Edmard Maurice LAMA est issu d’une famille animée d’un grand sens civique. Son grand père et son père furent Maires d’Iracoubo où est principalement implantée la famille. Né le 22 Septembre 1930 à Sinnamary d’Edmé LAMA et de Marcelle MARTINE, il est le cadet d’une fratrie de trois enfants : Félix, Edmard et Emmanuel.

Son père est infirmier et sa mère sage-femme, cela lui vaudra au cours de leurs différentes affectations de vivre dans plusieurs communes de Guyane. C’est ainsi qu’il effectuera son cursus primaire successivement à Mana, Kourou. Il obtient son certificat d’études à St Laurent et c’est dans cette commune qu’il tirera le plus grand bien de l’enseignement de maître Raoul LONY, un des instituteurs qui l’aura le plus marqué.

En 1942, la famille s’installe à Cayenne, au Camp St Denis. Il poursuit alors ses études secondaires au Lycée Félix Eboué où parmi ses condisciples, il appréciera particulièrement André Chong Sit, Robert Ng Kon Tia, Nicole Rivierez, René Honoré.

Après une scolarité régulière, il obtient son baccalauréat scientifique en 1949 et part dans la foulée à Paris pour entamer des études de médecine. Très jeune, il avait décidé qu’il serait chirurgien.

Inscrit à la faculté de médecine de Paris, il y restera 10 ans. Dans le même temps il se présente au concours de l’externat de Tours, il est admis en 1958 et effectue ses deux années d’externat à l’hôpital Bretonneau.

En 1960, il présente sa thèse de doctorat en médecine à Paris. La même année, à Tours, il présente avec succès les épreuves du concours de l’Internat, ce qui lui permet d’effectuer les 6 années de spécialisation en chirurgie. Il remplira les fonctions de chef de clinique dans divers services de chirurgie (infantile, orthopédique et générale). Parallèlement, sur le plan universitaire, il est assistant d’anatomie à la faculté de médecine de Tours. Au terme de ses 6 ans de spécialisation, il présente brillamment son mémoire de fin de cycle et sera diplômé interne Lauréat Médaille d’Or des Hôpitaux de Tours.

En décembre 1965, il se présente dans l’académie de Bordeaux, au concours de chirurgien chef de Service pour obtenir le poste vacant de Cayenne. L’année d’après en 1966, il obtient la qualification de chirurgien décernée par le Conseil de l’Ordre des médecins de Tours et en Mars, il prend les fonctions de chirurgien chef de service à l’hôpital de Cayenne.

Durant ces 17 années d’études Edmard LAMA a fondé un foyer. En 1954 il a épousé à Paris, Yolande Saint Julien, un amour d’enfance et 4 enfants sont nés, Marcel, Catherine, Elisabeth et Bernard. De retour au pays avec sa famille, il se consacre avec passion à son métier s’attache à former des collaborateurs et à mettre en place un service de chirurgie efficace. Il crée le service de transfusion sanguine et enseignera aussi à l’école des infirmières.

Amoureux de son pays, il va s’impliquer avec la même fougue dans la vie associative. C’est à Montjoly, petite commune de 2064 habitants, à l’époque, qu’il trouvera son point d’ancrage social. Il rejoint l’USLM Montjoly qui est alors une petite équipe de football de 1ère Division et prend sa destinée en main. Avec des amis et collaborateurs fidèles il l’amènera vers les plus hauts sommets régionaux jusqu’au titre de Champion des Caraïbes. Cela constituera pour lui un véritable apprentissage de la gestion des hommes qui lui sera très profitable dans sa fonction d’élu.

Parcourant en tous sens sa commune d’adoption où il est devenu propriétaire, il apprend à la connaître ainsi que les gens qui l’habitent. Pour réaliser les ambitions de développement qu’il a pour elle, il se présente aux élections municipales de 1971. Elu, il ne se réclame cependant d’aucune obédience politique. Il entend simplement mettre au service de son pays, ses compétences et son dévouement. Pendant 36 ans, régulièrement réélu Maire, constamment animé du désir de rassembler, il a travaillé avec tous les élus n’a brigué aucun autre mandat électif, s’attachant simplement à faire de Rémire-Montjoly une des villes phares de Guyane. Sous ses différents mandats, avec de fidèles adjoints et Conseillers municipaux comme Michel DIPP, Maurice CARISTAN, Renaud GALOT ou Michel NERON, il a suivi les orientations logiques d’une planification de développement de la Commune pour que celle-ci dépasse son statut rural pour accéder à celui d’agglomération urbaine.

La grande énergie dont font preuve Edmard LAMA et ses coéquipiers a permis une harmonisation d’un habitat très éparpillé sur les 47km² avec bien sur les mesures d’accompagnement nécessaires : adduction d’eau, travaux d’électrification, assainissement de grandes zones, réalisation d’équipements scolaires et sportifs dans les différents ensembles d’habitations, réhabilitation et création de rues communales, mise en place d’un Plan d’Occupation des Sols, création de plusieurs ZAD (Zone d’Aménagement Différé - Moulin à Vent, Vidal) et ZAC (Zone d’Aménagement Concerté - Morne Coco), maintien d’une faible imposition pour permettre l’apport de population tout comme l’implantation des entreprises pour créer un dynamisme économique.

Mais la grande affaire du Maire reste le recentrage de la Commune sur le Site du Moulin à Vent avec la construction de ce qui sera, sans doute, une de ses plus grandes et belles réalisations, l’ Hôtel de Ville de Rémire-Montjoy, un projet de 20 ans, réalisé en 3 ans et inauguré le 3 avril 1993.

Il était très admiratif de l’action du Président brésilien Joscelino KUBICEK, le fondateur de Brasilia, et s’inspira beaucoup de la culture d’entreprise brésilienne dans son œuvre de développement de la Commune.

Edmard LAMA a donné sa vie pour la Guyane. Excellent meneur d’hommes, remarquable gestionnaire, respecté pour sa droiture et son dévouement pour son pays, il n’a jamais baissé les bras. « Un vieux soldat ne meurt jamais » a dit le Général Mac Arthur, il rentre aujourd’hui dans le Panthéon des grands hommes de Guyane.

Catherine LAMA