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Infos citoyennes

11/10/22
Lutte contre les faux médicaments : les pharmaciens de Guyane adoptent la sérialisation

Une directive européenne de 2011, applicable en France depuis 2019, oblige les pharmaciens à mettre en œuvre un dispositif de lutte contre les faux médicaments, appelé « sérialisation ». La France est le pays d’Europe le plus en retard dans son application. Elle risque une amende de plusieurs centaines de millions d’euros. En Guyane, de premières officines se sont équipées mais témoignent de leurs difficultés. Comme annoncé par l’Ordre départemental des pharmaciens, l’ARS débutera ses contrôles la semaine prochaine.

 

Vieux serpent de mer, la sérialisation des médicaments s’impose aujourd’hui dans l’urgence. Cela fait onze ans qu’une directive européenne prévoit de doter les médicaments de dispositifs de sécurité pour permettre la vérification de leur intégrité et de leur authenticité, et impose aux pharmaciens de toute l’Europe de s’y conformer. Sont concernés les médicaments à prescription médicale obligatoire et l’oméprazole. En pratique, cela passe par un identifiant unique sur chaque boîte, sous forme d’un QR Code, encore appelé Datamatrix, et un dispositif anti-effraction (une étiquette au niveau de l’ouverture) sur la boîte qui garantit que son contenu n’a pas été changé. Le pharmacien doit scanner la boîte quand elle entre dans son stock et à nouveau au moment de sa délivrance au patient.

« Sensibiliser les autres à le faire »

Aujourd’hui, la France est le pays de l’Union européenne le plus en retard : 95 % des pharmacies de l’UE qui ne sont pas passées à la sérialisation se trouvent sur le territoire national ! « La France est la porte d’entrée de la contrefaçon dans toute l’Europe », déplorait, en juin, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Elle risque une amende de plusieurs centaines de millions d’euros. C’est la raison pour laquelle les Agences régionales de santé se sont engagées à vérifier le respect de la réglementation, dans toutes les régions. En Guyane, les contrôles débuteront la semaine prochaine. Marc Ledy, président du conseil départemental de l’Ordre des pharmaciens, avait informé une première fois la profession de leur imminence. Il a prévu de faire un rappel aujourd’hui.

José Manantsara, pharmacien à Saint-Laurent du Maroni et président de l'URPS, souhaite que « 100 % des pharmacies soient connectées à la fin de l'année ». Il estime qu'environ 30 % des officines de Guyane le sont. Dans sa ville, ils ne sont que deux. « On essaie de sensibiliser les autres à le faire.» Il indique ne pas rencontré de difficultés au quotidien : « Notre crainte, c'était que ça représente un alourdissement des délivrances de médicaments au quotidien. Mais ça va. Nous avions fait remonter nos craintes à l'éditeur, qui s'est assuré que tout reste fluide. »

« Ce n’est pas impossible, mais la mise en application est pénible »

Jean-François Aurore, gérant de la Pharmacie de la Madeleine, à Cayenne, fait partie des premiers à s’être équipé, en début d’année. Non sans difficultés : « Ce n’est pas quelque chose d’impossible. J’ai travaillé en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg où cela fait dix ans qu’ils le font. Mais je trouve que la mise en application est pénible. »

Aujourd’hui, selon plusieurs pharmaciens que nous avons interrogés, un seul des logiciels de gestion d’officine utilisés en Guyane est configuré pour la sérialisation. « Quand on demande aux éditeurs, ça traîne », déplore Jean-François Aurore. Ce que confirme José Manantsara : « Ce week-end, certains confrères me disaient attendre le feu vert de leur éditeur. D'autres nous disent que leur éditeur souhaite faire la mise à jour en même temps que la mise à jour du Ségur numérique. » Quand leur logiciel est à jour, des officinaux témoignent de difficultés à s’équiper en douchettes, ces appareils qui servent à scanner le QR Code. C’est le cas de Liliane Pognon, à la Pharmacie de Montjoly. Son confrère de la Pharmacie de la Madeleine, pour sa part, constate que ses douchettes n’arrivent pas à lire les QR Code sur les tubes de pommade !

Autre de ses difficultés : la mise à jour de son robot de distribution des boîtes de médicaments. « Je l’ai acheté il y a cinq ans. J’ai payé pour sa mise à jour en mars. Ce n’est toujours pas fait. Le fabricant et son sous-traitant se renvoient la balle. » Dans sa pharmacie, son robot traite « 80 % » des boîtes. Autant de boîtes que le personnel n’a pas besoin de scanner pour le prix : « Avec le robot, la seule chose que l’on a à faire, c’est de vérifier que c’est la bonne boîte avant de la donner au patient. » Faute de mise à jour de son robot, il lui faudrait donc scanner les boîtes qu’il délivre une par une. « C’est possible quand on délivre une boîte ou deux. Mais quand on a une ordonnance avec 30 boîtes, non ! »

« Cela ne fonctionnera que si l’ensemble des officines y participent »

« Tout le monde a joué la montre » dans cette affaire, avancent plusieurs professionnels. Après ses expériences à l’étranger, Jean-François Aurore perçoit aussi des différences dans les prescriptions avec davantage, chez nous, de prescription pour plusieurs mois, avec un grand nombre de boîtes à dispenser. « La sérialisation, cela reste une bonne idée. C’est bien pour la traçabilité. Mais c’est compliqué à mettre en place. »

Dans un communiqué commun, les syndicats et l’Ordre des pharmaciens « appellent les pharmaciens à poursuivre, sans tarder, leurs efforts sur la sérialisation des médicaments (…) Son respect contribue à la mise en place d’un système européen de lutte contre l’introduction de médicaments falsifiés dans la chaîne pharmaceutique communautaire qui ne peut fonctionner, être évalué et, le cas échéant, adapté que si l’ensemble des officines des États membres de l’Union européenne y participent. » La loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 prévoit une pénalité dont le montant ne peut être inférieur à 350 euros ni excéder, en cumulé, 10 000 euros par année civile. Pour aider les professionnels, l’USP met à leur disposition une vidéo, une fiche technique et une fiche pratique, sur son site internet.


A European directive of 2011, applicable in France since 2019, obliges pharmacists to implement a system to fight against counterfeit medicines, called " serialization ". France is the country in Europe further behind in its application. She faces a fine of several hundred million euros. In French Guiana, the first pharmacies have been equipped but bear witness to their difficulties. As announced by the Departmental Order of Pharmacists, the ARS will begin its checks next week.

 

Old sea serpent, the serialization of drugs is urgently needed today. It has been eleven years since a European directive provides for the provision of safety features to medicines to allow verification of their integrity and authenticity, and requires pharmacists throughout Europe to comply with them. This concerns medicines with compulsory medical prescription and omeprazole. In practice, this requires a unique identifier on each box, in the form of a QR Code, also called Datamatrix, and an anti-tampering device (a label at the opening) on ​​the box which guarantees that its content is not has not been changed. The pharmacist must scan the box when it goes into stock and again when it is delivered to the patient.

“Educate others to do so”

Today, France is the most backward country in the European Union: 95% of pharmacies in the EU that have not switched to serialization are on national territory! “France is the gateway to counterfeiting throughout Europe,” lamented the Union of Community Pharmacists (USPO) in June. She faces a fine of several hundred million euros. This is why the Regional Health Agencies have undertaken to verify compliance with the regulations, in all regions. In Guyana, checks will begin next week. Marc Ledy, president of the departmental council of the Order of Pharmacists, had first informed the profession of their imminence. He plans to do an encore today.

José Manantsara, pharmacist in Saint-Laurent du Maroni and president of the URPS, wants "100% of pharmacies to be connected by the end of the year". He estimates that around 30% of pharmacies in Guyana are. In his city, they are only two. “We try to educate others to do so.” He indicates that he has not encountered any difficulties on a daily basis: “Our fear was that it would represent an increase in the daily delivery of drugs. But it is okay. We raised our fears with the editor, who made sure that everything remained fluid. »

"It's not impossible, but the implementation is painful"

Jean-François Aurore, manager of the Pharmacie de la Madeleine, in Cayenne, was one of the first to be equipped at the start of the year. Not without difficulties: “It is not something impossible. I worked in Germany, Belgium, Luxembourg where they have been doing it for ten years. But I find the implementation a pain. ”

Today, according to several pharmacists we interviewed, only one of the pharmacy management software used in Guyana is configured for serialization. “When you ask publishers, it drags,” laments Jean-François Aurore. This is confirmed by José Manantsara: “This weekend, some colleagues told me to wait for the green light from their publisher. Others tell us that their publisher wants to make the update at the same time as the update of the digital Ségur. “When their software is up to date, pharmacies testify to difficulties in equipping themselves with scanners, these devices which are used to scan the QR Code. This is the case of Liliane Pognon, at the Montjoly Pharmacy. His colleague from the Pharmacie de la Madeleine, for his part, finds that his shower heads cannot read the QR Codes on the ointment tubes!

Another of its difficulties: updating its medicine box distribution robot. “I bought it five years ago. I paid for its update in March. It's still not done. The manufacturer and its subcontractor pass the buck to each other.” In his pharmacy, his robot treats “80% ” boxes. So many boxes that staff don't need to scan for the price: "With the robot, the only thing you have to do is check that it's the right box before give it to the patient.” Without updating his robot, he would therefore have to scan the boxes he delivers one by one. “It is possible when you deliver a box or two. But when you have a prescription with 30 boxes, no ! »

"It will only work if all the pharmacies participate"

“Everyone played for time” in this case, argue several professionals. After his experiences abroad, Jean-François Aurore also perceives differences in the prescriptions with more, at home, prescriptions for several months, with a large number of boxes to dispense. “Serialization is still a good idea. This is good for traceability. But it's complicated to set up. »

In a joint statement the trade unions and the Order of Pharmacists "call on pharmacists to continue, without delay, their efforts on the serialization of drugs (…) Compliance with it contributes to the establishment of a European system for combating the introduction of falsified medicinal products into the Community pharmaceutical chain which can only operate, be evaluated and, if necessary, adapted if all the pharmacies of the Member States members of the European Union participate in it. ’ The social security financing law for 2022 provides for a penalty, the amount of which may not be less than 350 euros nor exceed, in aggregate, 10 000 euros per calendar year. To help professionals, USP provides a video, a technical sheet and a practical sheet on its website.

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