Discours de Marie-Luce PENCHARD
A l’occasion de la cérémonie de remise des médailles d’or du Concours général agricole des produits ultramarins - Stand de l’ODEADOM – 24 février 2011
Monsieur le Ministre, Cher Bruno
Mesdames et Messieurs les élus (le cas échéant)
Madame la Présidente de l’ODEADOM,
Monsieur le Directeur,
Messieurs les Présidents de chambre d’agriculture,
Mesdames, Messieurs,
C’est aujourd’hui la seconde visite du Salon international de l’agriculture que j’effectue en tant que Ministre chargée de l’Outre-mer.
C’est, bien sur, chaque année, un vrai bonheur de visiter la plus grande ferme du monde. C’est évidemment, cette année comme l’année dernière, un très grand plaisir de me retrouver parmi vous, les professionnels du monde agricole de la France d’Outre-mer. De goûter, cette année encore, votre accueil si chaleureux et votre talent pour faire briller la qualité de vos produits.
Mais chacun peut facilement mesurer et comprendre à quel point cette édition 2011 restera pour moi un millésime exceptionnel, une année à part, un très grand cru.
Ce salon qui est, à la fois, un rendez-vous de dimension internationale et le carrefour de la France des terroirs, est cette année placé sous le signe de l’Outre-mer, désigné comme l’un des quelques évènements forts qui marqueront cette année 2011, année des outre-mer voulue par le Président de la République.
L’enjeu de cette année des outre-mer est de contribuer à changer le regard. Et il s’agit, tout simplement, de mettre en lumière les atouts incontestables que nos territoires ultra-marins constituent pour notre pays. Au fond, de dire à quel point les femmes, les hommes et les territoires d’Outre-mer contribuent à faire de la France une grande nation.
Et je crois pouvoir dire, mon cher Bruno, sans nul doute, que l’amour des professionnels ultra-marins pour leurs produits, que le talent de nos paysans d’Outre-mer, contribuent aussi à faire de la France une grande nation agricole.
Il suffit d’ailleurs, pour le réaliser, de s’attarder devant la magnifique exposition photographique que nous venons de visiter, passerelle Renan, et qui met en scène la richesse et la diversité de nos paysages et de nos productions d’Outre-mer.
Il suffit de s’attarder devant les stands de nos professionnels, celui de l’ananas victoria ou de Mayotte, celui de la banane « durable » ou encore sur le stand de Saint-Pierre-et-Miquelon, présent pour la première fois sur ce salon et que je salue.
Mais il me faudrait les citer tous…
Ce que je veux souligner, c’est que la banane au même titre que la pomme du Limousin, c’est que la vanille, la canne ou l’ananas au même titre que le melon charentais, contribuent à la richesse inimitable du patrimoine agricole de notre pays.
Le monde agricole ultra-marin est l’une des dimensions incontournables de cette France des terroirs que nous aimons.
Voilà tout le sens de ce Salon de l’agriculture devenu, avec cette édition 2011, l’un des évènements clés de cette année des outre-mer.
Et ce n’est pas un hasard si cette décision de consacrer une année à nos territoires ultramarins, a été prise en novembre 2009 lors du 1er Comité Interministériel de l’Outre-mer.
Les décisions prises alors, autour du Chef de l’Etat, marquent aussi un tournant majeur dans le soutien au développement économique de l’Outre-mer et notamment pour les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’agro-alimentaire.
Pourquoi ce tournant majeur, me direz-vous ? Pourquoi est-ce possible maintenant ?
J’ai l’habitude de dire que, sous l’impulsion du Président de la République, nous sommes en train d’écrire une nouvelle page de l’histoire des outre-mer.
C’est le cas, je crois pouvoir le dire, avec le plan sans précédent que nous avons lancé en faveur du développement de l’agriculture et de la pêche.
Pour la première fois, grâce à la contribution des professionnels lors des Etats généraux de l’Outre-mer, une stratégie d’ensemble se dessine autour d’objectifs clairs sans négliger aucune des problématiques rencontrées par le secteur.
Sur l’objectif de nécessaire diversification des productions animales et végétales, l’Etat a répondu en complétant par le budget national, les aides communautaires à la production et à la commercialisation, qui sont regroupées au sein du programme POSEI.
La dotation de l’Etat de 40 M€ en année pleine représente un effort important pour les professionnels, tant en valeur absolue que dans un contexte d’effort budgétaire.
Sans ces nouvelles aides du CIOM, ce sont plus de 10 M€ d’aides communautaires qui manqueraient à la profession cette année pour accompagner l’augmentation des productions et pour palier les handicaps bien connus de nos outre-mer : l’éloignement et l’étroitesse des marchés.
Sans ces nouvelles aides du CIOM, ce sont, à ce jour, 22 M€ de projets professionnels recensés qui ne pourrait être accompagnés, ni voir le jour comme la mise en place d’une filière aquacole en Martinique, la sécurisation du cheptel ovin et caprin en Guyane ou bien encore la structuration de toutes les filières végétales dans l’ensemble des DOM.
Très concrètement, le programme DEFI à la Réunion, qui améliore la structuration des filières animales et permet, pour le consommateur, des baisses de 8 à 20 % sur plus de 80 produits « pays » de qualité, en grande distribution n’aurait pas pu être lancé le 24 janvier dernier.
A la problématique de la perte de foncier agricole, présente dans la plupart de nos départements et territoires d’outre-mer, l’Etat a répondu en proposant, à l’occasion de l’adoption de la Loi de modernisation agricole, de mieux contrôler le foncier agricole.
A la problématique de la structuration des filières, l’Etat a répondu présent en nommant fin 2010 des commissaires au développement endogènes pour chaque département ou zone géographique.
A la problématique du crédit, l’Etat a répondu en créant un fonds de garantie destiné à favoriser le crédit bancaire pour les secteurs de l’agriculture, de la pêche et du bois, doté de 10 M€ et qui est pleinement opérationnel.
A la problématique de la compétitivité, l’Etat a répondu par des baisses ciblées de charges et d’impositions, dans le cadre des zones franches d’activités créées par la Loi pour le développement économique (LODEOM).
Le Gouvernement n’a pas non plus oublié les filières traditionnelles, que sont les filières bananes et canne-rhum, qu’il convient de conforter et qui sont des exemples de réussite.
Alors, naturellement, on m’interroge sur le rapport de la Cour des Comptes qui, la semaine dernière, a « épinglé » nous dit-on la politique de soutien aux secteurs banane et canne.
Je vais vous dire très simplement les choses comme je les pense.
Qu’est-ce que nous dit la Cour des Comptes ? La Cour nous dit : les aides communautaires en faveur de ces deux principales productions sont trop élevées et il faudrait diversifier.
Sur la diversification, comment ne pas être en accord avec la Cour ? Les magistrats de la Cours des comptes nous ont dit cela la semaine dernière, nous avons engagé une politique résolue de diversification ambitieuse depuis près de deux ans.
Sur le montant des aides : c’est vrai, les montants sont très élevés et je serai très attentive à ce que dit la Cour. Mais je me dois aussi de souligner quelques éléments de contexte :
conforter ces deux filières c’est aussi répondre à la place qu’elles occupent dans l’économie agricole ultramarine : 70% de la surface agricole de la Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique et, en Martinique par exemple, pas moins de10% environ des emplois salariés de l’île.
J’ajoute que les aides communautaires ont permis de compenser des handicaps à l’export ce qui est régulièrement vérifié par la Commission européenne.
Au fond et, j’en suis certaine, ce sera un point d’accord avec les magistrats de la Cours des Compte, je vais vous dire quelle est ma conviction :
Je préfère que les gens mangent des bananes produites aux Antilles, plutôt que des bananes produites par nos concurrents, à l’étranger, les « bananes dollar » comme on dit :
Parce que la banane antillaise, c’est plus de qualité, jusqu’à 10 fois moins de pesticides, plus de goût et des normes environnementales et sociales garanties au consommateur par les exigences françaises et européennes en la matière.
La France a d’ailleurs demandé à la Commission européenne des compensations dans le cadre des nouveaux accords commerciaux avec les pays d’Amérique Latine, qui prévoient une baisse de droits de douane sur certaines productions concurrentes en provenance de ces pays. Ces compensations doivent être accompagnées d’un suivi rigoureux des effets de ces nouveaux accords.
Elle a aussi demandé que des études d'impact soient réalisées non seulement préalablement aux accords mais aussi après leur entrée en vigueur, afin que puissent en être clairement mesurées les conséquences pour l'agriculture.
Enfin, la France se montrera vigilante quant aux clauses de sauvegarde. Un dispositif destiné à fixer la façon de déclencher ces clauses est d'ailleurs en cours de test à la Réunion.Pour conclure, l’ensemble de ces dispositions et des projets des professionnels doit concourir au double objectif d’amélioration du taux d’autosuffisance alimentaire et de qualité.
La logique à suivre est bien celle du « gagnant-gagnant », dans l’intérêt des producteurs comme dans l’intérêt des consommateurs, qui bénéficient d’une plus grande qualité et d’un meilleur prix pour les produits « pays ».
Au fond, quelle est l’ambition du Gouvernement ? C’est faire de l’agriculture d’Outre-mer, mon cher Bruno, un modèle d’excellence : excellence en termes de qualité, excellence en termes de diversification, excellence en termes de normes environnementales et sociales. Voilà notre horizon.
Et il n’y avait pas de meilleur moment pour moi de souligner qu’un instant avant la remise des médailles d’or pour les filières ultra-marines dont je tiens, enfin, à féliciter chaleureusement chacun des lauréats.
Je vous remercie.
Marie-Luce Penchard, Ministre chargée de l'Outre-mer,
le 24 février 2011 au Salon de l'agriculture.
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