L’étude des risques sanitaires liés au mercure chez les Amérindiens du Haut Maroni a débuté en 1997. Dans le cadre du programme de prévention « mercure en Guyane », deux études ont été menées en juin 2005 pour actualiser les données concernant l’imprégnation mercurielle, et répondre à l’inquiétude de la population sur un risque accru de malformations dans cette population.
La première étude, auprès d’un échantillon de 135 personnes, a consisté en un entretien concernant l’évolution de la consommation de poisson, suivi de prélèvement de cheveux pour doser le mercure total. La concentration moyenne de mercure de cette population est un peu plus élevée qu’en 1997 (11,7µg/g vs 10,6µg/g). Le pourcentage d’enfants dépassant la valeur de 10µg/g (valeur de référence OMS) ne diffère pas significativement de celui de 1997 (54% vs 50%) mais il a augmenté chez les adultes (84% vs 64%).
La deuxième étude a consisté à retrouver tous les enfants nés vivants ou décédés entre juin 1993 et juin 2005 dans les villages de Elahé, Kayodé, Twenké, Taluhen et Antécume Pata. Les malformations ont été dénombrées et décrites, avec les critères suivants : anomalies entraînant soit la mort, soit un handicap (moteur, intellectuel, fonctionnel ou esthétique), soit un traitement chirurgical. Au total, 8 malformations sont dénombrées en 12 ans sur 246 naissances, ce qui n’est pas différent du nombre attendu selon ce qui est observé dans d’autres populations.
Les niveaux d’imprégnation mercurielle de la population du Haut Maroni sont en dessous des concentrations pour lesquelles des anomalies neurologiques ont été rapportées au Japon. Néanmoins, les résultats montrent que la situation se dégrade, et des tests neuropsychologiques pratiqués antérieurement sur les populations amérindiennes ont montré qu’aux niveaux actuels d’exposition il existe des signes modérés d’altération du développement neurologique ou neuropsychologique (capacité de raisonnement et dʹorganisation visuo‐spatiale, motricité). Dans la mesure où il est impossible de dépolluer le milieu dans des délais raisonnables, il est impératif de réduire l’exposition des jeunes enfants et des femmes enceintes ou allaitantes par voie alimentaire, et de conseiller la diminution de consommation des poissons les plus contaminés, par le lancement d’un nouveau programme de prévention.
Cayenne, 17 février 2006
En savoir + Dossier DSDS Mercure et santé en Guyane