Le Baromètre de Santé publique France, réalisé pour la première fois en 2014 en Guyane, a de nouveau été réalisé en 2021. Près de 1 500 habitants ont été interrogés sur leur santé. Les résultats ont été communiqués à l’ARS Guyane en septembre dernier et permettront d’affiner les politiques de santé déployées sur le territoire guyanais.
Quel volume d’activité physique réalisent les Guyanais ? Combien de temps passent-ils devant les écrans ? Quelle est leur consommation d’alcool ? De fruits et légumes ? De cannabis ? Quelle est la prévalence du diabète et de l’hypertension artérielle ? Renoncent-ils aux soins ? Comment perçoivent-ils leur santé mentale et leur santé globale ? Voici quelques-unes des questions auxquelles répond la deuxième édition du Baromètre de Santé publique France. Ses résultats ont été communiqués à l’Agence régionale de santé au mois de septembre. « L’objectif premier est de mieux connaître et comprendre les comportements de santé des personnes afin de bâtir des interventions légitimes et efficaces. Cette enquête ne cherche pas à proprement parler à mesurer l’état de santé de la population, mais de fait, les représentations et pratiques de santé étudiées déterminent pour partie cet état », explique Santé publique France.
En Guyane, il s’agit de la deuxième édition de ce Baromètre. La première avait été réalisée en 2014 auprès de 2 015 personnes âgées de 15 à 75 ans. Pour la deuxième, en 2021, 1 478 Guyanais âgés de 18 à 85 ans ont été interrogés par téléphone. L’exercice est désormais renouvelé tous les deux ans, avec une troisième édition qui a débuté en février de cette année. Les principales limites du questionnaire tiennent au fait qu’il faut avoir accès au réseau téléphonique et qu’il est réalisé qu’en français et en créole guyanais. Les participants vivent donc en majorité sur le littoral. Les données sont par ailleurs déclaratives, ce qui peut entraîner certains biais.
Activité physique
L’activité physique des Guyanais a été comparée aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (150 à 300 minutes d’activité d’endurance à intensité modérée et aux moins deux séances de renforcement musculaire par semaine à intensité au moins modérée). S’agissant de l’activité physique, deux tiers des hommes (67 %) et la moitié des femmes (48 %) déclarent un volume au moins équivalent aux recommandations C’est un peu moins que dans l’Hexagone. Un tiers des hommes (32 %) et une femme sur six (15 %) réalisent aux moins deux séances de renforcement musculaire par semaine. Les chiffres sont proches de l’Hexagone. Point inattendu : en Guyane, la proportion de personnes suivant les recommandations de l’OMS est le même quel que soit l’âge, alors que dans l’Hexagone, elle diminue au fil des années.
Sédentarité
Un homme sur sept (14 %) et près d’une femme sur cinq (18 %) passe au moins sept heures par jour assis. Un tiers des hommes et des femmes passent plus de trois heures par jour devant un écran. Les hommes déclaraient avoir passé en moyenne quatre heures dix assis par jour et trois heures trente devant un écran ; les femmes, quatre heures trente et quatre heures.
Alcool
En 2021, cinq Guyanais sur six âgés de 18 à 75 ans ont déclaré avoir consommé au moins une fois de l’alcool au cours des six derniers mois, un chiffre équivalent à l’Hexagone. La consommation quotidienne concerne 9 % des hommes et 2 % des femmes, moins qu’Outre-Atlantique. Un quart des hommes (26 %) et 13 % des femmes ont déclaré une alcoolisation ponctuelle dans le mois (au moins six verres d’alcool lors d’une même occasion). Le dépassement des repères de consommation à moindre risque était également moindre en Guyane que dans l’Hexagone. Pour Santé publique France, ce chiffre est à « interpréter avec précaution car si ces consommateurs paraissent moins nombreux qu’en France hexagonale, ils ne consomment pas nécessairement moins lorsqu’ils dépassent les repères ».
Alimentation
La consommation de différentes catégories d’aliments ne varie guère entre les hommes et les femmes. Environ un tiers consomment quotidiennement des boissons sucrées et moins d’un quart un verre maximum par jour. Près de la moitié mangent des légumes secs au moins deux fois par semaine et un tiers des féculents complets une fois par jour. Environ 40 % mangent moins d’un fruit et légume par jour, les trois quarts moins de trois et demi par jour et moins d’un sur six au moins cinq par jour. L’enquête Guyaconso (lire la Lettre Recherche de mars 2023), apportera des résultats complémentaires. Ses premiers résultats seront révélés prochainement.
Cannabis
Un Guyanais sur cinq (22,5 %) a déjà expérimenté le cannabis contre près de la moitié des habitants de l’Hexagone (47,3 %). L’écart s’amenuise à mesure que la fréquence augmente, que ce soit pour une consommation dans l’année (6,8 % en Guyane), dans le mois (4,3 %), régulier (2,7 %) ou quotidien (2,1 %). Ce point avait déjà été soulevé en juin, lors du séminaire sur les addictions (lire la Lettre pro du 21 juin).
Tabac
La Guyane comptait 10 % de fumeurs quotidiens en 2021, davantage d’hommes (14 %) que de femmes (6 %) et nettement moins que dans l’Hexagone (25 %). Le vapotage concerne 2 % de la population et 70 % des fumeurs quotidiens déclarent vouloir arrêter. C’est bien plus qu’Outre-Atlantique (59 %).
Corpulence
L’indice de masse corporelle (IMC) a été calculé à partir des poids et taille déclarés par les participants. Là aussi, l’enquête Guyaconso apportera des données affinées, les participants ayant été pesés et mesurés. Un homme sur six (16 %) et un quart des femmes (25 %) sont en situation d’obésité ; un tiers des hommes et des femmes (35 %) sont en surpoids. Si pour les hommes, les chiffres sont équivalents à l’Hexagone, ils sont supérieurs en Guyane pour les femmes. Ces chiffres sont très proches d’une précédente enquête réalisée en 2019 mais traduisent une légère hausse de l’obésité par rapport au Baromètre de 2014 (à l’époque, elle concernait 13 % des hommes et 23 % des femmes). Enfin, une enquête plus ancienne, en 2008, montrait que le surpoids concernait 48,5 % des hommes (52 % en 2021) et 48 % des femmes (61 % en 2021).
Diabète
Le diabète déclaré par les participants, supérieur chez les femmes (13 % contre 10 %, soit le double de l’Hexagone) augmente très fortement avec l’âge : 5 % entre 18 et 49 ans, 19 % chez les quinquagénaires, 27 % chez les sexagénaires et 50 % au-delà. Il était également plus important chez les personnes nées à l’étranger (13 %) ou dans les Drom (12 %) que chez celles nées dans l’Hexagone (5 %). Enfin, il était plus élevé chez les personnes déclarant les plus faibles revenus. SpF note que « 3 % des participants rapportaient qu’un médecin leur avait déjà qu’ils avaient un « petit diabète ou un début de diabète mais pas trop grave », c’est-à-dire seraient atteints d’un diabète non diagnostiqué. Ce point avait déjà été soulevé dans l’enquête Entred (lire la Lettre pro du 14 novembre 2023).
Par ailleurs, le Baromètre révèle également que chez 40 % des participants diabétique, le diagnostic remonte à moins de cinq ans, que neuf sur dix sont traités pharmacologiquement et qu’un quart a déjà interrompu son traitement. En Guyane, les femmes sont plus touchées que les hommes ; quatre personnes interrogées sur dix sont bénéficiaires de la CMU-C et 12 % n’ont jamais été scolarisés. La proportion de participants diabétiques s’étant fait rembourser une consultation de suivi chez un médecin généraliste (70 %) ou spécialiste (18 %) est moindre que dans l’Hexagone. L’insulinothérapie est plus fréquente en Guyane tandis que le recours à la metformine et aux agonistes du récepteur du glucagon-like-peptide-1 (aGLP1) est similaire à l’Hexagone.
Hypertension artérielle
En 2021, près d’un quart des Guyanais ont déclaré de l’hypertension artérielle (23 %), davantage les femmes (26 %) que les hommes (19 %). Celle-ci augmente avec l’âge : 10 % des 18-44 ans, 31 % des 45-54 ans, 38 % des 55-64 ans et 61 % des 65-74 ans. La moitié des personnes hypertendues possèdent un tensiomètre, quatre sur cinq sont suivies par un médecin généraliste, un quart suivent un traitement pharmacologique et quatre sur cinq se déclarent observant du traitement. SpF souligne que « ce suivi ne prend pas en compte la proportion d’hypertendus non dépistés qui ne reçoivent pas de traitement », dont les données ne sont pas connues en Guyane. Les découvrir est l’un des objectifs du projet Dépiprec mené par le Centre Hospitalier de Cayenne sur le territoire de la CACL.
Renoncement aux soins
Un cinquième des participants ont déclaré avoir renoncé à des soins pour raisons financières, comme en 2014. Cette proportion diminue avec l’âge : de 21 à 23 % jusqu’à 60 ans, 14 % entre 61 et 75 ans et 7 % au-delà.
Santé mentale
Cinq pour cent des participants ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois et 6 % avoir tenté de se suicider au cours de sa vie. Enfin, 10 % indiquent avoir vécu un épisode dépressif caractérisé au cours de l’année précédente. La situation est similaire à l’Hexagone. Toutefois, ce dernier chiffre est moindre que celui (18 %) révélé par l’enquête de santé mentale en population générale menée sur le territoire de la CACL en 2021 (lire la Lettre pro du 2 février 2022). Santé publique France rappelle qu’en Guyane, un jeune de 18 à 29 ans sur deux a connu au moins un trouble psychique. SpF souligne aussi que « les Guyanais des communes isolées, peu représentés dans l’enquête du Baromètre 2021, sont particulièrement touchés par les troubles psychiques ».
Santé perçue
Les deux tiers des Guyanais s’estiment en bonne ou très bonne santé, davantage les hommes (70 % que les femmes (57 %). La perception de la bonne santé diminue avec l’âge, de 70 % chez les 18-30 ans à 46 % chez les 76-85 ans. Par ailleurs, 6,5 % des participants s’estiment en mauvaise ou très mauvaise santé (7,2 % dans l’Hexagone) et 18 % déclarent des limitations fonctionnelles depuis six mois.
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