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Jodla 08/11/06
Quand Béna faisait sa loi dans l'Ouest

Aux assises jodla, deux noms nous rappellent une sordide réalité : dans la région de Maripasoula, à l'ère mémorable du préfet Vian, alors que l'orpailleur Jean Béna (condamné depuis et en fuite) faisait sa loi en toute impunité, ses hommes de main, armés comme des jungle commandos se livraient à toutes sortes forfaits, dénoncés dans l'indifférence dans la presse nationale (article sur RFI : Les Damnés de l'or guyanais), et (délibérément ?) mis en sourdine dans la presse locale (Rapport RSF 2003).

Ainsi sont jugés aujourd'hui aux assises à Cayenne deux hommes qui, selon toute probabilité, ne se présenteront pas. Et pour cause ! Soupé Poïté, jamais arrêté pourtant, est impliqué dans le meurtre d'une Amérindienne à l'arme de guerre, condamné en 1999 pour viol aggravé, condamné une deuxième fois en 2002 pour actes de torture. Il doit comparaitre aujourd'hui, avec son complice Armand Moussa (déjà condamné à 5 ans pour tortures), pour enlèvement et tortures suivies de mort (voir articles sur RFI : 5 ans fermes pour tortures, et Au royaume des orpailleurs).

Au journal de Radio Guyane ce matin, Laurent Marot précisait que l'affaire pour laquelle Soupé Poïté et Armand Moussa sont jugés aujourd'hui avait dans un premier temps été « classée sans suite ». C'est une nouvelle plainte devant le doyen des juges qui aurait relancé l'affaire.

On se souviendra qu'à l'époque du "règne de Béna", il était politiquement incorrect de parler de tout cela, nos médias locaux l'avaient bien compris (voir article de Reporters sans frontières). C'est ainsi qu'en mai 2003, l'obstiné Frédéric Farine, qui traitait pourtant régulièrement ces sujets avec Laurent Marot, avait été agressé par l'orpailleur Jean Béna, à la sortie du tribunal, alors qu'il couvrait pour RFO le procès en assises de Amoïssio Kido, impliqué comme Soupé Poïté dans le meurtre à l'arme de guerre d'une grand-mère amérindienne à Maripasoula.

A la suite de cette agression perpétrée par Béna, Farine avait porté plainte et avait eu bien du mal à se faire entendre, au point de passer pour un agitateur !!! Voir chronique : Un procès pour la liberté de la presse en Guyane