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13/08/24
CHU : le pôle CDPS – Hôpitaux de proximité se prépare également

Les centres délocalisés de prévention et de soins ont entamé leur mue avec la création notamment des trois hôpitaux de proximité de Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Georges. Alors que se profile la création du CHU de Guyane au premier trimestre2025, ils se renforcent pour étendre leurs prises à charge à d’autres spécialités, proposer davantage de télé-expertise et participer à des travaux de recherche et en santé publique. A Saint-Georges, un centre de coopération sanitaire franco-brésilien verra le jour en fin d’année.

On l’oublie parfois, le pôle CDPS – Hôpitaux de proximité est le quatrième pilier du futur CHU de Guyane, aux côtés des trois hôpitaux publics de Cayenne, Kourou et Saint-Laurent du Maroni. Au même titre que la quarantaine de filières de soins identifiées en Guyane, ils ont contribué au projet médico-soignant. Le document définit les objectifs et l’organisation du pôle.

Des hospitalisations nombreuses

Ces projets interviennent dans un contexte de transformation des centres délocalisés de prévention et de soins, avec la création des trois hôpitaux de Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Georges, la réouverture à venir du CDPS de Saint-Elie et le projet de local de consultation à Apagui (lire la Lettre pro du 16 juillet). « Après six mois de fonctionnement, les hôpitaux de proximité rencontrent un certain succès, se réjouit le Dr Cyril Rousseau, médecin coordinateur du pôle CDPS à l’hôpital de Cayenne. Les hospitalisations de courte durée sont nombreuses » et évitent autant d’évacuations sanitaires vers le littoral.

Les principaux motifs de consultation sont les maladies infectieuses, les dermatoses et les problèmes abdominaux et gastriques. « Lorsqu’aucun examen spécifique aux hôpitaux du littoral n’est requis, cela permet de renvoyer les patients à domicile. On a le sentiment de rendre un service, avec de l’hébergement aux normes hospitalières », poursuit le Dr Rousseau. Les hôpitaux de proximité permettent aussi d’accueillir des patients qui attendent un séjour dans un hôpital du littoral mais font face aux difficultés du transport aérien. L’affrètement d’un aéronef dédié à la santé fait partie des projets liés au CHU. Il permettra de transporter plus facilement les professionnels de santé sur leur lieu d’exercice et les patients ayant besoin de rentrer en commune ou de rejoindre un hôpital du littoral.

Starlink déployé dans tous les CDPS

Les trois hôpitaux de proximité sont désormais équipés d’outils d’imagerie. Cela évite également des transferts sur le littoral. Pour faciliter le travail des professionnels, pouvoir organiser des téléconsultations et de la télé-expertise, et accélérer la transmission des images aux spécialistes du littoral, Starlink sera déployé dans tous les CDPS. « Nous aurons ainsi un réseau de secours là où le réseau actuel subit de fréquentes interruptions. Et ce sera le réseau principal là où il n’y en a pas. Cela nous facilitera le travail et participera à l’amélioration des soins pour la population des communes », se réjouit le Dr Rousseau.

Le fauteuil dentaire de Maripasoula opérationnel en septembre

Les prises en charge connaissent également « des améliorations significatives ». L’hôpital de proximité de Saint-Georges dispose d’un fauteuil dentaire depuis deux ans ; celui de Grand-Santi, depuis un an ; à Maripasoula, le fauteuil sera opérationnel en septembre. En outre, l’hôpital de Cayenne dispose désormais d’un fauteuil mobile pour se rendre dans les sites plus isolées (lire la Lettre pro du 19 janvier). Pour l’ophtalmologie, le pôle CDPS – hôpitaux de proximité s’appuie sur des spécialistes du territoire mais également sur la Fondation Rothschild et des libéraux extérieurs à la Guyane qui viennent régulièrement effectuer des missions.

Des centres périnataux de proximité en 2025

S’agissant de la santé de la mère et de l’enfant, des centres périnataux de proximité verront le jour en 2025. « Dans l’Hexagone, c’est souvent ce qui a succédé à de petites maternités qui fermaient, explique le Dr Rousseau. En Guyane, ce seront des créations. » Ces centres permettront de « s’occuper de toute la santé de la mère et de l’enfant sauf les accouchements ». Quinze sages-femmes travaillent désormais au sein du pôle. « Elles assurent le suivi de grossesse et la prévention, vont voir les femmes enceintes, organisent des séances de santé sexuelle et reproductive dans les collèges », détaille le médecin coordinateur. »

Un plus grand recours aux spécialistes

Dans les autres spécialités, le pôle a pour logique « d’interagir avec toutes les filières territoriales qui sont en train de se structurer, tout en respectant les choix des patients. Nous avons fortement augmenté le recours aux spécialistes pour qu’ils viennent en CDPS et dans les hôpitaux de proximité », poursuit le Dr Rousseau. Gynécologues, urologues, diabétologues, pédiatres, infectiologues, dermatologues… effectuent de plus en plus de missions. « Dans les trois hôpitaux de proximité, nous avons ajouté environ 200 m2 de locaux. Ce sont des salles de consultations qui évitent que les professionnels soient en compétition pour un local disponible. »

L’arrivée d’un internet stable et de qualité permettra de proposer davantage de télémédecine à partir de l’an prochain. « Les besoins en spécialistes sont immenses même si nos médecins généralistes font déjà beaucoup de choses. Les dermatologues et les urgentistes le font régulièrement. Cela permet d’apprécier une situation plus facilement », souligne le médecin.

Développer la recherche et la santé publique

Le pôle CDPS – Hôpitaux de proximité développe aussi un programme de santé publique et recherche. Le but est de conforter les équipes mobiles de santé publique en communes (Emspec) et leur mission d’aller-vers, de consolider la place de la médiation en santé et de participer aux projets de recherche qui se mettent en place sur le territoire, en particulier sur les sujets des soins primaires et de la médiation. Le Dr Rousseau espère aussi voir le Baromètre de Santé publique France être déployée dans les communes isolées. « Cela nous permettrait d’avoir des données non seulement sur ceux qui viennent nous voir mais également sur les habitants qui ne viennent pas dans les CDPS. » . Des projets de recherche pourront être financés avec le déploiement du programme recherche « Guyane santé 2030 ». Enfin, le pôle souhaite obtenir davantage d’agréments de terrains de stage pour des internes de spécialité qui potentiellement rédigeront leur thèse sur des sujets propres aux communes isolées.

Un centre de coopération sanitaire franco-brésilien financé par l’ARS en fin d’année

La coopération, qui fait partie des missions des CHU, n’est pas oubliée. Enfin d’année sera créé un centre opérationnel de coopération sanitaire franco-brésilien, à Saint-Georges. Il permettra de faciliter les suites d’hospitalisation dans leur pays d’origine des patients brésiliens hospitalisés à Cayenne, de rédiger des protocoles communs avec les hôpitaux d’Oiapoque. « Cela permet de réorienter dans le système de santé brésiliens certains patients brésiliens ou des femmes dont la grossesse est normale et qui n’ont pas vocation à accoucher en France si elles n’y ont pas d’intérêt matériel. Depuis un an, nous avons également réalisé plusieurs transferts de patients du CHC vers le système de santé brésilien pour la suite de leur hospitalisation. Depuis le début de l’année, nous l’avons fait un peu plus d’une dizaine de fois. » Ces sujets de coopération seront de nouveau au cœur des discussions cette semaine, à l’occasion d’une visite de Dimitri Grygowski, directeur général de l’ARS, à Saint-Georges et Oiapoque.