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25/06/24
Prévention et prise en charge des addictions : les acteurs préparent leur feuille de route

Les acteurs de la prévention et de la prise en charge des addictions se sont réunis en séminaire, vendredi dernier. Ils ont échangé sur la feuille de route en cours d’élaboration pour la période 2024-2030. Le document, attendu en fin d’année, s’articulera autour de cinq axes : communiquer et faire connaître les dispositifs, prévenir l’entrée dans la consommation, renforcer l’offre de sevrage et de soins, renforcer l’accompagnement des publics vulnérables, coordonner et renforcer les acteurs.

En matière d’addiction, trois substances dominent largement l’espace de consommations du territoire guyanais : l’alcool, l’herbe de cannabis et la cocaïne-crack. Souvent associés en polyconsommations, ces produits sont présents dans tous les milieux de la société guyanaise, de façon plus ou moins visible. Ils ont un impact sur la santé des consommateurs. C’est pourquoi une stratégie régionale est en cours d’élaboration pour la période 2024-2030. Elle couvrira tout le champ, de la prévention à la prise en charge. Un séminaire a réuni de nombreux professionnels et l’ARS, vendredi dernier à Cayenne.

Le diagnostic réalisé ces derniers mois avec les professionnels a permis de faire ressortir les difficultés d’accès aux soins sur le territoire, le manque de professionnels en raison notamment d’un important turn over mais aussi le dynamisme des structures existantes, qui développent des activités et des projets innovants. Le séminaire a aussi été l'occasion de dresser l’état des lieux des usages en Guyane, de faire le point sur les structures de prévention et de prises en charge existantes. Plusieurs besoins ont été exprimés :

Développer une offre dans les communes isolées ;
Développer une offre pour les publics présentant des comorbidités addiction – santé mentale ;
Développer une offre pour les publics chez qui une problématique administrative et/ou sociale s’ajoute à l’addiction.
Parvenir à attirer davantage de professionnels et à les maintenir sur le territoire.

Cinq grandes orientations ont été identifiées pour la feuille de route :

Informer, communiquer pour éclairer, améliorer et objectiver les données et la connaissance, afin notamment de communiquer auprès du grand public et des publics cibles, de faire connaître les actions et les dispositifs existants… ;
Prévenir l’entrée dans la consommation dès le plus jeune âge et tout au long de la vie, en visant notamment les publics scolaire et étudiant, le milieu festif, les territoires de l’intérieur… ;
Renforcer l’offre de sevrage, soins en addictologie et réduction des risques et des dommages ;
Renforcer l’accompagnement des publics vulnérables en matière d’addiction, par exemple sur le logement et l’insertion sans prérequis de sevrage ;
Coordonner les acteurs en addictologie, renforcer leur interconnaissance et leur formation.

Le travail se poursuivra jusqu’en fin d’année, avec la rédaction de fiches actions et une validation de la feuille de route possiblement en octobre. « Cette feuille de route s'inscrit dans la suite d'un travail initié en 2018, a rappelé Dimitri Grygowski lors du séminaire. Il convient de poursuivre et renforcer le déploiement de toutes les étapes du parcours, sur tous les territoires de la sensibilisation du grand public et la prévention jusqu'à l'accompagnement, le soin et l’insertion. Les partenaires font déjà beaucoup avec peu mais il ne faut pas hésiter à être force de proposition, créatif et innovant pour aller de l’avant. L’ARS sera là pour les soutenir. »

En chiffres

S’agissant de l’alcool, le nombre de consommateurs quotidiens est moindre en Guyane que dans l’Hexagone mais l’usage à risque chronique est plus fréquent :

5,2 % des adultes de 18 à 75 ans consomment de l’alcool quotidiennement (contre 8 % dans l’Hexagone) ;
10 % des 30-45 ans ont un usage à risque chronique d’alcool (au moins 21 verres par semaine pour les hommes, au moins 14 pour les femmes ou au moins 6 verres en une même occasion ; vs 6 %).

S’agissant du cannabis, la part de ceux en ayant consommé au moins une fois dans leur vie est moindre mais les consommateurs réguliers sont plus nombreux :

22 % des 18-64 ans ont expérimenté le cannabis (vs 47 %) ;
40 % des consommateurs réguliers dans l’année ont fumé régulièrement du cannabis (au moins dix fois dans le mois ; vs 25 %).

Le pourcentage de consommateurs de crack est le double en Guyane mais la consommation de cocaïne est moindre :

1 % d’initiés au crack chez les 15-64 ans (vs 0,6 %) ;
1 à 2 % d’initiés à la cocaïne chez les 15-64 ans (vs 5,6 %).

La consommation de tabac est moindre en Guyane et en baisse :

9,7 % de consommateurs quotidiens de tabac chez les 18-75 ans (vs 25,3 %) ;
2,5 % de consommateurs réguliers de tabac chez les lycéens (vs 4,5 %).

Un centre d’hébergement et d’assistance aux personnes sans-abri à l’étude

Comment remettre dans un parcours de soins les personnes vivant dans la rue, errantes, sans domicile fixe et présentant des troubles psychiques ? Telle est l’objet de la lettre de mission que Dimitri Grygowski, directeur général de l’ARS, a adressé à Luce Legendre, directrice du centre d’accueil et de soins hospitaliers (Cash) de Nanterre (Hauts-de-France) et de l’établissement public de santé Roger-Prévot de Moisselles (Val-d’Oise). L’une des pistes est la création d’un centre d’hébergement et d’assistance aux personnes sans-abri (Chapsa).

Les Chapsa offrent un hébergement d’urgence pour une nuit à ces personnes. Dans le projet envisagé à Cayenne, un bus leur permettrait de rejoindre le centre. Sur place, ils bénéficieraient de vêtements propres, d’une douche et d’un accès à la consultation médicale. Si les Chapsa relèvent des établissements médico-sociaux, ils sont aussi la porte d’entrée dans le circuit de soins pour les personnes sans-abri.

Luce Legendre est attendue en Guyane du 22 au 26 juillet. Elle rencontrera plusieurs professionnels et acteurs intervenant auprès de cette population. Ses conclusions pourraient être présentées lors des assises de la santé mentale, qui se tiendront en septembre à Cayenne.