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Infos citoyennes

06/08/24
Mont Baduel : éviter une catastrophe sanitaire

Le 27 juillet, plus de mille personnes ont tout perdu dans l’incendie du quartier spontané. Elles sont hébergées depuis dans trois gymnases de Cayenne. De nombreux acteurs du secteur de la santé, coordonnés par l’ARS, sont mobilisés auprès d'elles. L'enjeux était d'aider les patients chroniques en rupture de traitement. Ces interventions ont permis de repérer et prendre en charge des cas d’extrême vulnérabilité, quelques pathologies aiguës et des personnes chez qui le drame a impacté la santé mentale. Elles se poursuivront jusqu’à la mi-août, date à laquelle les gymnases devront être libérés.

Ne pas ajouter une catastrophe sanitaire à la catastrophe humanitaire. Samedi 27 juillet, un incendie a réduit en cendres les logements, généralement faits de tôles, environ 1 050 habitants du Mont Baduel, à Cayenne. Les sinistrés ont souvent tout perdu. Ils sont hébergés depuis dans les gymnases des collèges Paul-Kapel pour une majorité d’hommes, Gérard-Holder et Justin-Catayée essentiellement pour les femmes et leurs enfants. La préfecture a activé le centre opérationnel de zone (COZ), l’outil opérationnel de gestion de crise. L’Agence régionale de santé y participe quotidiennement pour coordonner les interventions sanitaires.

« Des réactions normales à une situation anormale »

Dès le dimanche 28, la cellule d’urgences médico-psychologique (Cump) a été déclenchée par l’ARS auprès des sinistrés. La psychologue et l’infirmier permanents, renforcés par des psychiatres,  psychologues et infirmiers volontaires, y compris de pédopsychiatrie, se sont rendus sur place. « Nous avons effectué une première évaluation puis nous nous sommes rendus au collège Holder le 30 et au collège Catayée le lendemain, détaille Marianne Pietropaoli, psychologue permanente de la Cump. Au collège Holder, les personnes avaient davantage de besoins somatiques que psychologiques. Au collège Catayée, en revanche, nous avons repéré des cas de troubles de stress aigu, des syndromes anxieux et des troubles du sommeil. Ce sont des réactions normales a une situation anormale. Nous avons rappelé les cas les plus préoccupants pour évaluer leurs besoins de consultation. » Le lien à également été fait avec la Croix-Rouge française pour que ses soignants revoient certaines personnes.

Outre la Cump, de nombreux acteurs du secteur de la santé sont mobilisés auprès des sinistrés : la Croix-Rouge française (CRf), Médecins du Monde (MdM), la Permanence d’accès aux soins de santé (Pass) et les dermatologues de l’hôpital de Cayenne, ainsi le service de la Protection maternelle et infantile (PMI). Toutes les personnes ont ainsi bénéficié, dès la semaine dernière, d’un bilan de leur état de santé et de leurs besoins avec un infirmier et, si besoin, un médecin. Les personnes hébergées seront à nouveau vues cette semaine par un professionnel de santé.

« Les personnes vont globalement bien »

« Dès le premier jour, nous avons reçu des alertes sur la situation sanitaire des personnes sinistrées, relate le Dr Karl Kpossou, coordinateur médical de la Croix-Rouge française. L’ARS et la préfecture nous ont réunis pour faire un point de la situation et déterminer les actions à mener. Notre premier passage nous a permis de constater qu’il y avait des enfants en situation de déshydratation et de dénutrition. »

Dans le courant de la semaine dernière, la CRf a effectué un screening des personnes hébergées dans les gymnases. « Elles ont d’abord vu un infirmier pour la prise des constantes. Nous avons mesuré le périmètre brachial et le périmètre crânien de tous les enfants. Nous avons évalué les symptômes et l’état général des personnes. Un médecin a vu en consultation celles qui le nécessitaient ainsi que tous les enfants de moins de 6 ans. Les personnes sur les sites vont globalement bien. Beaucoup étaient connues de la Pass ou des médecins de ville et étaient suivies pour des pathologies chroniques. Notamment l’hypertension, le diabète et l’asthme. Nous avons repéré des cas de gale, traités en lien avec les dermatologues du CHC, et pris en charge des personnes souffrant de troubles du sommeil. »

Gale : «  Pas plus qu’habituellement »

L'équipe de dermatologie du CHC s'est rendue auprès des personnes souffrant de la gale. « L’objectif est de confirmer le diagnostic après le premier screening de la Croix-Rouge et des volontaires, de traiter les personnes et leur famille, et de leur donner des kits de désinfection.  Nous pouvons distribuer des médicaments et des acaricides de nos stocks, explique le Dr Romain Blaizot. A mon avis, il n’y a pas plus de cas qu’habituellement mais il faut prévenir le risque de contamination, qui est plus important. »

« De la gale, nous en voyons régulièrement en consultation. Elle est présente dans les sites de précarité. Ce n’est donc pas étonnant qu’il y en ait », confirme le Dr Amelie Martinot, de la Pass du CHC. Au collège Holder, le médecin, un interne et un médiateur de la Pass ont vu des personnes sinistrées essentiellement pour du suivi chronique, pour refaire des ordonnances et donner des médicaments à celles sans droits sociaux. Quelques cas de conjonctivite bactérienne et des bébés avec syndrome grippal sans déshydratation ni fièvre ont également été pris en charge. Une équipe est retournée sur place hier matin et s’y rendra à nouveau mercredi.

« Un public que nous connaissons bien »

Un des enjeux était de réussir à voir rapidement entre 300 et 400 personnes sur chacun des sites, de repérer les cas aigus et les patients chroniques en rupture de traitement. « Après une première maraude, nous nous sommes organisés en équipe mobile de santé pour proposer des consultations infirmières et médicales au collège Holder, indique Noémie Bleher, superviseure santé chez MdM. Nous y retournons cette semaine pour les personnes qui le nécessitent. C’est un public que nous connaissons bien puisque nous les suivons en nous rendant chaque mois à la Source de Baduel. On sent qu’elles ont un besoin d’accompagnement énorme. Elles sont toutefois moins sous le choc de ce qui s’est passé que dans les premiers jours et commencent à nouveau à se déplacer pour anticiper la suite. Un système de bracelet, comme a l’hôpital, leur permet d’entrer et sortir du gymnase. Nous leur avons également créé une attestation de sécurité sociale provisoire en attendant que la CGSS leur distribue leurs attestations. »

Un hébergement d’urgence pour quelques cas d’extrême vulnérabilité

Ces interventions ont également permis d’identifier quelques cas d’extrême vulnérabilité : enfant handicapé, enfant nourri par sonde, nourrisson de onze jours, adulte aveugle. Ces personnes et leur entourage – soit quinze personnes – ont rejoint un centre d’hébergement d’urgence pour quinze jours, à la demande de Médecins du Monde. La  Croix-Rouge française et la PMI ont également distribué des kits d’hygiène ainsi que du lait infantile aux mères qui allaitent leurs nourrissons au biberon. Celles qui allaitent au sein ont été sensibilisées sur la nécessité de continuer ainsi.

« Pour le reste, ce que nos puéricultrices et auxiliaires de puériculture ont pris en charge n’est pas très différent de ce que nous voyons habituellement en PMI, constate le Dr Lindsay Osei, directeur de la PMI et de la promotion de la santé à la Collectivité territoriale (CTG). Quelques enfants ont été orientés vers un médecin. Nous y retournerons si besoin. » Aux côtés de la PMI, la CTG a également déployé des assistantes sociales auprès des sinistrés, notamment pour enregistrer les demandes de logement.

Outre son rôle de coordination, l’ARS a alerté sur certains risques sanitaires liés aux conditions d’hébergement. Ceux-ci concernent notamment les repas avec l’accent mis sur la nécessité de respecter les chaînes du froid et du chaud, ou encore de prévenir les allergies alimentaires. L’agence a également demandé l’aménagement, en relation avec les Forces armées en Guyane (FAG), de zones de repas séparées des zones de vie et de couchage.  Ce travail de prévention a pour but de ne pas générer d’autres problèmes de santé. Ces actions vont se poursuivre jusqu’à la mi-août. À cette date, les gymnases devront être libérés afin de préparer la rentrée des classes.

 

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