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Jodla 22/05/06
Mais qu’est-ce qu’on attend pour agir ?

France-Guyane fait aujourd'hui sa Une sur les meurtres de l'Arataï sous le titre « La science perd du terrain », mais côté RFO, radio... et télé, rien, un silence de plomb semble s'être installé sur cette affaire. On a visiblement d'autres priorités, mais lesquelles ?

Malgré tous les avertissements qui se multiplient, émanant de sommités scientifiques, d'associations ou même de simples citoyens, malgré toutes les vies perdues (dans un courrier du 21 mai, Jean-Pierre Policard estimait que les morts de l'orpaillage en Guyane correspondraient à l'échelle métropolitaine à 13 200 morts par an), malgré une insécurité record dont on fait mine de ne pas comprendre d'où elle vient, la barbarie semble s'être installée durablement sur le territoire de la Guyane sans que rien de sérieux ne soit fait pour protéger les hommes et la forêt.
Parmi les innombrables mises en garde, citons, en janvier 2005, un avertissement qui aurait dû pourtant alerter les consciences, celui d'éminents scientifiques de l'Association for Tropical Biology and Conservation : Les scientifiques tirent le signal d'alarme sur l'orpaillage illégal dans les parcs tropicaux.
Mais rien, toujours rien, et la situation ne fait qu'empirer. Pourtant on sait bien que dans ces tuyaux de l'illégalité s'engouffrent toutes les misères humaines de la corruption, de la drogue et de la prostitution, et la Guyane est en train de sombrer, tel un grand navire tout vert à la dérive, emportant dans son naufrage des passagers en majorité indifférents, repliés sur eux-mêmes, coincés entre petits profits et grandes magouilles, cédant aux pires réflexes d'auto-défense plutôt que d'ouvrir les yeux sur la réalité et de chercher refuge dans la solidarité pour mieux se faire entendre.

Communiqué de Pierre-Michel Forget
Docteur en Biologie Végétale Tropicale,
Maître de conférences du Muséum National d'Histoire Naturelle,
Département Ecologie et Gestion de la Biodiversité

Mais qu’est-ce qu’on attend pour agir ?