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Peuples dominés de Guyane
par Brigitte Wyngaarde

La création du Parc amazonien de Guyane est donc acquise. La France, ni la Guyane n'ont pas de quoi être fières : l'orpaillage se trouve légalisé sur soixante pour cent de sa superficie. D'autre part il est donné libre cours à la chasse, pour tous les résidents, y compris dans le coeur de parc pourtant réputé "fortement protégé".

A l'issue de quatorze années de prétendue concertation, le Parc national supplante désormais l'ex-pays indien. Les amérindiens Wayana auront le privilège dérisoire de participer à l'administration des territoires qui leur ont été purement et simplement confisqués : leur unique représentant ne pèsera pas lourd, au sein d'un Conseil d'administration de quarante-quatre membres.

La vérité est que l'affaire a été réglée selon la loi du plus fort : d'un côté la volonté pressante du président de la République, soucieux d'une réalisation de prestige, l'efficacité du lobby des orpailleurs à qui l'administration a offert la carte des sites miniers du sud du pays, et le zèle de la Mission Parc. De l'autre côté une société minorisée dans sa commune, démunie du moindre titre foncier sur son propre sol, mais surtout un peuple affaibli et précarisé par le grand désordre dispensé par près de trente années d'une prise en charge administrative désastreuse. L'unique et minimale requête des Wayana - rapprocher le coeur de Parc de leurs lieux de vie - a été rejetée.

Certains esprits n'ont cesse de blâmer, à longueur de temps cette colonisation dont la Guyane a tant souffert. Mais ils se taisent alors qu'aujourd'hui on prend possession d'un territoire, on entreprend d'en accaparer les ressources, et on s'apprête à dissoudre l'identité des peuples qui s'y trouvent dans le label "français" ou "guyanais", qu'importe. A quoi servent donc leurs leçons d'histoire ?

Je suis heureuse de constater qu'ici et là, des solidarités se manifestent à l'égard de ceux que je souffre d'appeler les peuples dominés de Guyane. Les amérindiens Wayana ne sont pas les seuls à qui l'on n'a rien d'autre à proposer, en vue de les insérer dans la société guyanaise de demain, que la honte de l'assimilation.

Aujourd'hui l'amertume ; à demain sans doute, le ressentiment.


Brigitte Wyngaarde
Villages de Guyane

Mars 2007


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