Aïmawalé OPOYA Kaïlawa était un chaman puissant doublé d’un guerrier redoutable.
Il y a quelques centaines d’années, les luttes entre clans et les guerres étaient incessantes.
Kaïlawa aurait combattu et soumis, un à un, chacun de ses adversaires, pour finalement donner naissance à son peuple, les Wayana.
L’association ALABAMA naturellement sensible à ces récits et forte de son expérience passée, a décidé en janvier 2003 de monter une sixième grande expédition.
Son but : tenter d’illustrer la légende et ainsi conforter l’existence de Kaïlawa, ou tout au moins d’attester d’une présence humaine importante sur cette zone des Tumuc Humac, aujourd’hui officiellement inhabitée.
Nous sommes partis le 17 octobre 2004 de Maripasoula. Vingt explorateurs ont emprunté en pirogue la Litani jusqu’à ses sources.
Parmi nous, sept scientifiques, un ethno-archéologue Renzo DUÏN (Université de GAINESVILLE- USA), un médecin (AME), un primatologue, deux membres du CNRS, un du CIRAD Forêt, et un entomologiste (voir liste des participants).
Une tonne de matériel, (médical, nourriture, communication, équipements scientifiques, …) est alors déposée sur une DZ préparée par les membres de l’association KAWAY,partenaire de cette expédition. Quelques jours plus tard un hélicoptère l’acheminera sur l’inselberg qui servira de camp de base.
Deux ans de préparation, de nombreuses recherches bibliographiques et cartographiques, les récits collectés par Jean CHAPUIS, un survol de repérage, et des images satellites, nous ont permis d’identifier des zones pouvant correspondre aux récits.
Cinq jours de marche (30 Kms), à travers la forêt primaire, nous ont été indispensables pour rejoindre la zone d’exploration. Cette marche d’approche a été particulièrement difficile, par la nature du terrain très accidentée. Des dénivelés de trois à quatre cents mètres sont franchis plusieurs fois par jour. Les sacs à dos, de 25 à 30 Kg, comportent le strict nécessaire pour notre sécurité et notre vie quotidienne en forêt.
Cette première phase est physique, et l’équipe mise à rude l’épreuve…!Le camp de base installé et la logistique livrée par l’hélicoptère nous permettent d’engager maintenant les investigations.
Gerald MIGEON (S.R.A.)
Des roches directionnelles, de gros blocs de plusieurs centaines de kilos érigés par l’homme, sont découvertes sur plusieurs monts. Toutes indiquent une direction bien déterminée, soit un point cardinal, soit un point géographique remarquable.
Avec mon accord et sous le contrôle d’un ethno-archéologue, Renzo DUÏN, des échantillons de céramiques, en quantité limitée bien sûr, ont été ramenés afin d’être examinés au S.R.A. à Cayenne. Ce qui importe avant tout pour le conservateur que je suis est la qualité des pièces, découvertes fortuitement, et la précision de leur localisation (faite au GPS). Certaines d’entre elles ont des inscriptions et des décorations qui permettront peut-être de relier ces céramiques à des ensembles culturels ou à des peuples.
Mon intention est de me rendre sur les lieux en hélicoptère, dans les prochains mois, avec quelques membres de l’association.
Souvent en archéologie, les progrès se font grâce à des découvertes un peu exceptionnelles… »
Gérald MIGEON
Les équipes se forment en fonction des spécialisations de chacun. Conformément à nos engagements pris avec le S.R.A (Service Régional d’Archéologie de Guyane) Renzo DUÏN, accompagné d’une partie de l’équipe, commencent la prospection des lieux, à la recherche de traces de KAÏLAWA.
Rapidement nous trouvons des polissoirs, de multiples abris sous roches, dont certains nous livrent des échantillons de céramique en surface, preuve indéniable d’une vie passée sur ces inselbergs.
Ces premières découvertes nous enthousiasment. Dans les jours qui suivent d’autres éléments confirmeront que les lieux que nous avions choisis sont prometteurs.
Dans les récits de Wayana eitoponpë, Kaïlawa utilisait ce système pour jalonner la route à suivre, afin de rallier un point à un autre.
Sur un autre site une équipe constate la présence d’un fossé, en pleine forêt. d’environ trois cents mètres de long, une douve, encerclant une colline. C’est probablement une montagne couronnée, un village fortifié.
À son sommet, quatre abris sous roche importants nous livrent quelques tessons de poterie trouvés à même le sol…!
À la cime d’un des plus hauts inselberg de la zone, outre trois roches directionnelles, nous constatons la présence au sol de très nombreux tessons ornés de motifs gravés.
Aïmawalé suppose qu’il s’agissait d’un site funéraire. Du manioc et des fruits comestibles, à priori non endémiques, sont aussi identifiés dans cette végétation sommitale.
Texte et photos CNRS - CIRAD Forêt
Ont participé à l’expédition Kaïlawa :
Toutes ces découvertes sont l’objet d’études plus approfondies dirigées par le S.R.A de Guyane et Renzo DUÏN pour la partie archéologique, par le CNRS, et le CIRAD Forêt, (botanique) - ou les chercheurs eux-mêmes pour les autres spécialités (primatologie, entomologie, médicale). – les insectes, écorces, feuilles et fruits, les prélèvements sanguins sur mammifères, les quelques échantillons de céramique rapportés à Cayenne.
Après un mois de périple, outre la performance sportive, cent cinquante kms de marche en autonomie totale, sans aucun incident de parcours, nous revenons persuadés d’avoir ramené avec nous des informations ouvrant la voie vers une meilleure connaissance de l’histoire de cette partie de la Guyane.
Association ALABAMA
Tous droits de reproduction réservés
«La mission a consisté à réaliser un inventaire et la mise en place d’une parcelle permanente d’un demi hectare où tous les arbres et lianes de plus de 10 cm de diamètre ont été numérotés, positionnés et dans la mesure du possible identifiés.
L’étude a été menée sur une surface de 20 m sur 250 m sur une zone caractéristique du secteur. Des observations floristiques ponctuelles (observation d’espèces et collecte de 84 espèces en dehors de la centaine d’arbres de la parcelle) sur l’ensemble de la zone permettent d’identifier au niveau de la végétation cinq types de milieu.
Sur la parcelle d’inventaire il a été recensé 298 individus correspondant probablement à environ 120 espèces.
L’existence de manioc - entre autres peut être en relation avec des activités humaines mais cela demande confirmation - peut présenter une piste importante de recherches notamment dans la suite des observations existantes sur le rôle des populations humaines dans la domestication d’espèces végétales durant les derniers siècles voire millénaires.
L’analyse de cette mission permettra une meilleure compréhension de la dynamique de ce type de forêt.»
CHAMPENOIS Jean-Philippe, ENTOMOLOGISTE jp.champenois@OTG.fr
CHAUCHOY Cedric, SHERPA cedricetgege@wanadoo.fr
CHAVE Jérome, ÉCOLOGUE chave@cict.fr
COCHOU Pierre, SHERPA pcochou@pasteur-cayenne.fr
CONTAMIN Hugues, VÉTÉRINAIRE contamin@cervi-lyon.inserm.fr
DAMICO Benoît, SHERPA damico@naturospace.com
DELOR Patrick, SHERPA patrick.ad@wanadoo.fr
DUIN Renzo, ETHNO-ARCHÉOLOGUE rsduin@yahoo.fr
EGMANN Gérald, MÉDECIN egmann973@hotmail.com
HERVOUËT DES FORGES Sylvain, SHERPA ddscguyane@wanadoo.fr
MARSEILLES Rémi, RADIO-COMMUNICATIONS remi.guyane@wanadoo.fr
OPOYA Aimawalé, PIROGUIER LAYONNEUR
PELLET Éric, CHEF D’EXPÉDITION eric.pellet@sgde.fr
PETRONELI Pascal, BOTANISTE petronelli.p@cirad.fr
RAVACHOL Marco, SHERPA - INFORMATIQUE mravachol@mac.com
RÉAU Émmanuel, CINÉASTE EReau@aol.com
RIERA Bernard, ÉCOLOGUE riera@ccr.jussieu.fr
SAINT JEAN Daniel, PHOTOGRAPHE d.saintjean@media-antilles.fr
WALI Pajak, PIROGUIER LAYONNEUR
WILLAIME Patrick, SHERPA eurexo.971@wanadoo.fr
TOPONOWINI, le récit d’une précédente expédition de l’association ALABAMA, a déjà été publié aux Editions Ibis Rouge.
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