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Cinquantenaire des indépendances africaines :
un jubilé pour quel bilan ?

Par Lawoetey-Pierre AJAVON


Pierre Lawoetey AJAVON est Docteur 3ème cycle en Ethnologie, et Docteur d'Etat ès Lettres et Sciences Humaines (Anthropologie des Sociétés Orales). Enseignant-chercheur en Histoire et en Anthropologie, il est auteur de plusieurs articles dans des revues spécialisées.
Son dernier ouvrage  « Traite et esclavage des Noirs, quelle responsabilité africaine ? » est paru aux éditions Ménaibuc à Paris en 2005.


On raconte qu’au milieu des années soixante, peu de temps après l’indépendance du Sénégal, ancienne possession française d’Afrique de l’Ouest, l’ex-président, feu Léopold-Sédar Senghor fut interpellé lors d’une visite officielle à l’intérieur de son pays par un ancien combattant en ces termes : « Monsieur le président, à quand la fin de l’indépendance du Sénégal ? »

Au moment où la France s’apprête à commémorer avec faste le cinquantenaire des indépendances octroyées à ses quatorze anciennes colonies d’Afrique francophone au sud du Sahara – avec affectation au bas mot, de seize millions d’euros à ces festivités - dont l’apothéose constituera le défilé de dix armées africaines sur les Champs-Elysées le 14 juillet prochain, la sempiternelle rengaine qui fait écho aux propos du vieux soldat sénégalais, et qui revient dans toutes les conversations en Afrique est :

Que fête-t-on au juste ? 

L’interrogation du vieux « tirailleur » sénégalais prend ici tout son sens.
Certainement celui-ci avait présent à l’esprit les lendemains meilleurs ou le « Grand Soir » promis par les hommes politiques africains à leurs peuples il y a cinquante ans. Promesses qui, comme on le sait, se sont malheureusement muées, au fil des ans, en cauchemars pour la plupart des 900 millions d’âmes qui peuplent aujourd’hui ce continent désigné sans aucun scrupule par les  « experts » en développement, comme le plus pauvre de la planète.

Et sans aucun doute, pendant qu’il tançait outrageusement le président Senghor, l’Ancien Combattant qui risqua maintes fois sa vie sur tous les fronts pour défendre la « Mère-Patrie » contre la barbarie nazie, en particulier pendant la Seconde Guerre Mondiale, avait conscience rétrospectivement des immenses sacrifices consentis un siècle auparavant par ses aïeux qui s’opposèrent farouchement aux conquêtes coloniales, au nom du sacro-saint principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».

D’ailleurs, la faible médiatisation et la discrétion qui entourent ce jubilé que le président Sarkozy voudrait « une grande fête africaine, en hommage aux soldats de la Liberté », renforce davantage la perplexité des Africains et l’indifférence des Français, dont 69% disent ne pas être concernés, d’après un récent sondage.

Hommage tardif s’il en est. En effet, faut-il rappeler le sort réservé en novembre 1944 à cette « Force Noire » à Thiaroye (banlieue de Dakar), par leurs propres frères d’armes Français de souche ? Le seul tort de ses « tirailleurs » était d’avoir réclamé à la France, après maints sacrifices au cours des différentes guerres, l’égalité de salaire avec leurs camarades blancs. Mais, mal leur en a pris : le  pouvoir colonial de l’époque, qui ne l’entendait pas de cette oreille, ordonna le mitraillage de leur camp retranché.  On dénombra des milliers de morts parmi ces soldats africains, tous non armés, dont la majorité avait séjourné dans les camps de concentration nazis. Ceux d’entre eux qui survécurent furent condamnés à de lourdes peines de prison.

En ce cinquantenaire des indépendances africaines, nous nous permettrons de citer l’extrait d’une lettre ouverte adressée par un autre Sénégalais au président Abdoulaye Wade, et qui illustre bien l’état d’esprit de la majorité des Africains, plus d’un demi-siècle après les indépendances nominales :

« Depuis 50 ans, vous dégradez, vous humiliez, et vous rendez faible le citoyen Sénégalais. Aujourd’hui, un nombre inestimable d’entre eux a repris la nationalité française. En clair, ils se sont mis à genoux, ils ont perdu avalé les revendications dignes et fières de leurs pères à la veille de 1960. De tout ça, les responsables s’appellent Senghor, Diouf et Wade. Aujourd’hui, ce qui serait vraiment juste si votre politique devait continuer, c’est de demander à votre mère patrie, la France, de vous recoloniser pour que tous soient au même pied d’égalité. Votre règne a créé des Sénégalais de plusieurs catégories : le mieux loti aujourd’hui, le Sénégalais double nationalité, l’immigré bien assis avec une carte de séjour, puis les sans papiers qui ont réussi à fuir et à errer dans les villes européennes, et en dernier, les peuples qui subissent et cherchent à la moindre occasion de se tirer. Quel échec ? Les enfants quittent la bergerie à cause des loups qui s’y trouvent. Aujourd’hui, une chose est sûre, si on offrait la nationalité française aux Sénégalais restés au pays, ton pays serait vide.»

A vrai dire, à la veille de l’émancipation de leurs pays, les élites politiques elles-mêmes étaient divisées en deux camps : d’un côté, « les modérés », favorables à une alliance consensuelle avec la puissance coloniale pour une transition en douceur, et de l’autre, les « progressistes » - ceux-là même que le Général de Gaulle soupçonnait, selon son expression, de « grenouiller chez les communistes du Kremlin » - adeptes d’une rupture radicale en vue de mettre en pratique leur propre programme politique et économique, non téléguidé de l’extérieur. Instruit par la résistance indochinoise à la colonisation française, et convaincu que l’indépendance était inéluctable, De Gaulle s’interrogeait : « Faut-il laisser ce mouvement se développer contre nous, ou, au contraire tenter de le comprendre, de l’assimiler, de le canaliser ? » Mais, comble de paradoxe dont seule la Françafrique a le secret, « l’indépendance fut donnée à ceux qui ne la voulaient pas », comme le dira plus tard Pierre Mesmer, ancien Gouverneur des Colonies et ancien Premier Ministre.

On comprend donc pourquoi, en vertu d’un pacte politico-mafieux visant à barrer la route aux prétendus « progressistes » qui n’étaient pas en odeur de sainteté à Paris, les précurseurs et vrais « Pères » des indépendances africaines, dont plusieurs nationalistes, furent contraints à l’exil ou physiquement éliminés, pour les remplacer par des régimes de pronunciamientos, plus enclins à garantir les intérêts de la Métropole. Lire à cet égard les mémoires de Jacques Foccart, homme lige du Général De Gaulle, et véritable artisan de la Françafrique dans : « Foccart Parle », 2 tomes, Fayard/J.A. 1998. Trouver des exécuteurs ou des bras armés pour leurs basses œuvres ? Les réseaux Foccart n’auront aucune peine. Les nombreux coups d’Etat militaires qui jalonneront la vie politique des jeunes nations africaines, pendant plus de quatre décennies, apporteront la preuve de la collusion d’intérêts entre l’ex-Métropole et les soudards autoproclamés président à vie, Père de la nation, Timonier national, Guide éclairé, et autres qualificatifs ubuesques.

La majorité des chefs d’Etat africains qui seront présents à Paris le 14 juillet prochain, et à qui le président français, Nicolas Sarkozy, déroulera le tapis rouge, ne doivent en réalité leur accession au pouvoir et leur survie politique qu’au soutien de la France. Aussi, Ali Bongo, Idriss Deby, Blaise Compaoré, Paul Biya, Faure Gnassingbé, Abdoulaye Wade, François Bozizé, Sassou N’guesso, bref le noyau dur, pour ne pas dire les plus serviles de la Françafrique, peuvent alors venir faire allégeance au grand « Bwana » blanc, et lui dire « Merci ».

Merci de les avoir sauvés des rebellions réelles ou imaginaires qui menacent périodiquement leurs régimes, merci de pérenniser leurs ploutocraties claniques et compradores, adossées aux fameux «  accords de défense et de coopération militaires », qui ne sont ni plus ni moins que des arsenaux destinés à protéger les dictatures bananières, et à dissuader toute velléité de protestation des populations.

Merci enfin de reconnaître officiellement leurs pouvoirs usurpés, issus de parodies d’élections, dont les fraudes, les bourrages d'urnes et les tripatouillages constitutionnels sont devenus des marques déposées de la Françafrique.
Ils seront donc tous de la fête, le 14 juillet prochain. Certains engoncés dans leurs costumes trois pièces de grandes marques occidentales, d’autres, drapés dans leurs grands boubous, en tissu basin, richement brodés, se disputant la première place à la « droite du Père », sur le perron de l’Elysée, comme signe de reconnaissance et de soutien de leur mentor à leurs fragiles régimes.

Que fête-t-on au juste ?

Cinquante années de relations mafiafricaines, pour reprendre la formule du regretté François-Xavier Verschave ? Ou cinquante années de pacte néocolonial, de servitude, de déni de démocratie, et de fossilisation des dictatures, bref, un demi-siècle de Malafrique ? Pour mémoire, rappelons que l’Afrique a connu cent coups d’Etat, quatre-vingt conflits armés, dont quarante guerres civiles en cinquante ans.

A l’heure des inventaires et du bilan, il faut reconnaître que ce dernier est « globalement négatif », pour employer l’expression désormais consacrée. Cela ne peut en être autrement, au vu des résultats accablants devenus des lieux communs dont les médias du monde aiment à faire épisodiquement leurs choux gras : populations volontairement maintenues dans la misère et l’analphabétisme, monolithisme politique d’Etats prébendiers et kleptomanes, assujettissements de nations aux intérêts étrangers, corruption généralisée, siphonage et pillage des ressources naturelles, privation des libertés individuelles et collectives, assassinats d’opposants, jeunesse en déroute et contrainte à l’immigration au péril de sa vie, etc. La liste est loin d’être exhaustive.

En somme, les Africains qui espéraient à l’aube des années 60, leur matin des « Cent Fleurs », et pour qui l’indépendance symbolisait les lendemains meilleurs, voire resplendissants, ont vu leur liberté confisquée, leurs espoirs et leurs rêves brusquement assassinés.

Sûrement, le peuple de France sera au grand rendez-vous du 14 juillet : pour applaudir la parade des armées africaines, ignorant que la soldatesque, plutôt appareil de répression, a tout, sauf le qualificatif d’une véritable armée républicaine. Ignorant également que les impôts des contribuables français sont destinés, entre autres, à financer des élections truquées et gagnées d’avance, dans le but de maintenir en place des pouvoirs dynastiques et des monarchies tropicales, avec la bénédiction, voire la complicité du « pays des Droits de l’Homme. »

Que fête-t-on au juste ?

N’arrêtent pas de s’interroger bon nombre d’Africains dont l’embarras et la gêne sont perceptibles, à l’instar du professeur d’histoire Camerounais, Achille Mbembé : « Y a-t-il vraiment quoi que ce soit à commémorer ou faut-il tout reprendre ? ».

Tout aussi réticents, beaucoup se demandent si, outre son caractère indécent, la prochaine grande messe françafricaine ne ressemblerait pas plutôt à une provocation contre les peuples africains, las de misère et en quête d’avenir prometteur. 

« Tant que dans mon village, il n’y a pas encore d’eau potable ni de dispensaire et que 50% des jeunes sont analphabètes, après 50 ans d’indépendance, je ne vois pas ce que l’on fête », confiait avec dépit un intellectuel malien installé aux Etats Unis.

« De quelle indépendance parle-t-on ? », renchérit un professeur sénégalais, interrogé par une radio panafricaine. « Les Blancs sont partis par la grande porte mais ils sont revenus par la fenêtre, pire, ils ont placé leurs hommes de main au pouvoir, en prenant soin d’éliminer ceux qui étaient gênants pour eux, ainsi que pour leurs affaires. C’est cela qu’on fête ? »

Enfin, observe un juriste guinéen : « Ce jubilé risque d’être ressenti comme une double peine : après la colonisation hier, ce sera la célébration de la Françafrique, un pied de nez aux populations en proie à la misère… »

Quant à ceux de ma génération, adolescents à l’époque des indépendances, et qui eurent le privilège d’assister à l’euphorie des premières vagues d’émancipation qui portaient tous les espoirs naissants de notre continent, ils ont le devoir de réclamer un droit d’inventaire aux actuels dirigeants : qu’avez-vous donc fait de nos années d’indépendance ?

Si habituellement, un anniversaire est synonyme de joie, de fête et d’enthousiasme, offrant par là-même l’opportunité de faire le bilan, fut-il provisoire, d’une existence, force est de constater que ce que la Françafrique et ses affidés s’apprêtent à célébrer en grandes pompes et à grands frais, c’est tout simplement l’échec patent des soi-disant « indépendances » au goût plus amer qu’inachevé, à la dimension de l’immense attente suscitée par les projets d’émancipation des années soixante.

Aussi, si légitimes et compréhensibles que soient l’aigreur et l’amertume des « déçus des indépendances » dont certains prônent sans complexe ni états d’âme, cinq décennies plus tard, la recolonisation du continent, faut-il pour autant remettre en cause le principe même de souveraineté de ces pays ? En toute objectivité, on conviendra que ce n’est pas l’indépendance en elle-même qui pose problème ; mais, a posteriori, sa gestion calamiteuse, sa confiscation et surtout son détournement à des fins politico-mafieuses par une poignée d’individus, constitués d’oligarchies militaro-claniques ou civiles, cooptées, soit par de grandes multinationales, soit par des Etats étrangers.

Par ailleurs, fallait-il passer par purs pertes et profits les héroïques luttes anticolonialistes pour lesquelles les vrais artisans et « Pères » des indépendances payèrent de leur vie ? Surtout si l’on sait que ces derniers nourrissaient un grand dessein pour l’Afrique, comment justifier auprès des générations futures, l’oubli de leurs justes et légitimes revendications ainsi que celle des peuples africains ? Traumatisés par près de 400 ans d’équipée négrière, dont la colonisation a tôt fait de prendre le relai, les Africains furent assujettis par la double injustice sociale et juridique du « Code de l’Indigénat » imposé à ses colonies par la France dès 1887. Code odieusement fondé sur l’humiliation, les travaux forcés, l’interdiction de circuler la nuit pour les « indigènes », les réquisitions, les emprisonnements arbitraires, les déportations, et toutes autres mesures rappelant le système esclavagiste ou les lois d’exception sous l’occupation française. Sans naturellement parler de la mise en coupe réglée ou sous tutelle, ainsi que de la captation dolosive et léonine des richesses des colonies, par leurs différentes métropoles.

En tout état de cause, les dirigeants qui prétendent aujourd’hui gouverner leurs pays et qui assisteront aux festivités du cinquantenaire, sont loin d’être les dignes héritiers des luttes d’émancipation du continent. Le moins qu’on puisse dire est que la majorité de ces autocrates sont disqualifiés pour revendiquer l’idéal pour lequel bien d’autres sont allés jusqu’au sacrifice suprême. D’ailleurs, le peu d’enthousiasme que certains d’entre eux affichent à l’égard de cette célébration dans leur propre pays, montre à suffisance leur incapacité à assumer l’héritage des indépendances qu’ils ont plutôt contribué à dévoyer de leurs objectifs initiaux et pire encore, à y renoncer.

Avec quelques nuances dans les propos, la grande majorité des Africains du continent, comme ceux de la diaspora, s’accordent pour reconnaître, que les « indépendances » n’ont pas tenu toutes leurs promesses : là où certains parlent de cinquante ans de stagnation politique, sociale et économique, d’autres y voient un recul, et même un échec patent. Quant au problème des responsabilités, il relève néanmoins de débats plus controversés, notamment dans les milieux intellectuels.

Certains s’indignent que cela fait cinquante ans que nous Africains « portons le bonnet d’âne de l’humanité ». C’est le lieu de réitérer une position que j’ai maintes fois défendue dans mes écrits : notre faiblesse a été de ne pas avoir intégré, pendant plusieurs décennies, dans nos rapports avec l’ex-Métropole, l’avertissement du Général de Gaulle : « les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ».

Aussi, n’avons-nous pas été assez naïfs pour croire à la philanthropie de Nations portées sur les fonts baptismaux par le mercantilisme naissant, c'est-à-dire le profit, et cela, dès le XVème siècle ? Avons-nous oublié que ce sont ces mêmes nations, guidées par la rentabilité économique et le gain, donc - toujours le profit - qui commanditèrent, financèrent et planifièrent pendant plus de 400 ans la Traite Négrière Transatlantique ? Rappelons-nous les recommandations du roi du Portugal au XVème siècle, à ses sujets, tout au début de la traite : allez en Afrique, ramener de l’or et des épices. On sait depuis ce qui advint par la suite : le commerce des hommes se révéla plus fructueux que celui des matières premières.

Alors, voudrions-nous que ces Etats marchands d’Europe, qui n’avaient nullement hésité, juste après la fin de l’esclavage, à monter à l’assaut de l’Afrique au milieu du XIXème siècle, se transforment comme par enchantement en bons samaritains on ne saurait pour quels beaux yeux des Africains? Souvenons-nous que ce firent ces mêmes Nations en colonisant nos terres, en s’appropriant nos richesses, et en balkanisant à Berlin, en 1884/85, notre continent au gré de leurs appétits gloutons ?

Comme aimait à le répéter mon regretté ami, l’historien et ancien ministre togolais, Atsutsé Agbobli : « qui peut en vouloir aux Européens et à la France de défendre leurs intérêts en Afrique ? Si ces pays savent où se trouvent leurs intérêts, c’est aussi aux Africains de savoir défendre les leurs comme les autres ». Déplorant quant à lui la collusion de la France avec les dictatures africaines, l’ancien ministre du président François Mitterrand à l’intégration, Kofi Yamgnane faisait remarquer : « rien n’empêche la France de défendre les mêmes intérêts avec les régimes démocratiques, plus présentables ; malheureusement, elle préfère s’acoquiner avec les dictatures peu respectueuses des Droits de l’Homme. »

Au moment où nous mettions la dernière main à cet article prenait fin à Nice une autre grande messe françafricaine, le XXVe Sommet France-Afrique regroupant des représentants de 58 Etats, dont 38 pays africains. On remarquera la présence de la quasi-totalité des anciennes colonies françaises. Nous nous sommes toujours demandé au nom de quelle logique, la France, fut-elle une grande puissance, peut-elle se permettre d’inviter à sa table tout un continent alors que la coutume voudrait que les contacts soient établis d’Etat à Etat, comme la France elle-même le fait avec ses autres partenaires sur la scène internationale.

Contrairement aux précédents sommets, plus politiques, ce dernier annonce sans complexe sa couleur : le développement des affaires. D’où la présence des patrons de 65 grandes entreprises françaises aux côtés de 130 de leurs homologues africains. Il s’agissait pour le patronat français (le Medef) de définir entre autres, une « charte des entreprises françaises en Afrique ». On est bien loin des déclarations péremptoires du candidat Sarkozy à la présidentielle en 2006 au Benin : « La France n’a pas économiquement besoin de l’Afrique. » Mais cela ne trompe personne. L’enjeu de cette nouvelle stratégie est de contrecarrer l’influence de plus en plus grandissante des pays émergents, en particulier, celle de la Chine sur le continent noir. Même si dans l’entourage du Président Sarkozy, on préfère plutôt parler d’une nouvelle approche des relations franco-africaines, basée sur le concept de « Traid, not Aid » à l’image des pays anglo-saxons, il reste que les peuples africains eux, ont déjà détourné leur regard de l’ex-puissance coloniale, suspectée à tort ou à raison de ne rechercher que ses propres intérêts, mais aussi et surtout de soutenir les régimes décriés, responsables de la paupérisation du continent. Situation nettement aggravée par la controverse sur la loi sur «  l’immigration choisie », concoctée à l’époque par un certain… Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l’intérieur, de même que la fameuse loi du 23 Février 2005, reconnaissant les « aspects positifs de la colonisation ». Autres sujets de discorde et de frustration : le sort humiliant réservé aux « sans papiers » africains en France, et dont les insoutenables images d’expulsions musclées sont régulièrement renvoyées par les médias sur le continent ; les  tracasseries administratives imposées aux demandeurs de visa auprès des Consulats de France dans la plupart des pays d’Afrique.

Autant dire que les motifs du désamour sont profonds entre l’ancienne « Mère- Patrie » et ses ex- colonies.

Lawoetey-Pierre AJAVON

Juin 2010


 

Du même auteur, sur blada.com

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