pour les contourner et filer directement vers Kourou voir la fusée, après avoir fait une courte halte à Bourda.
Ils avaient refusé de bloquer la route de l'aéroport, pensant qu'elle comprendrait et qu'elle viendrait à leur rencontre. Peine perdue, le cynisme et l'indifférence était bien au-delà de ce qu'ils pouvaient imaginer. Et pendant que le rassemblement se décidait à aller rencontrer la ministre à la demeure préfectorale de Bourda, les forces de l'ordre bloquaient la route d'accès pour permettre à Nelly Olin d'assister au lancement d'Ariane, bien plus important à ses yeux sans doute que ce peuple fier et misérable, ce peuple sans voix et sans droits, qui se meurt silencieusement et qui tente pacifiquement d'assurer sa survie, sa simple survie.
Après que Jean-Paul Fereira, maire d'Awala ait lancé un appel à la population guyanaise et déclaré : «
Il est insupportable que des Français sur ce territoire soient traités de la sorte », le grand artiste arawak Rubens Makosi, triste à pleurer, ne cachait pas son amertume : «
Le maire d'Awala a raison, pour nous c'est encore et encore, on a encore perdu, on a perdu cette bataille. C'est comme une guerre, quand on a perdu toute sa famille et qu'on se retrouve tout seul, tout seul. La ministre vient pour signer notre défaite. On est perdus, mais même si on est perdus, on ne se décourage pas, on va continuer. Mais les autres qui habitent ici avec nous, ils vont pas nous laisser ? Maintenant on a besoin de tout le monde.»
L'avertissement est donné à Nelly Olin et à toutes les autorités : pour la première fois en Guyane peut-être, les Amérindiens ont bloqué la route dans l'agglomération cayennaise. Cette action, peut-être symbolique pour quelques uns, est d'une extrême gravité pour ce peuple pacifique. Il faudra désormais en tenir compte.
Ils sont venus spécialement du Haut-Maroni pour se faire entendre : le Grand Man Amaïpoti Twenke, les chefs coutumiers Aiwé Aloïké et Talhuwen Opoya. Et ils se feront entendre !
Tout manquement au respect qui leur est dû pourrait désormais coûter cher.
Autour d'eux s'organise une solidarité citoyenne, qui entend aider les habitants du Haut-Maroni à défendre leurs droits fondamentaux, jamais respectés, car c'est aussi de cette préfecture-là qu'est parti l'ordre, hypocritement appellé "erreur administrative", qui a permis aux orpailleurs de les empoisonner durablement.
Rejoignez le Collectif de soutien aux Amérindiens du Haut Maroni
pour demander ensemble, outre le rapprochement de la zone coeur du parc des villages Wayana :
- le maintien de l’arrêté préfectoral de 1970,
- le rattachement de tous les territoires amérindiens du Haut-Maroni à la zone cœur du parc,
- l’interdiction de l’orpaillage sur l’ensemble du Parc,
- la reconnaissance de la propriété foncière collective des communautés amérindiennes,
- le regroupement des villages amérindiens du Haut-Maroni en une Commune,
- la signature par la France de la convention 169 de l'OIT.
Voir aussi :
Communiqué du Collectif de soutien, en date du 11 mars, après la manifestation
Photos du rassemblement et de la manifestation