Blada.com

Jodla 18/12/06
Blada écrit au Collectif Dom

Bonjour
C'est la première fois que je prends contact avec le Collectif Dom, même si je reçois régulièrement vos informations pour des raisons professionnelles. La nomination récente de Claude Ribbe à la tête du Collectif m'amène à vous écrire en toute confiance.

Je viens de prendre connaissance de votre courrier de ce matin, qui commence ainsi :

« La légitime protestation des Français contre les propos de Pascal Sevran n'a, pour l'instant, pas abouti à son éviction de France Télévisions qui s'est contenté d'un sévère avertissement et - ce qui n'est pas sans intérêt - d'une modification des contrats des animateurs qui devront désormais s'abstenir de déclarations contraires à l'éthique de la chaîne, même en dehors de l'antenne.» Suite sur le site du collectif

Ce qui est valable pour un animateur me semble a fortiori valable pour un journaliste en fonction sur une des antennes de France Télévisions. C'est pourquoi j'ai souhaité porter à votre connaissance, avec le minimum de commentaires, ce qui suit :

J'ai créé en Guyane, depuis 2000, un webzine du nom de blada.com, qui est désormais très connu sur la Guyane (plus de 100 000 visiteurs par mois).

Le 15 décembre, j'ai écrit cette petite chronique (rubrique jodla), sous forme de charge virulente, à la suite d'une émission de Radio Guyane, « Parol Kontré », annoncée comme étant consacrée à la grève EDF :
Le texte se trouve à l'adresse suivante, mais je le recopie également ici :
http://www.blada.com/jodlas/1720-UTG_mon_amour.htm

UTG, mon amour
Hier, lors d'un affligeant « Parol kontré », RFO Guyane a livré près d'une demi-heure d'antenne à un petit mouvement aux méthodes terroristes, avec Bertrand Villeneuve dans le rôle du cireur de pompes. Près de trente minutes de gargarismes pour nous expliquer, sans contradicteur, à nous pauvres crétins ignorants, que si on nous avait coupé le courant pendant une semaine, c'était pour notre bien à nous.

N'allez surtout pas croire que cette grève à l'EDF avait pour but d'accaparer le service public à des fins purement politiques, vous auriez vraiment mauvais esprit et vous n'auriez rien compris aux priorités qui déterminent l'avenir de la Guyane.

André, un auditeur, a eu beau demander d'entrée de jeu pourquoi le privé n'aurait pas le droit de produire de l'énergie en Guyane sans pour autant avoir reçu de réponse intelligible, nos militants n'en ont pas moins martelé leurs pauvres arguments de micro-dictateurs, plus lucides que le peuple et mieux informés que ses représentants élus démocratiquement.

Le cireur de pompes a soigneusement évité d'en parler, mais on a pourtant vu, en février de cette année, ce qu'il en était des méthodes de ce mouvement sous emballage indépendantiste lors de la trop longue grève à l'hôpital de Cayenne. Une grève menée elle aussi dans le plus grand mépris des usagers et qui nous donne aujourd'hui l'occasion de voir s'épanouir, dans l'indifférence totale de nos auto-proclamés défenseurs du service public, Véronique, une grande et belle clinique privée disposant d'équipements très sophistiqués encore inconnus de l'hôpital de Cayenne, et bientôt rebaptisée - défense de rire - CSG (Centre de Santé Guyanais).

Le service public qu'est Radio Guyane ne sort pas grandi de ce Parol kontré.

Mais il est vrai que lorsque France-Télévision, qui chapeaute désormais RFO, se dispense de sanctionner un Pascal Sevran, comment s'attendre à mieux de l'autre côté de l'Océan ?

(fin de citation)
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Voici la réponse publique que m'a adressée Bertrand Villeneuve dans le courrier des lecteurs de blada.com :

Madame...
J'aurais pu m'engager sur le même terrain que vous et me lancer dans quelque chose du type "puisque vous parler de cirreur de pompes, je cire aussi les miennes pour vous etc". Je ne sais pas tomber aussi bas puisque mon expression professionnelle m'oblige à croire en la démocratie et encore plus à la liberté. Vous avez le droit d'analyser lucidement une émission de la radio publique et faire savoir, faire valoir votre point de vue.
en revanche, les injures... et ce n'est pas une première, je ne partage pas. Mais enfin votre haine de l'UTG vous pousse manifestement à toutes les extrémités, en tout à déverser tout le fiel de votre âme. Faut-il comprendre qu'il y a des vides dans votre vie, menque d'amour ou je ne sais trop quoi et pardonner... Comprendre peut être mais pas pardonner d'autant que vous vous érigez en donneuse de leçon. Seulement aveuglée par votre dénie de l'UTG, vous vous vautrez dans l'extrémisme et l'intégrisme que vous dénoncez. Ce qui est valable pour vous ne le serait pour personne d'autre.
Et on y revient, le colonialisme à la peau dure... et vous en êtes sans doute un portrait fripé qui n'a aucun respect à partir du moment qu'il s'agit de ceux qui se sont appropriés ce pays et de ceux qui les ressemble. Donner des leçons. Facile. Seulement, il faudrait soumettre à la sagacité de vos lecteurs que le fonctionnement de la centrale UTG est en tout point ce que personnellement j'ai vu en France. Elle est fille du syndicalisme à la française et on doit à l'honnêteté intellectuelle de constater que souvent elle pose les vrais problèmes. Que dîtes vous de ce que, aujourd'hui, bien des services de l'hôpital de Cayenne sont actuellement en travaux avec la gêne subie par les malades que vous pouvez supposer. Le service Ophtalmologie est carrément fermé et les rendez vous ne peuvent être honorés avant le mois de février.
L'extrémisme et l'intégrisme a relent anarchisant de droite, c'est chez vous que je la sens. Incapable de recul et d'analyse sereine pour comprendre les faits bruts et les critiquer. Il serait peut être temps de ravaler votre fiel pour gagner en lucidité et alors attaquer sur le fond radio Guyane et certains de ses journalistes qui ne pensent pas comme vous. Qui ne veulent pas se contenter de stigmatiser ce qui ne va pas et cracher sur ceux qui agissent. Ils se trompent parfois, oui, mais ils font des choses à côté du vide qu'ils ne remplissent pas. Parfois, il se passe de belles choses en ce pays-ci, des choses positives qui vous échappent forcément surtout quand les nègres d'ici ou pas, en sont à l'origine et il vous gêne qu'on le dise.
Dommage que la vie, que votre culture européocentriste ont fait de vous ce que vous êtes. Que du fiel. J'espère qu'avec la nouvelle année vous serez mieux entourée et par conséquent mieux ouverte au monde. Plus à l'écoute de la Guyane pour tout analyser sans aucune rancoeur mais seulement intelligence ferment d'honnêteté.
Je vous souhaite toutes les formes d'amour pour 2007...

(fin de citation)
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Ce courrier de Bertrand Villeneuve est publié sur mon propre site dans le thème "Les médias guyanais" : http://www.blada.com/boite-aux-lettres/courrier/Les_medias_guyanais/lecture.htm

A la suite de ce courrier, j'ai moi même mis en ligne une réponse, également disponible dans le même thème :

Si vous n'étiez le présentateur principal du journal de Radio Guyane, je pourrais sans doute rire de tous les vieux clichés éculés que vous manipulez. Hélas ! Mais je ne retiendrai qu'une chose : vous n'avez apporté aucun argument à la problématique soulevée dans notre jodla du 15 décembre : l'accaparation du service public - avec les conséquences graves que cela entraine - à des fins purement politiques, et votre complaisance à l'égard de ceux qui en sont la cause.

(fin de citation)
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Pour information, je précise que Bertrand Villeneuve est journaliste à Radio Guyane (RFO), et principal présentateur du journal.

Je pense pour ma part que sa réponse est odieuse, si ce n'est davantage, et inadmissible de la part d'un journaliste du service public. Il est vrai que je suis femme, que je ne suis pas jeune du tout (portrait fripé), et que je suis blanche, mais vous aurez sans doute deviné tout cela à la lecture du courrier de Bertrand Villeneuve. Je réside en Guyane depuis 1989.

Ayant toute confiance dans l'éthique de Claude Ribbe, nouvellement nommé à la tête du Collectif Dom, je vous laisse le soin de donner à ce courrier la suite qui vous paraitra convenable, et d'en donner communication, si vous le souhaitez, à la direction de France Télévisions.

Je ne ferai pour ma part aucune autre démarche, ni aucun autre commentaire.

Veuillez recevoir mes sincères salutations.

Odile Farjat

Le Petit Journal de Kourou
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