En avril, l’Agence Régionale de Santé a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour étudier la manière dont les médiateurs en santé peuvent favoriser le recours effectif des populations à la prévention et aux soins. Quatre candidats ont été retenus : les associations Daac à Camopi et IDSanté à Saint-Georges, la Croix-Rouge française et le CRPV dans deux quartiers de Saint-Laurent-du-Maroni. Les quatre structures devront déployer des médiateurs issus des communautés dans lesquelles ils interviendront, au cours de la prochaine année. En fonction des résultats, le dispositif pourra être étendu au reste de la Guyane.
Inventer le métier de médiateur en santé de demain. Tel est l’objectif de l’appel à manifestation d’intérêt lancé en avril par l’Agence régionale de santé (lire la Lettre pro du 23 avril) et dont les lauréats viennent d’être désignés. Parmi les huit candidats, quatre ont été sélectionnés : Daac à Camopi, IDSanté à Saint-Georges, la Croix-Rouge française et le Centre ressources politique de la ville (CRPV) chacune dans un quartier de Saint-Laurent-du-Maroni.
Si la médiation en santé est largement déployée en Guyane, les pratiques sont diverses et éparses. Il est donc difficile d’en évaluer les effets. Au cours des douze mois à venir, les quatre structures devront recruter des médiateurs issus des communautés auprès desquelles ils interviendront, les former et les déployer sur le terrain pendant au moins huit mois. Si l’approche sera globale, une attention particulière sera portée aux addictions dans la vallée de l’Oyapock et à la santé environnement et aux maladies hydriques à Saint-Laurent-du-Maroni.
L’Est guyanais et les quartiers spontanés de Saint-Laurent-du-Maroni n’ont pas été choisis au hasard. Ils cumulent généralement un fort isolement, un éloignement culturel et linguistique par rapport aux stéréotypes urbains habituels, l’absence de personnes et d’institutions ressources sur place (médecins libéraux, associations…) et une réticence à recourir au système de soins. Les potentielles conséquences sont un manque de sensibilisation des populations aux questions de santé publique et environnementale, un phénomène de renoncement aux soins, des retards de prise en charge importants, des situations de risques amplifiés, une faible mobilisation de ses droits par la population…
En recrutant les médiateurs directement au sein des communautés, l’objectif est qu’ils deviennent au quotidien des personnes ressources pour les habitants, pour l’orientation voire l’accompagnement des habitants dans le système de santé, le conseil et la sensibilisation, mais aussi le repérage des signaux faibles en matière de santé et donc l’alerte. A Saint-Laurent-du-Maroni, un des objectifs sera de contribuer à améliorer l’accès à l’eau potable des habitants, de les aider à mettre en œuvre les bonnes pratiques de collecte, traitement, stockage et consommation de l’eau qu’ils utilisent.
Un appel à candidature sera lancé prochainement pour l’évaluation du dispositif. Plusieurs points pourront être étudiés : nombre pertinent de médiateurs par habitant, ce qu’il serait utile qu’ils puissent faire ou pas, sur le modèle par exemple des agents de santé communautaires du Brésil, équilibre entre entretiens individuels, visites à domicile et séances collectives, impact de cette activité sur la vie personnelle des médiateurs (sursollicitation ? jalousie ? méfiance ?...) Le programme « Une seule santé » 2030 du Projet régional de santé a fixé comme objectif de « multiplier par quatre le nombre de médiateurs en santé » sur le territoire. En cas de réussite de ces projets, ils pourraient être déployés à plus grande échelle en Guyane.
"Construire un modèle de médiation adapté aux réalités du territoire"
Rémi et Théodora, médiateurs DAAC à Camopi et 2 médiatrices DAAC aux Assises de la Santé mentale
« En Guyane, la médiation en santé est une démarche indispensable pour rapprocher les communautés des services de prévention et de soins.
En identifiant les associations Daac, IDSanté, la Croix-Rouge française et le CRPV pour ce projet, nous renforçons notre engagement pour une santé accessible et adaptée aux spécificités locales. Ces médiateurs, enracinés dans les communautés qu’ils servent, agiront comme des ponts essentiels vers le système de soins, avec une attention particulière à des enjeux cruciaux tels que les addictions et la santé environnementale.
Ce projet va bien au-delà d’une simple mise en place de dispositifs : il s’agit de construire, en partenariat avec les acteurs locaux, un modèle de médiation adapté aux réalités du territoire.
L’évaluation de ces premières expériences sera cruciale pour envisager l’extension de ce dispositif à d’autres zones de Guyane, contribuant à la réalisation de l’objectif fixé par le Projet régional de santé : multiplier par quatre le nombre de médiateurs en santé d’ici 2030.
La mobilisation et le professionnalisme de ces médiateurs permettront, je l’espère, de renforcer la confiance des populations en leur système de santé, d’améliorer l’accès aux soins et, en définitive, de mieux protéger la santé de tous », déclare Romain Brochard, Directeur général par intérim de l'Agence régionale de santé de Guyane.
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