Voilà une année qui est en train de se terminer, et qui ne devrait pas donner beaucoup de raisons d'être regrettée. Elle restera marquée par la perte de Nelson Mandela, bien trop vite enterré, bien trop mal célébré, et dont nous n'avons pas fini de mesurer toute la puissance pacificatrice. Le père de la nation arc-en-ciel devrait pourtant nous parler plus qu'à tout autre, parce que nous aussi nous peinons à faire société, à trouver des valeurs communes, manipulés que nous sommes par des intérêts trop disparates et mal compris, des voix trop stridentes, des discours tordus où l'exclusion de l'Autre est toujours au bout du chemin. Nous avons pourtant en Guyane une chance immense, celle d'être encore proches des fondamentaux des peuples autochtones. Mais avant qu'il ne soit trop tard, il nous faut, comme Mandela, apprendre à les retrouver, à les connaitre, à les comprendre, et à les assimiler. Dans « Un long chemin vers la liberté », ce membre d'une famille royale qu'était Mandela décrit longuement le fonctionnement de la démocratie dans une société traditionnelle où il a été élevé avant de découvrir l'apartheid. Et il rappelle que, tout au long de sa vie, il s'en est constamment inspiré : « En tant que responsable, j'ai toujours suivi les principes que j'ai vus mis en oeuvre par le régent à la Grande Demeure. Je me suis toujours efforcé d'écouter ce que chacun avait à dire dans une discussion avant d'émettre ma propre opinion. Très souvent, ma propre opinion ne représentait qu'un consensus de ce que j'avais entendu dans la discussion. Je n'ai jamais oublié l'axiome du régent : un chef, disait-il, est comme un berger. Il reste derrière son troupeau, il laisse le plus alerte partir en tête, et les autres suivent sans se rendre compte qu'ils ont tout le temps été dirigés par-derrière. »*
Nous avons nous aussi en Guyane un long chemin à parcourir, à condition de ne pas se laisser distraire par le chant des sirènes, bruyantes, volubiles, fondamentalement nocives, et qui cherchent à nous entrainer vers une forme de brutalité, dite guyanité.
Une très bonne année à tous les lecteurs de blada, faites en sorte de survivre en bon état pour que nous puissions trouver la conscience qui nous fait tant défaut.
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* Plus loin, dans le même ouvrage, Mandela précise encore : « Cette société comprenait encore bien des éléments primitifs ou peu élaborés et, à l'heure actuelle, elle ne serait plus viable, mais elle contenait les germes de la démocratie révolutionnaire, où il n'y aura plus ni esclavage ni servitude, et d'où la pauvreté, l'insécurité, le besoin seront bannis. C'est cette histoire qui nous soutient, mes cararades et moi, dans notre lutte. »
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Vol 259 Ariane 5