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22/04/08
Communiqué du WWF Guyane

Saison sous pression pour la tortue verte
Comme chaque année, plusieurs milliers de tortues marines femelles commencent à fréquenter les côtes de Guyane. La première espèce à nidifier est la tortue verte (Chelonia mydas), considérée comme « menacée » par la Liste Rouge de l’UICN.

La tortue verte nidifie principalement en Guyane sur les plages de l’Ouest (réserve naturelle de l’Amana). Parmi les techniques de pêche pratiquées dans cette zone, les longs filets maillants
dérivants des pêcheries illégales entraînent la destruction de tortues verte adultes, comme en
témoigne ce nouveau constat dressé en février 2008 dans l’estuaire du Maroni (annexe 1).

Selon le suivi mené entre 2002 et 2006, la pression de pêche illégale semble s’être accentuée dans cet estuaire transfrontalier (annexe 1), en relation avec les efforts de l’Action de l’Etat en Mer rayonnant à partir de Kourou, mais couvrant rarement les zones maritimes frontalières de l’Ouest.

Les observations réalisées les 12-13 avril 2008 confirment la persistance de cette pression illégale au large de la Réserve Naturelle de l'Amana, alors que 40 à 80 tortues vertes par nuit fréquentent actuellement la plage d’Awala Yalimapo.

Sur les sites de ponte, le braconnage des oeufs représente aussi une pression majeure, et les
oeufs de tortue verte sont particulièrement recherchés. Une forte demande subsiste dans la
région, et particulièrement au Suriname, où la consommation des oeufs de tortues marines n’a été totalement interdite que très récemment, en 2002. Ainsi au marché parallèle de Paramaribo, un oeuf de tortue marine peut se vendre jusqu’à 1 euro l’unité, alors que l’amende dressée en cas d’infraction n’est que de 1 SRD par oeuf (1). Forte demande citadine et faible peine encourue maintiennent une importante pression de braconnage sur les pontes au Suriname, malgré les nombreuses actions de police de la nature (annexe 2). Ces pressions concernent aussi certaines plages de l’Ouest guyanais, comme en témoigne l’interpellation par la brigade ONCFS de deux braconniers depuis le début de l’année, qui risquent en Guyane jusqu’à 6 mois de prison ferme et 9000 euros d’amende.

Selon le WWF, les forts niveaux de pression à la fois en mer et à terre nécessitent la mise en
place de trois mesures concrètes afin d’assurer la protection de la tortue verte, et des tortues
marines des Guyanes :
· Une uniformisation des peines encourues entre la Guyane et le Suriname en cas de
braconnage d’oeufs de tortues marines
· Une présence de l’Action de l’Etat en Mer plus régulière sur les côtes de l’Ouest guyanais
· Une coopération trans-frontalière autour de l’estuaire du Maroni permettant échanges
d’information & actions concertées de part et d’autre de la frontière.

(1) 1 euro = 4 SRD (avril 2008)

Annexe 1

Tortue verte noyée dans un filet maillant dérivant (estuaire du Maroni, février 2008)

Moyenne quotidienne de navires illégaux observés à partir de 2 sites de la Réserve Naturelle de l'Amana (2002-2006). Kulalasi/Réserve Naturelle de l'Amana/WWF.

Annexe 2

Extrait de rapport de la police de la nature du Suriname (Suriname Forest Service, natuurbeheer) sur les interventions menées en février – mars 2008 en terme lutte contre le braconnage

5 février 2008: Constat dressé d’un braconnage massif sur les oeufs de tortues vertes à Alusiaka (estuaire du Maroni, Suriname)

6 février 2008 : 3 braconniers aperçus à Alusiaka, l’agent NB en faction sur le site a tiré des coups de feu d’avertissement : les trois braconniers ont quitté le site.

8 février 2008 : nombreux braconniers aperçus sur les plages. Tous les nids pondus cette nuit là ont été braconnés.

11 février 2008 : Au cours d’une patrouille, 3 camps de braconniers ont été détruits sur PB3/Baboun Santi (estuaire du Maroni, Suriname). Durant la même nuit sur Alusiaka, 2 braconniers s’enfuient à la vue des agents. Presque tous les nids pondus cette nuit là ont été braconnés.
Au cours des patrouilles, les agents sont confrontés à différents groupes de plus de 8 braconniers, parfois agressifs, et ce grand nombre de personnes interdit leur interpellation.

14 février 2008 : 500 œufs sont trouvés dans des sacs à proximité du site de ponte. Ils ont été ré-ensablés par les agents.

16 février 2008 : 1 braconnier interpellé à Alusiaka.

18 février 2008 : Les agents de police de la nature du Suriname sont secondés par les « Anti Terror Unit ». Une forte diminution du braconnage est constatée, avec simplement 3 nids pillés.

20 février 2008 : Pour la première fois de la saison, 90% des nids pondus cette nuit là ne sont pas pillés.

21 février 2008 : 1 braconnier s’enfuit à l’arrivée des agents. Un nid a été pillé.

23 février 2008 : 2 individus connus pour leurs activités de braconnage sont aperçus en train de construire un camp à proximité d’un site de ponte. NCD leur a demandé de quitter les lieux.

28 février 2008: 1790 oeufs de tortues marines confisquées par la Police au marché de Lelydorp (Paramaribo) et détruits. Une vendeuse a été interpellée, et a dû régler une amende de 1790 SRD.

07 mars 2008 : Une opération conjointe entre l’équipe NCD et la Police d’Albina est réalisée. Sur les sites les moins accessibles, le braconnage perdure.

08 mars 2008 : Au cours d’une patrouille en mer, 5 cadavres de tortues verte sont observés. Les sites isolés sont très fréquentés par les tortues verte, mais faiblement surveillés.

09 mars 2008: des individus connus pour leurs activités de braconnage sont contrôlés, et invités à quitter les sites de ponte.
Un problème de motorisation n’a pas permis une surveillance optimale des sites isolés la semaine suivante.

14 mars 2008 : 3 braconniers aperçus sur Alusiaka. Deux coups de feu d’avertissement sont tirés. Durant la nuit, certains nids ont été braconnés.

16 mars 2008. Très grosse activité de ponte notée pour la tortue verte.

17 Mars 2008 : 2 soldats ont été interpellés avec 7000 œufs de tortues marines. Ils ont passé 2 jours en prison, et ont dû régler une amende de 7000 SRD.
18 mars 2008 : Actes de braconnage sur le site de PB3.

02 avril 2008 : 1400 œufs de tortues marines sont découverts à l’arrière du site PB3, prêts à être embarqués.

WWF France
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