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Daniel, grand amoureux de la Guyane depuis de longues années et lecteur assidu de blada.com, nous fait parvenir ses observations, à l'occasion d'un court séjour parmi nous.
Il est retourné sur des lieux de randonnées notoires, qui sont parmi nos plus belles sorties. Le constat est plein de tristesse : alors qu'une énorme campagne publicitaire bat son plein en europe où il réside, rien n'a été fait pour la mise en valeur de ces sites merveilleux qui demanderaient un peu d'attention.

« Personne ne vous croira... », par Daniel

Non personne ne vous croira après une pub aussi racoleuse si vous dites l'état d'impréparation du terrain pour l'accueil des Européens qui vont tomber sous le charme de la Guyane.
Un exemple : les sentiers de randonnées pédestres cités dans le guide des 17 randonnées en Guyane. Nous ne doutons pas que lorsque ce livre a été publié, ses renseignements étaient conformes aux réalités des sites, mais aujourd'hui ?

Montagne Favard :
Vestiges d'un site amérindien et colonial
Pas de panneau, pas d'entretien,
bien malin l'européen qui le trouverait ce sentier.

Habitation Vidal :
Ancienne exploitation agricole de canne à sucre
et parcours sportif
Un gigantesque chantier a totalement effacé la voie d'accès au domaine Vidal qui se trouve quelque part là-bas à l'extrémité de ce désert dont l'accès est fermé par une profonde tranchée.

Sentier de la Mirande (Mont Grand Matoury : dernier ilot de forêt primaire de l'ile de Cayenne)
Pas de panneau, voie d'accès que je propose de renommer "épreuve méritoire" car peu d'européens oseront franchir les obstacles.

Sentier du Rorota : verdure et cascades à deux pas de Cayenne

Encore quelques semaines et le panneau sera couché dans l'herbe, la voie d'accès est à peine plus fréquentable que celle de la Mirande et ...le sentier est interdit depuis avril 2000 !

Une note positive : le très beau sentier botanique d'initiative privée dit "Sentier de la Montagne Trésor" dont le gardien fait très aimablement la présentation dès qu'on stoppe sur le parking et accompagne sur demande le visiteur.

Remarquer surtout l'excellent marquage des essences par étiquettes plastifiées. Ce système d'identification simple, bon marché et facile à remplacer est à comparer aux pompeuses et couteuses étiquettes en plastique gravé du sentier de Kourou qui ont fait le régal des prédateurs et ont été en majeure partie pulvérisées à coup de sabre, on a là un parfait exemple de confrontation bon sens/technocratie.

Non personne ne vous croira.

Au fait : quelle probabilité a un touriste européen de passage en Guyane pendant disons deux semaines de rencontrer un jaguar comme celui de l'affiche du France Guyane du 16 février ?

A supposer que beaucoup de touristes répondent présents à cette campagne d'esbrouffe, qui va assumer les mensonges ?

Les touristes de 2002 sont des consommateurs avertis : quand ils vont en Afrique ils voient la faune promise, quand ils vont en antartique ils voient les manchots, quand ils vont en mer rouge ils voient les requins, les dauphins etc, quand ils vont en Australie ils voient les Kangourous, et en Guyane on va les bluffer ?

On pourra toujours les envoyer au Brésil à l'ile de Marajo pour se remettre de leur déception, là-bas la chasse est interdite, alors bien sûr la rencontre de la faune est vendable.

Daniel, 17 février 2002.

N.d.E.

Une note de consolation : il semble que la même aventure soit arrivée il y Philippe Boré

a des années à l'Ile de la Réunion, et devant l'afflux des touristes, le département a pris les mesures qui s'imposaient. Souhaitons tous ensemble qu'il en soit de même chez nous.

Le texte de Daniel fait référence à l'ouvrage de Philippe Boré :
"Guyane : 17 randonnées en forêt amazonienne", édité par l'auteur en 2000, et parainné par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports de Guyane.
Contact : bore.phil@wanadoo.fr

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