Tamanoir les Verts-Guyane et le Comité de solidarité avec les indiens d'amérique
De graves menaces sanitaires sur la population cayennaise pour le seul profit d'une multinationale canadienne. Les enquêtes publiques concernant l'implantation de la multinationale Cambior pour l'exploitation de l'or sur la montagne de Kaw ont débuté en mairie de Roura et à la Préfecture de Cayenne.
Ces enquêtes posent beaucoup plus de questions qu'elles n'apportent de réponses selon les spécialistes de la protection de l'environnement. (1)
Les graves incidences sur la santé publique peuvent survenir de multiples manières.
- Tout d'abord, en cas de rupture des digues retenant de nombreux polluants (cyanure, hydrocarbures, métaux lourds). Les accidents d'Omaï au Guyana (2) et en novembre dernier, de Rosebel au Surinam, rappellent les risques d'une telle exploitation.
- En cas d'accident durant le transport des 30 000 tonnes de produits chimiques nécessaires aux industriels durant toute la phase de production (3 990 tonnes de cyanure, 21 280 tonnes de chaux,...) sur le trajet Camp Caïman-Degrad des Cannes et St-Laurent-du-Maroni (3) ou lors du passage de zones sensibles, tel le pont de la Comté.
- Mais les risques sanitaires peuvent aussi provenir d'une contamination lente et continue des sols et des eaux de surface et souterraines par des substances extraites des profondeurs du sous-sol sulfuré, riche en métaux lourds et en arsenic (arsénopyrite).
A ce titre, la récente interdiction d'exploitation de la mine d'or de Salsigne, en France métropolitaine (4) a mis en évidence des taux de cancers de la gorge et du larynx supérieurs respectivement à 80 % et 110 % à la normale. Un ingénieur général des Mines rappelle les impacts sur la santé publique des activités minières du fait des transferts d'arsenic par voie aérienne (poussières résultant de l'exploitation à ciel ouvert) pour les travailleurs et par voie aquatique et aérienne pour les habitants du voisinage. (5)
La population guyanaise doit donc prendre conscience que, même sans accident majeur, l'arsenic libéré par l'extraction sera probablement déversé dans les rivières guyanaises et contaminera durablement la prise d'eau de La Comté (6). D'ailleurs, Les Verts Guyane considèrent que les chiffres et l'assurance de la multinationale CBJ Caïman sur sa capacité à contrôler ce poison, ne nous satisfont pas et méritent, pour le moins, une contre-expertise par un laboratoire indépendant, non impliqué dans l'industrie minière ! (7)
Les Verts Guyane et Le Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques (C.S.I.A:
http://www.csia-nitassinan.org/ ) demandent aux instances gouvernementales, régionales et municipales de prendre clairement et fermement position contre le projet minier de la multinationale CBJ Caïman, projet dénué de tout intérêt économique pour la Guyane, (exonérations de charges, taxes minimes, emplois probablement délocalisés depuis le site d'Omai au Guyana), qui exploite une ressource non renouvelable et présentant des impacts sanitaires et environnementaux considérables voire insoupçonnés à l'heure actuelle.
Enfin, les Vert-Guyane et le CSIA soutiennent la communauté Palikur dans leur action juridique (8) afin de mettre un terme à une convention « hors la loi » sans contrepartie pour ces derniers et signée par la direction de Cambior démissionnaire. Cette convention est très justement attaquable en vertu du décret de 1987, précisément parce que les Services de l'Etat n'ont pas été consultés et en l'absence de déclaration d'intérêt public. On peut s'étonner également du prix d'achat du terrain: 2 centimes le m² alors que le prix moyen est de 5 € le m², soit un cadeau de 8,9 millions d'euros pour 179 hectares.
La Guyane doit-elle désormais, en plus de la contamination au mercure qu'elle subit depuis plus de cent ans, faire subir a nos générations futures les effets désastreux et encore plus complexes du cyanure et de l'arsenic? Ce risque est d'autant plus inacceptable qu'il est mis en oeuvre pour le seul profit d'une multinationale étrangère qui promet, à ses actionnaires, une "année 2006 excitante" ! (9)
Brigitte Wyngaarde, Philippe Ménard,Porte parole de Tamanoir les Verts-Guyane
Site internet:
http://guyane.lesverts.fr/Email:
tamanoir.guyane@wanadoo.fr Edith Patrouilleau, Présidente du CSIA
(1) La spécificité de la montagne de Kaw ne semble pas avoir été prise en compte par les promoteurs du projet : pas d'expérience similaire dans un site aux précipitations exceptionnelles, proximité d'un sanctuaire écologique unique au monde (Marais de Kaw), piste d'accès au chantier qui traverse la Zone de Droit d'Usage de peuples autochtones mais aussi et surtout risque d'accident en zone de captage de l'eau potable de la population de l'Ile de Cayenne.(2) (23 000 riverains déboutés de leur plainte pour vice de procédure) - La catastrophe d'Omai sur le net : http://saxakali.com/omai/(3) Extrait du rapport technique / sept 2005 - p 160 : "Afin de limiter les coûts de transbordement portuaire ainsi que les délais relatifs à l¹horaire d¹opération du port de Dégrad-des-Cannes, nous envisageons d¹utiliser, subséquemment aux travaux de dragage et de réhabilitation des quais, les infrastructures du port fluvial de St-Laurent-du-Maroni."(4) "Le Monde" édition du 9 février 2006(5) Dans le cas de la Guyane, ce voisinage s'étend à la population de Cayenne en raison de la communication des eaux de ruissellement de la mine à la zone de pompage de la Comté.(6) http://www.sites-pollues.ecologie.gouv.fr/InfosPolluants/As/AsLabo.html(7) http://www.sites-pollues.ecologie.gouv.fr/InfosPolluants/As/AsSynth.html (8) voir éditions de France Guyane des 28 janvier et 8 février 2005(9) http://argent.canoe.com/lca/infos/quebec/archives/2006/02/20060221-175304.html 24 février 2006